En Tunisie, « tout va bien dans le meilleur des mondes ». Telle est la devise du pouvoir. En novembre dernier, à la une du Figaro, le président tunisien, interviewé par le même journal à l’occasion du 20ème anniversaire de son accession au pouvoir, déclarait « Nous n’avons jamais refusé la critique ».
Certainement il avait omis de préciser : « la critique qui nous plait ». Oui, parce qu’en Tunisie toutes les critiques ne sont pas bonnes à faire… Du moins, c’est ce qu’on comprend du recours systématique du pouvoir à la censure pour étouffer toute voix indépendante susceptible de véhiculer sur la Tunisie une image, quoi qu’elle puisse être véridique, autre que celle que véhicule l’ATCE (Agence Tunisienne de Communication Extérieure), les médias officiels et « pseudo-indépendants ».
Effectivement, dire que pour le régime l’image du pays importe plus que le pays lui-même n’est pas une exagération, c’est de loin une appréciation hautement fidèle à la réalité des choses.
Un exemple des plus récents, et des plus graves, est celui des protestations populaires de masse qui grondent quasi quotidiennement au sud, dans le bassin minier de Gafsa, depuis deux mois et dont aucun média officiel n’avait évoqué l’existence y compris même la télévision « nationale ».
Ces protestations, venant en grande partie de la part des jeunes, condamnent le chômage monstrueux qui gangrène la région –notamment celui des jeunes diplômés – et que l’on dit atteindre 70%, à savoir plus que le quadruple de la moyenne nationale officielle, la corruption qui a remplacé la compétence en tant que critère d’employabilité surtout lors du dernier concours de recrutement de la Société de Phosphate de Gafsa (dont les résultats, incrédibles, étaient l’étincelle qui a fait descendre la foule à la rue), ainsi que le basculement de la balance du développement économique national en faveur des régions côtières aux dépens de l’intérieur du pays, accusant ainsi un échec scandaleux de l’Etat dans plus qu’un domaine et témoignant du mécontentement potentiel qui grandit en silence dans les rangs de la population, menaçant d’exploser à tout moment, quitte à défier répression policière et matraques.
Dire qu’en France, par exemple, de telles manifestations auraient fait l’objet d’une couverture médiatique à grande échelle, d’interviews de ministres, de responsables régionaux, de responsables syndicaux, de simples citoyens… on croirait volontiers que le régime tunisien, qui dit aspirer à faire de la Tunisie un pays « développé » et « démocratique », prend plutôt la Chine ou la Russie comme idoles en matière de liberté de presse.
La censure parait ici être un réflexe des plus archaïques d’un pouvoir qui ne veut pas faire lumière sur les dossiers sensibles susceptibles de déranger son autosatisfaction illusoire ou encore de le discréditer publiquement devant la population en faisant étalage de ses échecs et en remettant en cause ses grands choix et orientations. On pourrait dire que mettre sur la table des questions comme le chômage et l'emploi (1), la corruption, la justice sociale ou même la censure et en faire un sujet de débat responsable et sérieux attesterait peut être de l’existence d’une volonté de résolution de ces problèmes et ouvrirait la porte à une digestion médiatique rationalisée d’une frustration populaire qui se dessine dans l’affectivité spontanée de la colère et du mécontentement.
Mais l’absence de tels débats dans les médias et l’écartement prémédité de toute possibilité de mettre les responsables politiques du régime face à leurs responsabilités en les confrontant aux vraies critiques et reproches, émanant soit de leurs opposants politiques soit de leurs concitoyens, ne peut qu’affirmer l’entêtement du pouvoir à décider tout seul du sort des gens et aussi du filtrage médiatique de leur réalité quotidienne.
C’est lui qui décide si on peut évoquer tel ou tel problématique, quand est ce qu’on l’évoque, quand est ce qu’on en discute, avec qui on en parle, comment on en parle, dans quel(s) média(s) on en parle, qui anime le débat télévisé (dernièrement les débats politiques dans la télévision officielle sont animés par un membre du comité central du RCD, parti au pouvoir, avec la présence d’ « opposants » satellitaires du régimes), quelle est la couleur dominante du studio (le mauve bien sur, couleur préférée du chef de l’Etat), etc…
Plus pathétique encore, à l’heure ou il n’a même pas le courage de mener un vrai dialogue avec ses concitoyens ou ses vrais opposants politiques, le régime tunisien continue à dire être un fervent défenseur du « dialogue des civilisations » et à dépense l’argent du contribuable pour organiser des conférences en la matière auxquelles il invite de grands intellectuels du monde entier ( !). Essayer de réconcilier des civilisations entières alors qu’on a échoué à instaurer les piliers d’un vrai dialogue à l’intérieur du pays, en voilà ce qu’on peut appeler « le comble de l’ironie ». Le mois de février dernier étant marqué par l’arrestation de l’humoriste Hédi Ben Amor, qui a osé imiter la voix du président de la république et se moquer des agissements illégaux de la famille de son épouse(2), il faut dire que l’année 2008 s’annonce bien pour la censure en Tunisie.
