The Artist, un OFNI à voir absolument

 Depuis hier, dans tous les bons cinémas de France, les spectateurs peuvent se délecter  en voyant  The Artist, chef d’œuvre allant à contre-courant de l’air du temps, où le numérique et la 3D mènent la danse. Le film réalisé par le très doué Michel Hazanavicius est une œuvre assez surprenante car reprenant des codes dépassés depuis des décennies dans le monde du 7ème art. Le noir et blanc pour l’image et les musiques rythmant l’action en guise de composition sonore, exit les dialogues, nous sommes dans un film muet, comme ceux qui ont fait le bonheur des salles de cinéma dans les années 1920-1930, une époque bénie où il n’était pas rare de voir des salles de plusieurs milliers de places. De la pugnacité, Michel Hazanavicius en a eu besoin, tous les producteurs lui riaient au nez quand il leur parlait de ce projet incongru au détour d’une conversation. Après le succès des deux adaptations d’OSS, au Caire et à Rio, avec dans le rôle-titre, Jean Dujardin, le réalisateur pouvait utiliser de sa nouvelle notoriété pour convaincre et il a réussi à emmener dans son aventure l’un des plus jeune et important producteur, Thomas Langmann. On ne change pas une équipe qui gagne, c’est pourquoi Michel Hazanavicius a remis devant la caméra le même duo que l’on a pu croiser dans OSS 117 : Le Caire nid d’espion, Jean Dujardin et Bérénice Béjo. Le couple fonctionne parfaitement, c’est sans fausse note que l’on est saisi dans cette histoire romantique et dramatique narrant d’un côté la chute et la décadence d’un acteur muet et de l’autre,  la montée vers les étoiles d’une jeune figurante qui se fait une place au soleil avec l’arrivée du cinéma parlant. Les deux destins allant dans des directions différentes vont se croiser et c’est dans cette toile de fond artistiquement bouleversante que cette romance va commencer à germer. L’hommage rendu avec virtuosité à cette époque oubliée a reçu un éloge unanime de la critique, tellement qu’au festival de Cannes, Jean Dujardin a décroché le prix d’interprétation et que le chien du film, Uggy, fut honoré de la Palm Dog. Pour que l’équation soit parfaite, c’est au tour des spectateurs de jouer, d’y aller et surtout de ne pas faire comme l’action à l’écran, rester muet et de faire fonctionner le bouche à oreille.