On t’appelle le Tigre du Maghreb et de toute cette région, tu semblais en apparence, la plus conforme aux idéaux les plus en vogue en terme de pseudo-démocratie, de laïcité, de développement économique, de promotion de femmes, et que sais-je ! Juste une façade, un cache misère ! Mais que s’est-il donc passé pour que, du jour au lendemain, tout bascule brutalement dans un si sombre chaos ?

 Présidée depuis 23 ans par le même personnage réélu récemment en 2009 à 89% du suffrage et qui, pour se prémunir de toute révolte s’était doté d’une force invincible ! Ben Ali.  De plus, la seule bannière de  rempart contre les islamistes a suffi à elle seule pour lui assurer le soutien des grands de ce monde tout en le laissant rapter les richesses du pays en toute impunité !(Wikileaks).

 Pendant que Ben Ali s’accaparait de tonnes d’or dit-on, à Sidi Bouzid, Mohammad Bouazizi, vingt-six ans, diplômé sans emploi, démuni, réclame pour subsister, dans une triste complainte, le droit d’exposer sans permis sa marchandise de fortune : des bananes. Mohammad gronde, crie, pleure pour qu’on le laisse gagner sa petite vie de marchand ambulant mais le policier sans âme, s’obstine à se soumettre au "règlement".

Alors, déchiré de désespoir, le jeune s’est immolé par le feu ! Geste de désespérance plus fort que tous les discours du monde ! D’autres se sont immolés, se sont suicidés pour faire éclater cette chape en-dessous de laquelle ils se trouvaient cantonnés par le régime du Maghreb dit exemplaire.  Rempart contre le fléau islamiste !

Telle une onde de choc, a jailli des entrailles de la Tunisie une rage dantesque à faire pulvériser toute forme de peur, de soumission : même les tirs à balles réelles des policiers, le sang, la mort n’ont pu essouffler, endiguer cette révolution dite des jasmins. Ni même la proposition de Michèle-Alliot Marie de renforcer encore plus sauvagement les répressions contre les aspirations les plus légitimes d’un peuple, n’est parvenue à infléchir cette vague de colère.

 Consternante cette manière occidentale de sélectionner les bons et les mauvais élèves du monde  laissant jouir du titre de coqueluche du Maghreb un régime qui, sans vergogne bafoue son peuple mais qualifié de rempart contre la pire des bêtes noires !

Bien fabuleuse, cette spectaculaire révolution des jasmins qui risque de faire tâche d’huile dans les pays arabes sous le joug de despotes confortablement installés, usant et abusant de leur pouvoir, sous le regard réprobateur de l’Occident car supposés constitués un rempart au "péril vert" !

Des manifestations se sont déroulées devant le parlement jordanien, dans les rues de Sana’a au Yemen. En Syrie, le gouvernement qui se croyait infaillible, prévoit aujourd’hui de baisser le prix du fuel domestique, la création d’un "Fonds national pour aide sociale". Hier, au Caire, à l’instar du martyr Mohammad Bouazizi, un malheureux père de famille s’est immolé toujours par le feu car on lui refusait des bons alimentaires. Même drame survenu en Mauritanie…

Dans cette misère en ébullition au sein d’une mondialisation mettant en exergue les gigantesques disparités économiques, la fabuleuse révolution des jasmins est venue éclairer le tunnel de désespoir des plus démunis leur montrant que tout est possible et qu’est révolu le temps de la soumission à des tyrans voraces, suçeurs de sang ! Chapeau, la Tunisie !

Mais n’est-il pas dommage de voir tout un beau monde s’empresser, malgré l’abscence de toute revendication islamiste, de pronostiquer le scénario le plus alarmiste qui serait la vampirisation du pouvoir par les fameux barbus ?

 Au vu de ce qui vient de se dérouler sous nos propres yeux, ne devrait-on pas avoir confiance en ce peuple qui a su payer de sa chair d’une manière inédite et combien dure pour plus de droits ? La confiance s’impose et leur soif démesurée de liberté, de justice augure du meilleur et ne pourrait, ni ne devrait se laisser entraver par quelque extrémisme que ce soit !

 Au contraire n’est-ce  pas là l’exemple de l’authenticité d’un peuple mise en opposition aux exigences purement intéressées des dirigeants illustrées par les positions si fluctuantes de Sarkozy en fonction de ses intérêts et au détriment de tant de peuples ? Un président déchu et bientôt, reviendront au pays les exilés de force, les spoliés, les opprimés pour boire jusqu’à la lie cette source de liberté en rendant le plus grand des hommages aux héros de ces émeutes sanglantes !