Voilà 100 ans que Léon Tolstoï est mort. A cette occasion, les commémorations et les hommages dans la presse se sont multipliés. Ses oeuvres sont restées dans l’Histoire, et notamment Guerre et Paix, qui a été popularisé auprès du grand public par ses multiples adaptations de plus ou moins bonne qualité au cinéma ou à la télévision. Le roman lui-même est très (trop ?) long, ce qui l’empêche d’être très accessible.
Il raconte les destins de l’aristocratie russe entre 1805 et 1812, dans les tourments des guerres napoléoniennes. Les personnages principaux sont tous comtes, princes, empereurs, et lorsqu’ils rentrent dans l’armée, le statut de sous officier est le plus bas et reste très temporaire. Léon Tolstoï s’est justifié du choix de ces personnages, dans un texte qui n’a pas été publié dans toutes les éditions, mais qui vaut d’être lu :
"Je n’écris jusqu’à présent que sur les princes, les comtes, les ministres, les sénateurs et leurs enfants, et je crains qu’il n’y ait pas d’autres personnages à l’avenir dans mon histoire.
Peut-être n’est-ce pas bien et cela ne plaît-il au public ? Peut-être l’histoire des moujiks, des marchands, des séminaristes est-elle pour lui plus intéressante et plus instructive ? Mais malgré tout mon désir d’avoir le plus possible de lecteurs, je ne peux satisfaire à ce goût pour de multiples raisons.
Premièrement, parce que les témoignages sur l’histoire de l’époque à propos de laquelle j’écris ne sont restés que dans les correspondances et les notes des gens appartenant au milieu supérieur des lettrés ; les récits intéressants, et intelligents même, qu’il m’a été donné d’entendre, je ne les ai entendus que de la bouche des gens de ce milieu.
Deuxièmement, parce que la vie des marchands, des cochers, des séminaristes, des bagnards et des moujiks me paraît monotone, ennuyeuse, et tout ce que font ces gens me semble découler, pour la plupart, des mêmes ressorts : la jalousie vis-à-vis des classes plus heureuses, la cupidité et les passions matérielles. Quand bien même toutes les actions de ces gens ne découleraient pas de ces ressorts, leurs faits et gestes sont tellement obstrués par ces motivations qu’il est difficile de les comprendre et par conséquent de les décrire.
Troisièmement, parce que la vie de ces gens (des classes inférieures) est moins marquée par l’époque.
Quatrièmement, parce que la vie de ces gens est laide.
Cinquièmement, parce que je n’ai jamais pu comprendre ce que pense un boutiquier, debout près de sa boutique, qui invite les passants à acheter ses bretelles, ses cravates, ce que pense le séminariste quand on l’emmène pour la énième fois pour être fouetté avec des verges, etc. Je ne peux pas plus le comprendre que je ne peux comprendre ce que pense une vache quand on la trait ou ce que pense un cheval quand il tire une barrique.
Sixièmement et pour finir (et il s’agit, je le sais, de la raison la plus pertinente), parce que j’appartiens moi-même à la classe, à la société supérieure, et que je l’aime.
Je ne suis pas un bourgeois, comme le déclarait fièrement Pouchkine, et je dis franchement que je suis un aristocrate aussi bien de par ma naissance, que de par mes habitudes et ma situation. Je suis un aristocrate, car me souvenir de mes ancêtres, de mes pères, de mes grands-pères, de mes arrière grands-pères, non seulement ne me gène pas, mais m’apporte une joie particulière. Je suis un aristocrate, car j’ai été élevé depuis l’enfance dans l’amour et le respect de l’élégance qui s’exprime non seulement chez Homère, Bach et Raphaël, mais dans tous les détails de la vie : l’amour des mains propres, d’un bel habit, d’une table et d’un équipage élégants. Je suis un aristocrate, car j’ai été si heureux que ni moi, ni mon père, ni mon grand-père n’ont connu le besoin, et la lutte entre la conscience et le besoin ; ils n’ont jamais éprouvé la nécessité d’envier qui que ce soit ou de s’incliner devant qui que ce soit, ils n’ont pas connu la nécessité de se former pour gagner de l’argent et pour obtenir une position dans le monde, ni d’autres expériences de ce genre auxquelles sont soumis les gens qui sont dans le besoin. Je constate qu’il s’agit d’un grand bonheur et j’en remercie Dieu, mais si ce bonheur n’appartient pas à tout le monde, je ne vois pas pour autant la raison que j’aurais d’y renoncer et de ne pas en jouir.
