Après avoir été arrêté jeudi 29 novembre 2012 lors de la manifestation devant le ministère de l’intérieur (je parlerais plus en détails de cette manifestation et des péripéties de cette arrestation dans un autre article), j’ai été conduit à la maîison d’arrêt de Bouchoucha où j’ai passé 4 jours avant d’être conduit le lundi d’après au palais de justice de la Kasbah pour connaitre mon sort qui allait être d’être transféré vers la prison de la Mornaguia où je devais attendre d’être jugé. Lors de notre transfert vers la prison, après toute une journée d’attente dans la geôle, j’ai été menotté avec un des quelques 200 hommes d’affaires incarcérés à la Mornaguia auquels, par pudeur, je n’ai pas osé demander leur identité.
Pendant le trajet qui a duré près d’une demi-heure en raison de la circulation, nous avons un peu bavardé des raisons de mon arrestation et de la situation générale dans le pays. Mon interlocuteur m’a fait part de son inquiétude à propos de la crise économique que traverse le pays et m’a appris que près de 1620 millions de DT (près de 800 millions d’euros) ont été investis par des entreprises tunisiennes au Maroc lors de la dernière année ne trouvant pas en Tunisie la stabilité garantissant la pérennité de leurs investissements.
Lors de notre discussion, j’ai remarqué qu’il avait une toux inquiétante. Je lui ai demandé s’il était correctement pris en charge médicalement. Il m’a alors expliqué que même s’il demandait à être examinés par un médecin, cela pouvait prendre 2 semaines avant de voir une blouse blanche et, si le médecin jugeait le traitement nécessaire, il arrive que certains médicaments ne soient disponibles qu’au bout d’une semaine ou deux. D’un autre coté, il est interdit aux prisonniers de faire appel à leur médecin-traitant particulier !
Ce monsieur m’a également expliqué qu’avec la vague de froid que nous subissons et la proximité permanente entre les détenus, les infections pulmonaires faisaient des ravages. Quand je lui ai demandé s’ils avaient reçu la vaccination anti-grippe, il a faillit s’étrangler de rire.
Je vous laisse tirer les conclusions qui s’imposent.
Avec le limogeage le 6 décembre du directeur de la prison, la situation ne risque pas de s’améliorer. En effet, ce monsieur s’est récemment distingué en tentant de refuser l’accès à la prison de l’épouse du Ministre de la Justice et en exigeant des ordres écrits pour maintenir Sémi Fehri en détention alors que la Cour de cassation avait rejeté le dossier à l’origine de sa détention.