Après sa comparution, à Nanterre, pour une histoire d’abus de biens sociaux (des fonds du 1 % logement dans les Hauts-de-Seine), Thierry Gaubert, proche de Sarkozy, Hortefeux, &c., serait donc mis une nouvelle fois en examen… Jamais deux (il l’est déjà pour l’affaire Takieddine), mais cette fois, ce serait pour « blanchiment de fonds issus d’une activité délictueuse », rapporte Mediapart

On avait pris son temps, tout son temps, pour faire comparaître Thierry Gaubert devant un tribunal de Nanterre dont la substitut, placée sous la houlette du procureur Courroye, avait su démonter tout le dossier d’instruction pour quasiment blanchir l’ex-proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, maire, ministre, député et président.

Nous l’évoquions (« Sarkoland, des peines aménagées »), on attend un délibéré pour vers le printemps dans cette très vieille histoire de 1 % logement.

Mais depuis, Thierry Gaubert a largement défrayé la chronique (mot-clef Gaubert sur Come4News) et nous avait délecté avec ses aventures colombiennes (bars Nibar et Nichon.

Tout vient à qui s’est attendre, et Tracfin s’est hâté très, très lentement. Il me semble bien (la recherche est malaisée), que Mediapart s’est intéressé de près à Thierry Gaubert dès novembre 2009. Mais c’est vers septembre 2011 qu’il apparaît régulièrement dans les pages de cette encore jeune publication.

J’ai quand même retrouvé quelques autres articles entre ces deux dates sur Mediapart, mais il faudrait remonter à plus loin dans les archives de la presse nationale…  

C’est dire qu’en saisissant, le 27 juillet 2011, le parquet de Nanterre, la cellule Tracfin du ministère des Finances devait, rien qu’en lisant la presse, nourrir quelques soupçons de « blanchiment de fonds issus d’une activité délictueuse » depuis quelques temps. Le rapport de Tracfin ne porterait que sur la période janvier 2010-juillet 2011. Pourtant, les bars Nibar et Nichon, en Colombie, ont été acquis en 2003 et 2005, et la police colombienne s’était déjà intéressée à Thierry Gaubert en 2009. Gaubert est implanté en Colombie depuis 2001, et de manière très voyante (finca somptueuse, invitations de personnalités locales et internationales). 

Mieux vaut tard…

Juillet 2011-février 2012, et une déclaration de François Hollande sur la haute administration (qui porte ses fruits, puisque, voir par ailleurs « à chacun son Allègre », Dominique Antoine, un ex du ministère de l’Éducation, a déjà réagi au quart de tour). Se préoccuperait-on de ses promotions ?
Tracfin s’était d’abord adressé à Nanterre mais, ce n’est qu’en septembre dernier qu’il a été jugé judicieux d’avertir les juges Van Ruymbeke et Le Loire.

Ce serait donc la troisième mise en examen (en fait, pour le 1 % logement, il était déjà « prévenu », ce qui revient au même) pour Thierry Gaubert. On ne lui reprochait auparavant, dans l’affaire Takieddine de ventes d’armes et autres, que le convoyage de fonds occultes du temps de son passage à Bercy auprès de Sarkozy (1993-1995). Enfin, plutôt, on ne se pressait guère pour lui reprocher autre chose.

En septembre dernier, Gaubert affirmait détenir des comptes à l’étranger uniquement dans le cadre de projets immobiliers, dont il s’occupait depuis une quinzaine d’années. Pas grand’chose à racler en Suisse (où un compte « Legris », en un seul mot quand même), ne serait plus crédité que d’une petite somme pour frais de bouche (23 800 euros, une misère). L’argent, sur un compte ouvert via la Suisse en 1995, est en fait lié à une société domiciliée dans les Îles Vierges, bien loin de notre continent.

Un autre compte suisse a été transféré aux Bahamas. Depuis, grâce à Nicolas Sarkozy, Gaubert s’était retrouvé banquier, à Natixis (Banques populaires, et on n’est pas populaire sans raison, et Caisses d’Épargne, où l’écureuil avait des noisettes). Il resterait un millions d’euros à « dormir » aux Bahamas. Le matelas n’est pas assez gros pour somnoler dessus, il fait donc chambre à part.

Délocaliser ?

On en vient à se demander d’ailleurs si les affaires Gaubert ne mériteraient pas non plus de faire chambre à part, loin de Nanterre. Bourges, par exemple, qui vient de recevoir le procureur Éric de Montgolfier, ne rime pas avec « enterre ». Certes, la rime riche évoque « courges » (ce pour quoi passent les contribuables ordinaires). Bah, pour les pauvres, qui voient rouge, gouge, au sens médical du terme, pourrait suffire. Dans ce cas, pourquoi pas le TGI de Montrouge ? Ah non, c’est encore dans les Hauts-de-Seine. Va pour Bourges…