Déjà le 25 décembre dernier, la communauté des blogueurs tunisiens avait mené une journée de « Note Blanche » en guise de protestation contre la censure des blogs qui guillotine toute voix ne ménageant pas ses critiques à l’égard du pouvoir ou expose des scandales qui font rougir de honte tout homme digne. La censure de Come4news, survenue il y a deux jours, s’inscrit dans une vaste compagne de censure dans laquelle l’ATI (Agence Tunisienne d’Internet, qui dépend aussi bien du Ministère de l’Information et de la Communication que de celui de l’Intérieur) est sans cesse mobilisée depuis sa création pour bloquer l’accès à tout site qui ne plait pas aux autorités.
D’ailleurs, les sites du PDP (Parti Démocrate Progressiste, opposition, légal) et celui du FDTL (Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés, opposition, légal) sont eux aussi censurés, bien que les partis cités sont reconnus par le pouvoir (les deux seuls partis parmi les huit partis d’opposition qu’on ne qualifie pas de « partis de décor ») et exercent en toute légalité.
Tout récemment, l’information de l’enlèvement des deux touristes autrichiens du sol tunisien alors qu’ils exploraient le désert est restée étouffée jusqu’à ce qu’un responsable d’Al Quaida au Maghreb en parle à Aljazeera. Loin de là, l’ATCE profite de l’argent du contribuable pour acheter des pages entières dans des journaux étrangers et y faire publier des articles de propagande que reprennent ensuite les médias officiels comme étant des articles prouvant la « bonne réputation » dont jouit la Tunisie à l’extérieur(3).
Pire encore, les ciseaux de la censure laissent toutefois volontairement paraître des journaux dits « indépendants » qui font de la diffamation contre les opposants du régime et les défenseurs indépendants des libertés et des droits de l’homme leur monnaie courante, comme l’hebdomadaire « Al Hadath » (progouvernemental). Signalons au passage qu’il y a toujours blocage des plaintes portées à l’encontre de ce journal qui n’ont encore débouché sur aucune poursuite judiciaire malgré la flagrance du délit(4).
Drôle de pays qui n’arrête pas de vanter sa « justice libre ». Incontestablement, si la censure est l’un des principaux atouts de la force du régime, elle reste le majeur symptôme de faiblesse de sa « démocratie » qui n’est rien d’autre qu’un slogan de propagande essoufflé par une contradiction de plus en plus flagrante avec la réalité du pays.
La censure est avant tout un aveu de l’incapacité du censeur à répondre à la parole par la parole et de sa maladive obsession de mettre à l’écart les acteurs de tout débat qu’il ne peut pas contrôler, elle traîne sa crédibilité dans la boue aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur et démontre que son orgueil quoi qu’il puisse sembler fort et imbattable reste la manifestation agressive du conflit des faiblesses et des complexes qu’il n’arrive non seulement pas à dépasser, mais veut aussi, et par tous les moyens, les enraciner dans l’imaginaire collectif en tant qu’une inévitable fatalité.
En deux mots, à travers la censure le régime ne fait que se ridiculiser lui même. Dorénavant, ne vous étonnez pas de la montée du Salafisme et de l’obscurantisme religieux dans le pays du « soleil », c’est dans l’ombre de la censure et du refus de dialoguer que prospère l’extrémisme. A bon entendeur… —————————————–
1-Dernièrement, le directeur de « La Presse », quotidien gouvernemental, a censuré à une journaliste un article (disponible ici http://etkalem.blogspot.com/2008/03/la-presse-la-censure-nen-finit-plus.html) dans lequel elle évoquait les difficultés relatives à l’emploi, l’un des sujets que le pouvoir essaie d’éviter d’en parler à tout prix. Parallèlement, l’édition du journal « Al Mawkif » de cette semaine, journal du PDP (parti opposant) a été ramassé des kiosques des journaux par la police, sans décision judiciaire préalable, parce qu’elle évoquait une possible augmentation du prix du pain, autre sujet sensible (dans les années 80 l’annonce de l’augmentation démesurée du prix du pain par le premier ministre de l’époque avait provoqué de larges émeutes populaires dont la répression a fait tomber plusieurs victimes entre morts et blessés).
