Tempête du Brexit

Le verdict du scrutin Outre-Manche semble avoir laissé sans voix pas mal de monde si l’on s’en tient au nombre de protestataires qui s’estiment floués par les Nigel Farage ou au nombre de signataires de la pétition réclamant un nouveau référendum. Comment s’en étonner si chez les Brexiters eux-mêmes, l’euphorie n’est même pas au rendez-vous, nous dit-on, à tel point que la sortie risque de se faire à reculons. A moins que la règle du flegme en toute circonstance n’y soit pour quelque chose.

Dans ce climat de sinistrose, les ondes de choc ne faiblissent toujours pas. Hollande, Merkel, se sont grimés pour la circonstance en porteurs d’épée de Damoclès et le Royaume-Uni tremble sous les menaces tous azimuts et de sécession et de récession. Devant une telle débâcle, même Marine LePen la bombeuse de torse qui se veut avant-gardiste y réfléchirait à deux fois si d’aventure, l’occasion de faire sa Cameron, se présentait à elle…

Face à un tel casse-tête, les voeux des Anglais de repousser l’échéance de la procédure de divorce ont enfin été exaucés et la favorite Theresa May pourrait prendre les commandes de cette opération de transition. Loin d’être à leur coup d’essai, les habitants « de cette ancienne colonie française qui a mal tourné » ont pourtant toujours été du genre à tirer sur la corde en dehors tout comme au sein de cette communauté . Cette fois-ci, ils ont été plus loin, leur rejet de l’UE n’a d’égal que l’arrogance des instances européennes et leur mépris grandissant du bon sens populaire. Si l’UE n’est pas une secte, si Jean-Claude Junker n’est pas un gourou, les méthodes de la communauté n’en demeurent pas moins totalitaires à l’égard de tout « apostat ». Tout veto populaire supposé mettre en péril le bon fonctionnement de cette organisation est repoussé d’un revers de main.

Parmi les sages censés nous éclairer, aucun europhile ne s’est battu pour le droit à la parole des Brexiters. A l’inverse, nombreux nous ont abreuvés de leurs oracles sur la suite apocalyptique du feuilleton. Cohn Bendit a fait preuve d’une de ces lucidités qu’on ne lui connaissait pas jusque là, s’offusquant que « le passé décide de l’avenir » ! Les soixante ans et plus tenus pour responsable du fiasco du 24juin, jour où le ciel nous est tombé dessus… A se demander pourquoi Cohn Bendit et ses homologues matures continuent à faire de la politique. A quand les bulletins de vote à points pour mettre hors d’état de nuire les « incompétents »?

Méthode manifestement contre productive que celle de l’éternelle intimidation, à la BHL, de tous ceux qui réclament un peu moins d’Europe pour préserver leurs intérêts en leur brandissant les idéaux des pères fondateurs desquels se sont éloignés leurs successeurs…