C'est à un spectacle qui tend à devenir habituel qu'ont assistés mardi soir les téléspectateurs et spectateurs du match amical France-Tunisie, qui se déroulait au stade de France. Comme ce fut déjà le cas à plusieurs reprises, l'hymne français a été sifflé, copieusement, alors que le match se jouait à domicile.
Le comportemant honteux des supporters a été souligné, dans divers papiers fort bien rédigés. Quelques-uns en attribuent la cause à une mauvaise intégration des "communautés" maghrébines de France, ce qui n'est pas dénué de bon sens.
Il ne sera pourtant pas fortuit de remarquer que c'est là un fait nouveau : jusqu'à très récemment, la presse dans son ensemble ne s'offusquait pas des sifflements pendant l'hymne, et c'est tout juste si un petit paragraphe en faisait mention

Non seulement elle ne le remarquait pas, mais aujourd'hui elle ne le fait que partiellement. Tout un chacun se souvient que l'hymne a été sifflé face au Maroc et face à l'Algérie, mais on ne dit pas en revanche qu'il l'a été aussi face à l'Espagne, à l'Italie et même à Israël, sans que cela ne soulève une protestation bien vive…
Mardi soir, lorsque les les deux équipes sont arrivées sur la pelouse du stade de France, non pas séparément, mais mélées, comme une seule équipe le serait, avant que les chanteuses sélectionnées pour ne pas déplaire au public n'entonnent les hymnes, il y avait, face à cette mise en scène pathétique, de bonnes raisons de siffler la Marseillaise…
La première chanteuse, Amina, vétue d'un tailleur et d'un châle, coquettement jeté sur ses épaules, s'est lancée face à un public enthousiaste chantant l'hymne tunisien. Bien que de nationalité tunisienne, Amina avait représenté la France à l'eurovision et vit dans notre pays. Son parcours n'est pas inintéressant, c'est une chanteuse confirmée, doublée d'une actrice de cinéma.
Puis ce fut le tour de Laam, en baskets, capuche et casquette sur la tête, avec une veste entr'ouverte laissant apparaitre un maillot à son nom, tout écrit de rose. La présence de Laam avait été souhaitée par les organisateurs. Si la chanteuse n'est pas mauvaise, son style n'était peut-être pas le plus requis. Ne surtout pas déplaire à nos invités. Ce n'est pas Roberto Alagna, c'est sûr, mais c'est bien plus dans l'air du temps. En effet, Laam est née en Tunisie… .
Tartuffe n'aurait pas mieux fait.
Malgré toute cette mise en scène,  dans laquelle il est facile de deviner que les organisateurs s'étaient déjà mis à genoux, les sifflements se sont copieusement faits entendre, non pas d'un ou deux spectateurs, mais du stade entier.
Pour être respecté, il faut déjà se respecter soi-même.
On a ainsi traité les hypocrites.
Mais une question reste et elle n'est pas posée. Comment se fait-il que notre drapeau, notre hymne, c'est à dire tout ce qui nous représente, soient aussi maltraités? Pourquoi notre pays qui fut tant aimé, y compris dans ses anciennes colonies, non pas par les agités qui sévissent sur les forums et parfois dans les rues, mais par les habitants se souvenant de cette époque, est-il tant décrié aujourd'hui?
Pourquoi un pays qui a représenté les Droits de l'Homme, les Lumières, le Bon Goût, que les touristes viennent visiter pour son passé et son art, a-t-il aussi mauvaise presse?
On remarquera le communiqué du PS : "En effet, même si la France a eu pendant des années une politique coloniale en Tunisie, même si les Français d'origine tunisienne, et plus largement les Maghrébins ou les Français d'origine maghrébine (…), sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier (…) il n'en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n'est pas à humilier en sifflant son hymne". Avec des amis pareils, l'on n'a plus besoin d'ennemis.
On remarquera aussi l'empressement des politiciens français, leur chef en tête, a condamner un acte que quelques années plus tôt ils n'auraient pas même relevé.

 

{youtube}2gtBbtWn1To{/youtube}