Taoufik Ben Brik est empêché de présenter son dernier livre, « Je ne partirai pas », à Alger. Le journaliste et écrivain tunisien dénonce la solidarité qui prévaut entre les régimes arabes et affirme que « l’Algérie devient un duplicata de la Tunisie ». Entretien exclusif.
Vous deviez tenir une conférence à Alger le 22 janvier. Pourquoi est-elle finalement annulée ?
– La rencontre portait sur la sortie de mon nouveau livre, « Je ne partirai pas », qui vient de paraître en Algérie aux éditions Chihab. J’ai été invité par cette maison d’édition et le Centre culturel français d’Alger, qui organisait une rencontre pour promouvoir le livre maghrébin. Dimanche, Pierre Barrot, l’attaché culturel de l’ambassade de France en Algérie, m’a appelé pour me dire que la conférence était annulée. C’est la présidence algérienne qui a contacté l’ambassade pour empêcher ma venue. J’étais pourtant prêt à partir, j’avais mes billets.
Est-ce le thème du livre qui posait problème ?
– Il parle de ce Tunis qui n’existe plus et qui est devenu Manhattan. C’est un ouvrage humoristique et littéraire. Je n’ai d’ailleurs pas pu le publier en France, parce que les maisons d’édition le jugent trop littéraire.
Comment expliquez-vous la décision de la présidence algérienne ?
– Tout a commencé en 2000. Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu’il n’était pas question que je me rende en Algérie. La présidence algérienne affirme que ma venue dans le pays constituerait un incident diplomatique. Je suis déjà interdit de séjour au Maroc, en Egypte et au Liban. La solidarité arabe entre les régimes prévaut. En interdisant mon allocution, l’Algérie devient un duplicata de la Tunisie. Par ailleurs, il y a eu, en plus d’une solidarité algéro-tunisienne, une solidarité franco-algérienne.
En quoi gênez-vous les pays arabes ?
– Je suis trop libre, je ne mâche pas mes mots. J’ai l’expression avant d’avoir la liberté. Un régime démocratique, on le critique, moi j’abhorre le gouvernement tunisien, qui est un régime despotique. Il a fait de mon pays une prison sans barreaux.
Seriez-vous prêt à être moins virulent pour ne plus être rejeté ?
– Je ne suis pas virulent. Je ne peux simplement pas ne pas être en colère. Comme je l’ai déjà dit dans Le Nouvel Observateur, je suis un parrain dans une prison sicilienne. Je suis incapable de quitter ce pays, même si je dois être sans le sou.
Interview de Taoufik Ben Brik par Bérénice Rocfort-Giovanni
Nouvel Obs – le lundi 21 janvier 2008
Taoufik Ben Brik est empêché de présenter son dernier livre, « Je ne partirai pas », à Alger. Le journaliste et écrivain tunisien dénonce la solidarité qui prévaut entre les régimes arabes et affirme que « l’Algérie devient un duplicata de la Tunisie ». Entretien exclusif.
Vous deviez tenir une conférence à Alger le 22 janvier. Pourquoi est-elle finalement annulée ?
– La rencontre portait sur la sortie de mon nouveau livre, « Je ne partirai pas », qui vient de paraître en Algérie aux éditions Chihab. J’ai été invité par cette maison d’édition et le Centre culturel français d’Alger, qui organisait une rencontre pour promouvoir le livre maghrébin. Dimanche, Pierre Barrot, l’attaché culturel de l’ambassade de France en Algérie, m’a appelé pour me dire que la conférence était annulée. C’est la présidence algérienne qui a contacté l’ambassade pour empêcher ma venue. J’étais pourtant prêt à partir, j’avais mes billets.
Est-ce le thème du livre qui posait problème ?
– Il parle de ce Tunis qui n’existe plus et qui est devenu Manhattan. C’est un ouvrage humoristique et littéraire. Je n’ai d’ailleurs pas pu le publier en France, parce que les maisons d’édition le jugent trop littéraire.
Comment expliquez-vous la décision de la présidence algérienne ?
– Tout a commencé en 2000. Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu’il n’était pas question que je me rende en Algérie. La présidence algérienne affirme que ma venue dans le pays constituerait un incident diplomatique. Je suis déjà interdit de séjour au Maroc, en Egypte et au Liban. La solidarité arabe entre les régimes prévaut. En interdisant mon allocution, l’Algérie devient un duplicata de la Tunisie. Par ailleurs, il y a eu, en plus d’une solidarité algéro-tunisienne, une solidarité franco-algérienne.
En quoi gênez-vous les pays arabes ?
– Je suis trop libre, je ne mâche pas mes mots. J’ai l’expression avant d’avoir la liberté. Un régime démocratique, on le critique, moi j’abhorre le gouvernement tunisien, qui est un régime despotique. Il a fait de mon pays une prison sans barreaux.
Seriez-vous prêt à être moins virulent pour ne plus être rejeté ?
– Je ne suis pas virulent. Je ne peux simplement pas ne pas être en colère. Comme je l’ai déjà dit dans Le Nouvel Observateur, je suis un parrain dans une prison sicilienne. Je suis incapable de quitter ce pays, même si je dois être sans le sou.
Interview de Taoufik Ben Brik par Bérénice Rocfort-Giovanni
Nouvel Obs – le lundi 21 janvier 2008
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