Et il était temps ! Car depuis plusieurs années maintenant, la série commençait sérieusement à prendre du plomb dans l’aile, avec on se rappelle un cross-over absolument indigeste qui mélangeait les personnages de Mortal Kombat à ceux de la DC Comics, pour un résultat aux antipodes de ce que l’on connaissait jusqu’à présent. Non seulement les deux univers n’allaient pas du tout ensemble, mais en plus, l’aspect gore avait été évincé afin que les super-héros de la DC Comics ne soient pas humiliés sur la place publique. Des Fatalités tronquées, un gameplay à côté de la plaque et l’absence totale d’hémoglobine (qui est pourtant le seul et unique argument à ne jamais retirer d’un épisode de Mortal Kombat), pas étonnant que les joueurs aient tourné le dos à ce Mortal Kombat vs. DC Universe, qui a ainsi servi de leçon à toute la profession. Cette remise en question de la franchise s’est opérée tout abord par l’abandon de tout superflu lié au titre. Officieusement, il s’agit bien du neuvième épisode de la saga, mais officiellement, celle-ci reprend de zéro pour faire ainsi table rase du passé. Renouer avec les origines de la licence et ne plus jamais la trahir, tel a été le leitmotiv d’Ed Boon et de son équipe, qui se sont inspirés des premiers opus pour séduire à nouveau les gamers. Cela se traduit à l’écran par un choix de casting plutôt judicieux puisque les développeurs ont focalisé leur attention sur les personnages les plus emblématiques et donc les représentatifs de la saga. Exit les Mavado, Li Mei, Frost, Nivada, Kobra et tous ces protagonistes nés à l’époque de la PlayStation 2 et de la première Xbox, on retrouve avec délice mais surtout nostalgie des piliers tels que Scorpion, Liu-Kang, Raiden, Johnny Cage, Striker, Nightwolf, Baraka, Reptile, Syndel, Cyrax, Sektor, pour ne citer qu’eux. Le roster affiche pas moins de 30 kombattants (avec un K pour coller à l’esprit), dont un certain Kratos qui fait figure de guest-star dans la version PlayStation 3. Un personnage qui sied assez bien à l’univers de Mortal Kombat, tant notre divin chauve éventre et arrache des têtes sans la moindre concession.
Sang pour sang
La violence est donc au rendez-vous dans ce nouveau Mortal Kombat, qui n’hésite pas à faire couler le sang par hectolitres et à afficher les dégâts que peuvent causer les coups à travers une vision à rayons X, l’équivalent ici des furies que l’on connaît dans le genre. Cette barbarie visuelle est appuyée par une mise en scène pour le moins dynamique, rappelant celle de Street Fighter IV avec des plans rapprochés au moment des Focus Attacks. C’est d’autant plus agréable car la caméra n’est désormais plus jamais fixe et n’hésite pas à se décaler de temps à autres, afin de donner de la profondeur et rendre les coups encore plus spectaculaires. Graphiquement d’ailleurs, Mortal Kombat s’en sort plutôt bien dans sa globalité, même si de près, la modélisation des personnages laisse parfois à désirer. Certains d’entre eux manquent en effet de relief et de détails, mais c’est surtout le chara-design qui ne fera pas l’unanimité ; surtout du côté des protagonistes à visage humain tels que Liu Kang, Kung Lao, Johnny Cage, Raiden ou bien encore Sonya Blade, qui ne sont vraiment pas beaux à regarder. Heureusement, le titre de Warner Bros. Interactive se rattrape au niveau des décors qui feront chavirer le cœur des joueurs qui ont grandi avec les trois premiers épisodes dans les années 90. Les artistes de chez NetherRealm Studios ont en effet choisi les meilleurs environnements pour les remettre au goût du jour, et c’est un véritable plaisir que de retrouver le dojo en plein air avec ses moins Shaolin, la forêt hantée, le pont suspendu ou bien encore la cave de Goro.
…on peut compter sur le contenu, exhaustif et c’est le cas de le dire, avec pour commencer un mode "Histoire" d’une richesse incroyable, doté d’un scénario permettant de passer d’un personnage à un autre avec une telle fluidité, qu’on a envie d’aller jusqu’au bout de l’aventure."
L’aspect graphique n’est pas le seul élément qui a été revu et corrigé dans ce Mortal Kombat, le gameplay également. Attention tout de même, ne vous attendez pas à atteindre un niveau d’exigence à la SUPER Street Fighter IV ou n’importe quel épisode de KOF, le titre se veut toujours plus accessible que la moyenne. On retrouve ainsi les bases qui ont fait le succès de la saga, avec ses coups de pied sautés, ses balayettes et ses uppercuts qui font toujours aussi mal à la barre de vie. Les combos ont gagné également en profondeur, avec cette fois-ci un système de juggles qui permettra aux fans de Tekken d’exercer tout leur talent. C’est surtout l’introduction d’une jauge de pouvoir en bas de l’écran qui change quelque peu la donne. Découpée en trois parties distinctes (Enhancer, Breaker, X-Ray), celle-ci offre la possibilité aux combattants de renverser une situation qui pouvait sembler perdue à première vue. L’Enhancer par exemple permet de décupler la force – et donc les dégâts – de certaines attaques et autres coups spéciaux. Les Streetfightiens appellent ça un coup EX. Une fois la pastille Breaker activée, il est possible de canceller n’importe quelle attaque adverse, tandis que le X-Ray n’est autre que l’équivalent des furies et qui rend les combats encore plus jouissifs. Quant à la cerise sur le gâteau, il s’agit ni plus ni moins des Fatalités, toujours plus féroces les unes que les autres. Il en existe entre deux et trois par personnage, auxquelles s’ajoutent un Stage Fatality et même un Babality qui humiliera comme il se doit son adversaire. Un gameplay aux petits oignons donc, fidèle à l’ambiance MK, un peu entaché malheureusement par la rigidité des animations et de quelques imprécisions dans les collisions. Mais c’est surtout le déséquilibre entre certains combattants qui fait grincer des dents, au point que certains d’entre eux sont laissés aux oubliettes, surtout lors des combats en ligne. Des persos tels que Scorpion, Smoke, Shang Tsung ou bien encore Ermac sont bien au-dessus de la mêlée, tandis que d’autres tels que Sonya Blade, Jade, Sheeva, et même Sub-Zero auront du mal à s’en sortir. Dommage. Pour palier à ce manquement, on peut compter sur le contenu, exhaustif et c’est le cas de le dire, avec pour commencer un mode "Histoire" d’une richesse incroyable, doté d’un scénario permettant de passer d’un personnage à un autre avec une telle fluidité, qu’on a envie d’aller jusqu’au bout de l’aventure. Ceux qui ne souhaitent pas s’embêter avec l’histoire du jeu, et garder le même perso jusqu’au combat final face à Shaoh Khan, peuvent enchaîner les combats dans le mode Ascension. Toujours concernant les joueurs solitaires, il est possible de passer du bon temps avec le Tower Challenge qui propose bon nombre de mini-jeux (Test your might, sight, strike, luck) et qui rappelle que Mortal Kombat ne se prend jamais au sérieux. Le Tag Team est là pour proposer une autre alternative dans les rixes puisqu’il est possible de switcher d’un perso à un autre à loisir, même si in fine, ça devient assez bordélique. Reste alors le mode online, parfait pour mesurer sa force face aux joueurs du monde entier, avec une option spectateur et la possibilité d’engranger également des points nécessaires pour débloquer les nombreux bonus. Bref, une richesse assez rare pour le souligner et qui satisfera aussi bien la communauté MK que ceux qui découvrent la série pour la première fois.