Depuis la funeste période allant de 2005 à 2008 au cours de laquelle eurent lieu de nombreux assassinats politiques dont celui de Rafik Hariri jusqu’à aujourd’hui, le Liban se morfond dans un bourbier duquel n’émerge nulle issue exceptée une succession de feuilletons aussi mouvementés et stériles les uns que les autres ! L’épisode marquant le début de cette série est la création au forceps du TSL, tribunal international chargé de juger les responsables de l’attentat de l’ancien premier ministre.

 

A la naissance hautement controversée de ce Tribunal succède la période pré-publication de l’acte d’accusation faite de bas sans haut et divisant le pays en deux clans presque ennemis ! D’une part les partisans du Hezbollah détracteurs de cette justice "israélo-américaine" car mise en place pour venir à bout de la Résistance en tentant de lui faire endosser la responsabilité de l’assassinat. D’autre part, les partisans de cette instance onusienne farouchement confiants et attachés à son bon déroulement, seul moyen pour mettre fin à l’impunité. Tous les ingrédients nécessaires et suffisants pour diviser encore plus les gens à tel point qu’en prenant un taxi à Beyrouth ou en allant chez le boucher, il peut vous arriver de lire un avertissement interdisant de parler politique, car source sûre d’embrasement !

Malgré les multiples médiations locales, régionales, internationales, s’évertuant pour certaines à pousser Saad Hariri à désavouer le TSL, pour d’autres à maintenir le Tribunal assorti d’un compromis miraculeux, pas la moindre recette de sortie de crise ! Et pourtant que de chassés croisés de diplomates créant un imbroglio de cette histoire où l’on ne peut que s’égarer tant sont inombrables les méandres ! 

 

 Fidèle à la tadition libanaise qui consiste à nous servir de manière régulière des surprises made in Lebanon, nous a été offert en raison de cette impasse,  l’effondrement brutal du cabinet ministériel suite à la démission de onze ministres du Hezb. Suit la tant controversée publication de l’acte d’accusation qui a fait couler tant d’encre et sur laquelle semblerait reposer la survie du pays !  Enfin remis entre les mains du juge belge Daniel Fransen qui devrait le valider ou l’invalider mettant encore plus le Liban sens dessus, dessous.

 

D’un suspense à l’autre et aujourd’hui, les Libanais se livrent âpre bataille autour du nom du prochain chef du gouvernement laissant ainsi libre cours à toutes les spéculations. Saad Hariri  a confirmé sa candidature soutenu par le  le 14 Mars face au candidat de l’opposition probablement un ancien premier ministre Omar Karamé. En attendant les deux camps rivalisent dans une chasse forcenée de voix  mais le ralliement inattendu de dernière minute de Walid Joumblatt, chef du PSP au Hezbollah inverse la tendance et la majorité pourrait changer de camp en faveur du 8Mars au grand dam de l’Occident d’où la colère grandissante de Michèle Alliot-Marie.

 

 Lequel des deux l’emportera, le suspense devrait durer jusqu’à lundi, jour des consultations parlementaires. A moins d’un nouveau rebondissement. Chacun des deux camps campe fermement sur ses positions agitant son chiffon rouge israélo-américain ou syro-irano…nous laissant croire que cette période est charnière pour le Liban car susceptible de nous faire basculer dans un camp comme dans l’autre ! Comme si l’histoire allait s’arrêter !

 

Et le blocage des institutions se banalise de plu en plus au pays des Cèdres acculant le petit peuple à trinquer tout en oubliant ses priorités tant l’agitation politique est prenante. Telle une épée de Damoclès ce TSL, brandie au-dessus de la tête des Libanais par des puissances étrangères via leurs pions locaux pour atteindre leurs objectifs. Et, tels les moutons de Panurge qui s’ameutent chacun derrière son clan et se dressant les uns contre les autres en oubliant l’essentiel !

 

Un pays qui se veut démocratique alors que le pouvoir est presque héréditaire se transmettant de père en fils. Des riches féodaux qui pillent l’Etat et pour cela il suffit de constater que depuis des décennies règnent les mêmes familles ! Les Joumblatt, les Karamé, les Hariri, les Gemayel, les Osseiran…Les véritables préoccupations devraient désormais se situer ailleurs car ce TSL pour lequel on risque de s’entretuer, pour lequel on se retrouve en déperdition, laisse perplexe…

 

 Autant la révolution des jasmins peut transporter, autant ce combat pour le TSL qui divise et met en péril un pays peut indigner !  Si l’on pouvait troquer cette effervescence pour le TSL qui a paralysé, appauvri, envenimé le pays contre celle réservée à des problèmes touchant aux populations, celles capables de faire bouger concrètement les choses ! En attendant, il semble qu’il  flotterait dans l’air comme des ondes électriques desquelles pourraient jaillir des étincelles…

 

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