S’il y avait bien une question qui brulait les lèvres des acteurs de l’après révolution tunisienne, c’est bien qu’adviendra-t-il des acquis en matière de liberté et d’égalité de la femme tunisienne ? Une réponse nous est parvenue, lors de l’adoption du Décret-loi des élections de l’assemblée constituante prévues pour le 24 juillet prochain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeu en valait la chandelle et les résultats ont été à la hauteur des attentes : la parité des hommes-femmes fut adoptée.
La séance de cet après-midi du 11 Avril, dont l’ordre du jour portait sur l’adoption du projet de Décret-loi, a vu le débat s’égarer sur d’autres questions aussi sensibles mais malvenues avant que Iyadh ben Achour reprenne la main afin de mener le débat à bon terme. Il s’agissait de trancher sur trois différends persistants à savoir : la durée d’inéligibilité des ex-responsables RCDistes (ancien parti de l’ex-président de la république Ben Ali, la parité ‘homme-femme’ dans les listes de candidats et le mode de scrutin.
L’énoncé de l’article 16 du projet initial proclamait le principe de la parité ‘homme – femme’ avec alternance dans les noms avec un minimum exigible de 25 % de femmes candidates, sous réserve de l’élimination de la liste. C’est par une écrasante majorité pour la parité parfaite, que les intervenants qui voyaient un manque de respect à l’égard des femmes, le vote fut validé. Donc toutes les listes électorales devront être successivement signés homme-femme ou femme-homme.
30% de femme sur la liste serait il plus juste ?
Le premier Ministre Béji Caïd Essebsi est revenu sur le pourcentage en justifiant que dans certaines régions, ce lui-si ne serait pas atteint, donc impossible d’y constituer une liste acceptable. Il a prononcé cette allocution lors de la première conférence des gouverneurs depuis la Révolution du 14 Janvier, évoquent alors la portée des récentes décisions de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution. L’institution du principe de parité dans les listes électorales de l’assemblée nationale constituante est une décision "progressiste et audacieuse», avait –il alors estimé tout en soulignant le cas de certains gouvernorats de ne point pouvoir remplir ces conditions. C’est dans ce sens qu’il a alors proposé l’adoption du principe de la parité au taux de 30% au moins.
Pour moi, cette décision sage et réfléchie ne présente en aucun cas un retour en arrière, ni une régression de l’égalité homme-femme, car il faut tenir compte du paysage politique tunisien. Il ne s’agit pas de présenter une liste électorale, il faut bien que cette dernière soit crédible et épouse une pensée représentative de la population civile.