2-C’était lors d’une soirée privée du « Rotary Club » de Sfax dans laquelle l’une des filles du président (de son ex-femme) était présente. L’enregistrement audio du sketch a circulé via les portables et internet pour être écouté à grande échelle, provoquant ainsi la colère du régime. Une machination juridico-policière a ensuite traîné le comédien devant la justice pour « détention de matière stupéfiante avec intention de la consommer » (quelques grammes de drogue ont été glissé par la police dans la boite à gant d’une voiture de location dans laquelle il fut arrêté avec un ami –c’était l’ami qui conduisait- au niveau de la station de péage à l’entrée de Tunis) et « trafic de fausse devise » (la police avait prétendu avoir trouvé chez lui de faux euros). Ceci s’est produit quelques jours seulement après la dite soirée, comme par hasard… Actuellement, on dit qu’après l’intervention de la fille du président, présente dans la soirée, auprès de son père en faveur du comédien, a conduit à l’annulation de la deuxième accusation (dont la peine pouvait atteindre 20 ans de prison). Ainsi seule la première (passible d’un an de prison) a été confirmée par la « justice », le comédien ayant reçu des encouragements pour ne pas faire appel et d’adresser une « demande d’amnistie présidentielle » au Président.
3-A titre d’exemple, l’ATCE a fait publier l’année dernière des articles vantant les mérites de l’enseignement tunisien dans le journal américain Herald Tribune. Mêmes articles repris après par la TAP (Agence Tunisie Afrique Press, la seule agence de presse ou les médias officiels sont autorisés à épuiser les informations relative à la scène locale) Voir le blog d’Astrubal pour en savoir plus (http://astrubal.nawaat.org ).
4-Ahmed Najib Chebbi (Candidat du PDP aux présidentielles de 2009) a été récemment traité de « sadomasochiste » par le rédacteur en chef du dit journal. La présidente de la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme) a elle aussi été attaquée et insultée par le journal, il y a deux semaines, dans un pays qui se dit pays « de droit et d’institutions »… La liste des autres personnalités ayant subi le même sort est longue…
C4N site censuré
Rappelons que come4news est un site censuré en Tunisie !
et que des articles ont été publiés à propos de cette censure lâche et imbécile !
D’ailleurs, en voici la liste :
– Mon « Appel lancé à Son Excellence, Monsieur Zine Abedine Ben Ali, Président de la République Tunisienne »(1)
– « COME4NEWS , « NOTRE SITE » censuré en Tunisie!!!!! », rédigé par SOPHY(2),
– « Come4News en Tunisie: une popularité qui dérange sur fond de CENSURE », rédigé par Michel(3),
– « Le site Come4news, censuré en Tunisie par les autorités », rédigé par Blaise(4.
Il serait bon que vous veniez lire et commenter ces articles…
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(1) http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=13792
(2) http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=13784
(3) http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=13766
(4) http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=13776
Le Temps en a parlé des fais de Gafsa…
http://www.letemps.com.tn/pop_article.php?ID_art=14219
La Tunisie ; une honte pour l’humanité et le respect de chacun
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
La Tunisie est devenu avec les années, un état de répression dont la spécialité est devenu la torture et le non respect des droits de l’homme. La censure est maître, le pouvoir en place canalise l’ensemble des informations pour promouvoir l’image d’un pays accueillant et touristique. Seulement au passage, on oublie de vous préciser que les prisons tunisiennes se remplicent de vacanciers, d’hommes et femmes d’affaires étrangers, de politiciens de tout ordre……s’est une véritable catastrophe économique pour cette nation qui perd la tête. Un état policier dans un pays de violence, même votre innocence peut vous conduire devant les tribunaux tunisiens, personne ne peut échapper au système. Voir la simple histoire de madame Sameh Harakati qui malgré son grand coeur et son innocence, s’est retrouvé en prison pour onze années fermes.
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
les censures de la Tunisie
http://tunisie-harakati.mylivepage.com
La censure en Tunisie n’a pas de limite, la plus évidente est celle sur les libertées.
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