Touche pas aux coptes, touche pas aux chrétiens d’Orient ! Tu me transperces en les touchant comme si tu touchais aux miens car au Liban, dans tout le Moyen-Orient, nous avons vécu longtemps, comme des frères, même dans les moments les plus tragiques de la guerre. Notre histoire pourrait-elle s’effilocher ainsi au gré du terrorisme occulte, au gré du fanatisme en faisant fi de notre passé d’amour traversé de hauts et parfois de bas ? Non me dis-je, personne ne parviendra à le salir, ni par les mots, ni par les attentats les plus abjects !

 

J’entends souvent raconter, ces derniers temps, des histoires bizarroïdes faisant état d’une volonté d’islamiser les populations et dans mon Liban et alentour, je n’ai rien vu venir de toutes ces divagations. La foi, en soi étant une question de conscience, de rapport entre Dieu et l’homme et d’après le Coran," pas de contrainte dans la religion", donc inconcevable d’imaginer une foi sous l’effet de la contrainte !

 Déjà, au Liban et dans les pays voisins tels la Syrie, la Jordanie, nulle pression perceptible  sur les musulmans, ni de ces derniers eux-mêmes sur leur propre progéniture qui fréquentent en grande partie des établissements chrétiens ou laïques à tendance plutôt libérée. Nul empiètement forcé du religieux sur  la vie privéee et qui donc s’arrogerait le droit d’exercer une pression de cette nature sur les membres d’une autre communauté ?
Mais l’Egypte où les frères musulmans ont gagné de l’influence depuis les années 70 sous le président Anwar Sadate et qui sest dotée depuis 1971 d’une nouvelle constitution basée sur la loi islamique a sans doute frustré les coptes en leur fermant l’accès aux fonctions publiques, en compliquant les constructions d’églises…
J’entends aussi parler d’un plan visant à déloger les chrétiens de la région et moi je ne comprends rien à ces histoires car dans cet Orient arabe, berceau de la chrétienté, la composante chrétienne constitue à elle seule, une facette majeure de cette région. De plus, sa contribution dans son façonnement n’étant pas des moindres, si elle venait à disparaïtre, le Moyen-Orient en perdrait son identité, en perdrait son âme et en mourrait d’asphyxie.
L’église assyrienne de Bagdad, l’église copte d’Alexandrie attaquées par "l’islam" qui prône coexistence, tolérance, modération a bouleversé le monde arabo-musulman qui a multiplié les manifestations de dénonciation de ces actes de barbarie qui lui sont imputés alors qu’au cours de toute son histoire, jamais de tels crimes n’avaient été perpétrés. "De telles agressions touchent l’Egypte entière. Elles portent atteinte à son histoire, à ses symboles et ceux qui ont commis de tels actes ne connaissent ni Dieu, ni patrie, ni humanité."(le grand mufti du Caire, Khaled Al Joundi)
Aujourd’hui, les coptes devront fêter Noël dans la peur malgré une bien forte mobilisation policière, sous des drapeaux mêlant croix chrétienne et croissant. Qui donc s’échine par le terrorisme à mener cette région vers une lente et implacable déperdition en semant la discorde dans ce si beau creuset des religions vieux de plusieurs siècles ? Comme l’a dit le président libanais Michel Sleiman, le crime contre l’église d’Alexandrie est un crime contre l’humanité car contraire à toutes les règles célestes et les valeurs humanitaires dans leur ensemble. Maintenant à nous chrétiens et musulmans de cette région de nous serrer les coudes pour préserver unité, solidarité et anéantir cette menace de mise en péril souterraine…Aussi et surtout le plus important, ne serait-il pas de joindre le geste à la parole en tentant de tirer profit de ces tragédies par la levée de toute restriction indigne s’exerçant sur les minorités et qui ouvre la brèche aux terroristes, toujours à l’affût d’une faille exploitable ?