Tout passe par Grenelle

 

                    Grenelle, une rue, un pont, des accords.         Le vocabulaire politique est d’une pauvreté rare. 600 à 800 mots pour que chacun comprenne, pensent nos locuteurs élus. Un exemple évident : Grenelle. Il n’est venu à l’idée de personne de trouver un nom pour une réunion où sont, côte à côte des énarques gouvernementaux, des syndicats, des ONG, des associations. Cela paraît si incongru, si inutile au personnel politique qu’on en est réduit à chercher l’adresse de cette innommable fantaisie qu’une France d’en bas aurait suggéré –ou imposé- à des fonctionnaires en panne d’imagination.         Le contenu ? En complément d’attribution. Comme nous avons le Paris des brasseries, celui des grands chefs. En 1936, on parlait des accords de Matignon, et avant ceux de Latran. La cohérence était respectée.        Dépassons la lexicologie et la grammaire. Et venons-en à l’histoire. « Grenelle » a été repris récemment dans l’imagerie politique, alors que N. Sarkozy souhaitait qu’on oubliât mai 1968. Quasi une offense infligée par N. Hulot et les Verts.         Les accords de Grenelle négociés les 25 et 26 mai 1968, conclus le 27 mai, furent un échec car ils ne furent jamais signés. Leur nom provient de la rue où se tinrent les réunions au ministère du Travail, un aimable hôtel particulier qu’occupe actuellement M. Hortefeux. C’est un bonheur de savoir que nos medias usent et abusent du symbole d’un échec pour glorifier l’environnement. 2 ans après nous en sommes aux contritions et aux ressentiments. Mais le Grenelle 2 est déjà en vente…        On ne gâche pas une formule qui fait pschitt. Aussi annonce-t-on le Grenelle de la mer, et pourquoi pas celui de l’outremer plutôt que des Etats Généraux de funeste mémoire ? On a bien inventé la choucroute de la mer !        Aussitôt suivi du Grenelle des ondes. A vos mobiles, à vos antennes !        Il en reste encore beaucoup, dans tous les domaines. Chacun peut en suggérer. Le vocable est poétique et musical, même si la Seine préfère couler sous le pont Mirabeau.

 

3 réflexions sur « Tout passe par Grenelle »

  1. Bonjour Nicanor
    merci pour ses précisions concernant le grenelle de ceci ou cela. Je me suis posée souvent
    le pourquoi de ce mot. Comme je vis seule j’ai posé la question à un de mes neveux qui m’a
    donné l’explication. En effet autrefois on parlait des accords de Matignon plus compréhensifs.Ah ce gouvernement !!!!!

  2. C’est vrai que le nombre de mots que nous employons est assez limité. D’ailleurs les verbes être avoir et faire constituent un fort pourcentage des verbes employés.

    Pour les mots, retirons, chose machin et truc et il ne reste sans doute plus grande chose.

    C’est en partie pour cette raison que j’ai voté contre le projet de constitution européenne, pourquoi pour quelque chose que l’on est incapable de comprendre.

    Régulièrement à la télévision, on nous met en garde contre les contrats d’assurances, de crédits (et autres contrats) que nous ne comprenons pas et l’état nous propose quelque fois d’approuver des choses que nous sommes incapables de comprendre.

  3. @ new reporter, bonjour, et à l’inverse on pourrait relever les périphrases de la langue de bois. Exemple: être en capacité de, 4 mots pour dire pouvoir!

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