Lancée avec vigueur et détermination, la volonté de réforme de la télévision publique peine depuis cette annonce médiatique à se concrétiser. Ou plutôt elle emprunte des chemins bien connus qui font plaisir à certains mais ne règle rien.
Dans cette histoire, considérons qu'il y a 3 acteurs principaux : les chaînes publiques, les chaînes privées et les annonceurs. Les premières se voient privées des derniers, vous me suivez ? […/…]

Du coup, la question qui se pose est assez simple : comment compenser les pertes financières punliques ?
Réponse de Jean-François Copé, en autorisant une deuxième coupure publicitaire sur les chaînes privées. Et pourquoi donc ? "Pour compenser les pertes". Ah, bien. Mais lesquelles ?
Enfin tout ceci n'est guère surprenant et il était prévisible que toute cette mascarade n'avait en fait d'autre but que d'offrir au secteur télévisuel privé de nouvelles ressources.

Là où cela devient rigolo c'est que l'on peut penser que ce soutien grossier aux amis propriétaires de chaînes de notre médiatique Président devait être masqué par quelques artifices comme la hausse de la redevance par exemple. Notons qu'en ces temps de dénonciation du pouvoir d'achat, il est singulier que l'Etat légalise au profit du privé tout en surtaxant le citoyen. Au moyen d'un impôt s'appliquant au plus grand nombre qui plus est. Mais enfin on va pas leur demander de faire du social non plus.

Reste que le Président déjà au quatrième dessous dans ces chers sondages et menacé par pèle-mèle les fonctionnaires, les pêcheurs, les routiers, les dockers, les commerçants… n'est pas emballé à l'idée de se mettre à dos l'ensemble des téléspectateurs. D'où son refus d'une telle hausse au grand désarroi du président de la Commission sur la nouvelle télévision publique qui pensait pouvoir manoeuvrer avec plus d'aisance. Oui mais voilà, le maire de Meaux, également chef du groupe UMP à l'Assemblée Nationale est depuis quelque temps dans le collimateur présidentiel coupable de laisser trop de liberté aux députés de la Majorité. D'où ce joyeux vaudeville politique, un jet'aimemoinonplus à l'attention d'un des nombreux Iznogouds de droite, de ceux qui aimeraient être calife à la place du calife.

Vous me direz que, pendant ce temps là, on n'a toujours pas trouvé ce qui remplacera les anciens spots publicitaires de France Télévision. Certes. Mais on a un nouveau feuilleton,100% public, qui se joue devant nos yeux avec du sexe, du luxe, des scandales, des gentils, des méchants, du rire, des larmes. Une superproduction élyséenne qui vient à peine d'achever sa saison 1 (parait qu'il y en a au moins 5 !).

Et si elle était là, la vraie réforme de l'audiovisuel public ? la suppression annoncée de France Télévisions pour laisser place nette à Télé Elysée. Une manière d'isoler aussi un peu plus cette presse si critique. Gageons que les candidatures d'animateurs et autres producteurs ne manqueront pas pour rejoindre ce nouvel univers qui nous dispensera de toutes ces éditions régionales pour ne plus retenir qu'une seule voix. Sylvio Berlusconi pourrait être consultant en la matière…

Une chaîne, une voix, un Président,l'ordre nouveau est en marche. Ne manquez pas le prochain épisode. Tout de suite après la pub…