TUNISIE: La vaste comédie judiciaire

Qui purgera la peine de Ben Ali?  C’est l’énigme à laquelle les tunisiens sont appelés à trouver une réponse après la première journée du procès auquel le prévenu a eu l’honneur de ne pas assister.

 " C’est une vraie mascarade" dira l’avocat libanais de l’ancien président. Ce procès qui, à l’analyse des spécialistes, aurait été la façon la plus belle de rendre justice au peuple tunisien qui a souffert pendant 23, dirigé d’une main de fer par un dictateur, a finalement été une déception collective. Et les longues marches de protestation réprimés dans le sang n’auront  servi à rien.

Une justice expéditive dont personne ne prendra au sérieux la crédibilité; c’est ce qui a été rendu aux tunisiens, du sentiment collectif. C’est à se demander pourquoi une telle précipitation pour le jugement d’un homme impliqué dans 180 affaires avec au moins 90 chefs d’accusation aussi gravissimes les une que les autres? les avocats de Ben Ali, tous commis d’office n’ont eu que trois jours pour préparer un procès d’une si grande envergure.

Et si la salle d’audience était pleine à claquer, c’est plus pour faire le constat d’échec inévitable que de voir la justice être rendue, que les gens se sont mobilisés. Le verdict est tombée alors à la grande déception. 35 ans de prison et 40 millions d’euro d’amande. Une condamnation à contumace pour un criminel qui au même moment se la coule douce en Arabie Saoudite avec femme enfants et parents proches.

Quelle humiliation pour une révolution? Est ce à dire que certains peuples ne savourerons jamais la satisfaction de se voir faire justice? Ce droit à la justice qui est régalienne et inviolable.  Y aura t-il toujours des personnes véreuses au sein de l’appareil judiciaire pour veiller  à ce que le droit soit toujours bafoué sous certains cieux?

Les tunisiens en sont à se poser ses questions, impuissants face à la vaste comédie de la justice à laquelle ils ont assisté hier. Pour ceux d’entre eux qui espèrent encore dans cette Tunisie, une autre révolution, celle de la justice et du droit est nécessaire pour rompre avec les veilles pratiques humiliantes. Pendant ce temps, de l’autre coté de la méditerranée, en attendant sa nouvelle comparution le 30 Juin prochain, Ben Ali savoure le paradis de l’exil, convaincu qu’il sera une fois de plus condamné par contumace.