Je ne crois guère à une contagion méditerranéenne (sauf, peut-être, en Grèce) des soulèvements tunisien et égyptien. Mais si les minima sociaux venaient à décrocher total du coût de la vie, comme la politique de Sarkozy tend à l’établir, je ne jurerai plus de rien.

Non, ce n’est pas foutu pour Sarkozy, les pauvres ne sont pas dans la rue. Y pim-pam-poum, y viva Mao Tsé Toung, y pam-poum-pim, y viva Ho Chi Minh, cuchillo, cuchara, y viva Che Guevara ou encore Tunis, Cairo, Roma, Berlin, Paris… ou Rome, Berlin, Varsovie, Paris… c’est du passé. Maintenant, le retour vers le futur, qui n’est jamais sûr (mais parfois suret), ne peut non plus être totalement exclu.
Récemment, j’ai été quelque peu surpris de voir qu’un étranger hors Union européenne, s’il disposait de titres de séjour en France, pouvait, au titre de ce qui a succédé au minimum vieillesse, percevoir dans les 700 euros mensuels d’aide sociale même sans avoir jamais cotisé au moindre régime, que ce soit en France ou à l’étranger. C’est un peu paradoxal. L’ASS (l’alloc’ de fins de droits) et le RMI sont de montants bien inférieurs (dans les 460 à moins de 500 euros) et si le minimum est un minimum pour les vieux, que sont donc ces montants pour de plus jeunes ?
Mais c’est vrai qu’avec ces montants, en squattant, en s’entassant à plusieurs dans des locaux plus ou moins salubres, en tapant les (grands) parents ou les (petits) enfants, on survit sans se livrer aux exactions auxquelles sont poussé trop de Guyanaises et Guyanais (et sans doute, dans une moindre mesure, quelques habitants et habitants de Guyenne). Les Restaus du cœur y pourvoient aussi.

Tant qu’il y aura des élections (pièges à…) qui ne paraîtront pas trop truquées, le corps électoral s’exprimant encore fera tampon. Cet échantillon de la population, devenant de plus en plus minoritaire (mais cette tendance peut s’inverser), veut, majoritairement, continuer à entretenir ses illusions que nourrissent ses fournisseurs, à savoir les chefs de file d’une opinion reflétée par les médias dominants
Mais c’est assez ric-rac. J’ai lu récemment dans Le Point que Gérard Longuet commençait à baliser. « Le président du groupe UMP au Sénat met en garde sur le risque de "sombrer dans la République du soupçon généralisé et de la délation" après la présentation des conclusions sur les conflits d’intérêts…», indique l’amorce de son entretien. C’est la dernière, en date, des instances de l’occurrence du mot Woerthgate dans la presse française mainstream. J’en viens à me demander si les sondages sérieux, ceux dont seuls certains décideurs sont destinataires, n’ont pas conduit d’aucuns à dire (intimer ?) aux Bettencourt mère et fille qu’il fallait désormais, au moins pour la galerie, cesser de balancer des sommes ahurissantes dans les gazettes.
Imaginez une actualité avec, pour titres de haut d’unes, les sables d’Égypte et de Tunisie, et les pailles et les poutres des Bettencourt ? Question poudres aux yeux, il y a parfois des apparentements terribles…
Mais Sarkozy et consorts, trop avides, trop « après nous le déluge », trop « à nous les brioches, à eux le pain industriel moulé », risquent fort de jouer un peu trop longtemps les Ben Ali et les Moubarak (le bien nommé, sachant qu’autrefois, Durbarak était mieux venu). On nous concocterait un DSK lénifiant (antibolchévique), aussi amnésique qu’amnistiant, que je n’en serais guère surpris. Le tout est de savoir si l’on estimera que notre patience s’étendra encore plus d’un an ou non… J’avais pensé que Sarkozy imploserait en plein vol, beaucoup plus tôt. Trop sûr de lui et de sa bonne étoile, il n’a même pas réussi à épurer en douce les CRS de leurs éléments les moins susceptibles de taper sans discernement dans le tas, quel qu’il soit. Le voilà en prise avec une grogne policière. Et comme il n’a plus de SAC (le Service d’action civique, une milice de Pasqua) à disposition, il lui faut distribuer les enveloppes en catimini. Cela suffira-t-il ? Oui, sans doute, un temps. Mais les montants de ces enveloppes seraient mieux employées à relever les minima sociaux. L’ennui, c’est que dans son entourage, il n’y a pratiquement plus personne pour le lui conseiller. Et je doute qu’une revue de presse suffise à lui en faire prendre conscience…