Un film qui se passe à Saint-Emilion, dans le milieu du vin, je ne pouvais pas manquer ça. J’ai donc été voir ce film et je dois dire que je n’ai pas été déçu. Les acteurs sont formidables. Niels Arestrup parfait en propriétaire tyranique et cynique, rendu ignoble par la passion qu’il porte à son vin. Refusant de voir l’état de santé de son principal collaborateur. Lorànt Deutsch joue le rôle de son fils, rejeté et humilié, qui voudrait tant montrer de quoi il est capable. Mais il ne fait pas partie de la caste des initiés. Il est très convaincant par son côté fragile d’éternel adolescent.

Une mention spéciale pour Patrick Chesnais qui campe un régisseur rongé par le cancer avec une vérité étonnante. Il est couvé par sa femme, Valérie Mairesse, toute en rondeur et en générosité, qui tente de le protéger du maître impitoyable. Le film a été tourné à Clos Fourtet, un premier grand cru classé magnifique. On imagine que le tournage a dû être agrémenté de quelques dégustations mémorables. En fait, le film traite surtout du problème des rapports entre un père et son fils, quand le fils ne répond pas aux attentes du père. Paul de Marseul, le propriétaire du château, s’entiche du fils de son régisseur qui correspond mieux à ce qu’il attend de son successeur. Il va tout faire pour en faire son associé, voire son successeur ce qui rend malade son vrai fils, Martin. Le pauvre garçon finira par comprendre que son père le rend responsable de la mort de sa mère. Gilles Legrand filme avec gourmandise le travail de la vigne et les vendanges. Sa mise en scène est fluide et précise. Certains reprochent à ce film un certain manichéisme, je ne partage pas cet avis. Je trouve que la psychologie des personnages est assez juste et n’est pas sans rappeler parfois Simenon. Je terminerai en soulignant la magnifique bande-son ( le Cum Dederit de Vivaldi interprété magnifiquement par Sandrine Piau) qui met en valeur le côté dramatique de ce beau film que je recommande « sans modération ». {youtube}MgwTkI0vKrM{/youtube}