La rencontre entre le Français Nicolas Mahut et l’Américain John Isner s’éternise  d’une manière ahurissante, abattant tous les records au fil des minutes qui passent. C’est d’ailleurs sans doute le premier match de tennis interrompu deux fois à cause de la nuit.

 

Pour ceux qui ont envie de suivre un Français qui se défonce sur une pelouse, c’est du côté de Windbledon qu’il convient de tourner les regards. Et pas seulement parce que Clément, Simon, Tsonga et Monfils rassurent leurs supporters mais parce qu’un autre Hexagonal fait parler de lui en entrant dans l’Histoire du tennis mondial.

Il s’agit de Nicolas Mahut (148e mondial) dont l‘affrontement avec l‘Américain John Isner (19e) tourne à l‘épique. Qu‘on en juge : interrompu mardi à deux manches partout à cause de la nuit, le match a repris ce mercredi à 15 h pour l‘ultime set. À six jeux partout, les échanges se sont poursuivis puisqu‘il n‘existe pas de tie-break dans cette dernière manche, au tournoi de Londres. Et c‘est ainsi que les jeux se sont enchaînés d‘une manière hallucinante, aucun des deux joueurs ne parvenant à prendre le pas sur son adversaire (Nicolas Mahut sauvera tout de même deux balles de match à…32-33 puis deux autres à…58-59).

Un combat de titans entre deux athlètes aux statures imposantes : alors que l’Angevin, 28 ans, mesure 1,90 m pour 80 kg, l’Américain, 24 ans, accuse 2,06 m sous la toise pour un poids de 11 kg. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a affaire ici à deux garçons prêts à rendre service. Ou plutôt à rendre service pour service comme on rend coup pour coup, Isner faisant tomber la foudre de manière métronomique du haut de son double mètre, y compris en deuxième balle, tandis que le Français faisait valoir au service une précision de frappe étonnante. En tout, ce sont plus de deux cents aces qui ont été comptabilisés dans cette rencontre !

Un marathon de serveurs qui s’est prolongé sept heures durant, ce mercredi, et dix heures en tout depuis son début, ce qui relègue le précédent record du genre (Santoro-Clément en 2004 à Roland-Garros : 6 h 33) au rayon des aimables promenades.
Au moment où l’arbitre a fait cesser les débats, ce ne sont pas moins de…163 jeux qui avaient été disputés dans cette rencontre interminable. À tel point que le tableau d’affichage électronique en a perdu ses chiffres…

Les deux joueurs ont rendez-vous ce jeudi en début d’après-midi pour reprendre cette partie qui est d’ores et déjà inscrite dans les annales tennistiques et sans doute pour longtemps.
Au-delà de l’aspect démesuré de l’événement, le suspense reste entier, sportivement parlant. Reste à savoir qui pliera le premier et qui mordra le gazon. Est-ce que le Français gagnera cette guerre d’Isner ou est-ce que l’Américain s’écriera « Nicolas m’a eu » ?

Ce qui est sûr, c’est que les deux joueurs en sortiront éprouvés. Les répercussions seront donc physiques pour le vainqueurs et mentales pour le perdant qui se dira « tout ça pour ça ». Avec la consolation de figurer dans le prochain livre des Records, cependant.