Thonon : la cantine réservée aux enfants de bosseurs.

 La saison des vacances vient de commencer et beaucoup de touristes vont fréquenter nos montagnes. Les Alpes en particulier, avec leurs sommets, leurs lacs et leur gastronomie.

 
  Tandis que vous pique-niquez au bord du lac Léman, ne vous plairait-il pas de savoir qu’une charmante ville riveraine, accueillante à souhait, vient de décider que les cantines dont elle a la charge seront désormais réservées au non-chômeurs.
  C’est bien connu, tout chômeur est un fainéant qui s’ignore. Ou bien, dans l’esprit de certains, un fainéant notoire et professionnel.
  Dans cette région, flottait déjà un léger joran discriminatoire. En effet le voisinage de la Suisse entretenait une rivalité bon enfant. Comme clients, ils étaient plaisants, mais au-delà, des critiques leur valaient le délicat vocable de pique-meuron. (En langue locale familière signifie ramasseur de mûres- pratique interdite dans le Canton de Genève-.) 
 Voici qu’à Thonon-les-Bains donc, puisqu’il s’agit de cette ville, on renvoie désormais les élèves des chômeurs à la cuisine familiale entre midi et deux.
   
– Ton papa est chômeur ? Dégage !
  Il est difficile de croire à un subit développement démographique au point de dépasser les limites du service  de  cantine. Et que se passerait-il si le chômage disparaissait ? 
  On ne joue pas dans la cour avec un fils de bon à rien. 
  Bien sûr, la mesure est révisable pour le cas où un entretien d’embauche, une heure de visite au Pôle Emploi viendrait à empêcher un repas normal en famille. Pour cela il faudra anticiper ! Facile ! Prière de fournir à temps en Mairie son emploi du temps hebdomadaire pour qu’exceptionnellement l’élève puisse déjeuner avec ses copains et profiter de la cour de récréation.
  –  Ah ! Il a retrouvé du boulot ? 
  –  Non, mais il est convoqué chez… 
  
  Certains oseront dire que l’on doit ficher le chômeur à la minute près, alors qu’il faut comprendre que cela s’appelle le traitement social  du chômage. D’autres, à l’esprit mal tournés, diront que la cantine est réservée, budget oblige, à ceux qui peuvent la payer plein tarif. Alors que ces affamés bénéficient de réduction que le payant de citoyen doit régler. On ne va tout de même pas offrir des repas à ceux qui ne foutent rien de leurs journées ! 
 
  Si le cœur vous en dit, pendant vos vacances dans cette délicate cité thermale abondez le tronc des enfants brimés.