Je suis un aristocrate, car je ne peux croire qu’un esprit supérieur, un goût subtil et une grande honnêteté puissent exister chez un homme qui se fourre les doigts dans le nez et dont l’âme discute avec Dieu.
Tout cela est fort stupide, peut-être, criminel, insolent, mais c’est ainsi. Et j’annonce dès maintenant au lecteur l’homme que je suis et ce qu’il peut attendre de moi. Il est encore temps de refermer ce livre et de m’accuser d’être un idiot, un rétrograde et un Askotchenki à qui, profitant de cette occasion, je m’empresse de déclarer le respect, sérieux, sincère et profond, que je ressens depuis longtemps."
Voilà qui a le mérite d’être clair. Il révèle au mieux le mépris de Tolstoï pour les classes populaires, au mieux une incompréhension. Lui ne s’est d’ailleurs pas privé de faire figurer sa prestigieuse famille dans son roman. Et dans ce texte, il montre au grand jour comment une classe sociale peut totalement méconnaître une autre. Sept ans après sa mort, c’était la révolution bolchevique…
Si vous voulez, Uhu, mais Tolstoï, mort à plus de 85 ans, ayant écrit des milliers de pages et pas seulement deux romans, a défendu le peuple russe, a inspiré Gandhi et la non violence, a préconisé et essayé de mettre en place une éducation populaire, et j’en passe!!!
Réduire cet homme extraordinaire à votre citation (au fait, il serait judicieux de nous en indiquer les sources) c’est de la malhonnêteté intellectuelle!!!
Ou alors, il faut inscrire et annoncer votre article comme polémique….
Bonjour,quelles sont vos sources???????????????
[quote]Voilà qui a le mérite d’être clair.[/quote]
Désolée,ce n’est pas clair du tout!!!
Avez vous lu Tolstoi?
[b]
« Les aristocrates et le bas peuple »[/b]
Il me semble avoir déjà lu cela 1000 fois dans quantités d’articles!!
« L’AUTRE-GENIE-des pays du grand nord,un grand mysogine devant l’eternel,grand penseur,pour son epoque au sujet de la femmes;met juste. c’est pensé au sujet de la femme à permit de grandes avancèe,pour une certaine libertè de la gente feminine »la libre parole » a ce procurez sont livre »la sonate de … chez albin-michel…
Je ne le réduis pas à la citation, mais je met en exergue une clé de compréhension que je trouve assez peu commentée.
Pour la source : [i]La Guerre et la Paix[/i], édition du Seuil.
[b] »Guerre et paix » il y a longtemps que j’ai lu ce bouquin,vous pouvez me donner les pages de » vos citations ».Je vous signale que c’est un ROMAN pas « un document secret »!![/b] 😀 😀
[img]http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQFniELK76t7YLABlmQWTL7c4AxNbhL5e00g0sNfEPCn6Th_Jy_Ug[/img]
heureusement que j’ai UHU pour « recoller » mon livre!! 😀 😀
Vous êtes certainement incollable sur Tolstoï !
Pour les pages, c’est simple, ce sont les deux dernières de l’édition citée, en dessous de « De l’auteur ».
[b]Je n’ai pas cette édition là,vous parlez de la préface ou de l’explication sur l’auteur ou des paroles de l’auteur lui même?[/b]
C’est mis comme une postface, c’est un message de l’auteur (a fortiori écrit à la première personne).
Attention, vous utilisez en illustration de votre article une photo de son fils Illya et non de l’écrivain Lev Tolstoï….