Invité par l’ambassade de France à Alger, dans le cadre de la rencontre littéraire Un auteur, un livre, hier après-midi à 17h, au Centre culturel français, le journaliste et écrivain tunisien Taoufik Ben Brik a vu son déplacement annulé.

Il devait prendre l’avion depuis Tunis hier matin à 9h40 pour arriver à Alger à 10h40. Il n’est jamais parti pour pasticher son nouveau livre. Alors qu’il venait présenter son dernier ouvrage intitulé « Je ne partirai pas », paru en Algérie aux éditions Chihab en avril 2007. Un « refus » ne voulant guère dire son nom, selon Taoufik Ben Brik, joint hier par téléphone :

« J’ai été invité à me rendre à Alger par l’ambassade de France et le Centre culturel français. Hier (le 20 janvier 2008), l’ambassade m’a signifié l’annulation de la rencontre littéraire parce que cela allait provoquer un incident diplomatique et que si je me rendais à Alger, je serais expulsé. Je ne sais pas pourquoi on ne veut pas de moi en Algérie. Peut-être c’est à cause d’une polémique autour de Ali Lapointe (Ben Brik l’aurait qualifié de proxénète), un héros national, un combattant et un immense révolutionnaire algérien de la Bataille d’Alger. C’est à l’époque où j’avais entamé une grève de la faim en France, en 2000. Et où j’avais dit que je cesserai cette grève à La Casbah, à Alger, où a combattu Ali Lapointe. Vous savez, pour vous exprimer ma fascination pour Ali Lapointe, j’ai appelé mon fils Ali qui a dix ans. Je suis interdit de séjour au Maroc, en Egypte, au Liban... A propos de cette rencontre, à l’ambassade de France, on m’a dit que je devais parler uniquement de littérature et pas de politique. Qu’il fallait que je me taise. Et qu’une association de moudjahidate algériennes allait protester contre ma venue en Algérie. Je leur ai répondu que je ne pouvais pas me retenir. J’aime toujours Alger. Au fait, cette interdiction de séjour, c’est Benali (Zine Abidine, le président tunisien). Il avait même envoyé Masmoudi à Alger pour voir le président Bouteflika… ».

A rappeler que lors d’une visite au Canada en avril 2000, le président Bouteflika avait déclaré au cours d’une rencontre avec les membres du Club national de la presse – à propos de l’interdiction de séjour du journaliste tunisien Taoufik Ben Brik – :

« Je suis un patriote, un nationaliste et un chauvin… Il y a des lignes rouges que je ne dépasserai pas… Voilà un frère qui nous vient de Tunisie, nous avons suivi son odyssée avec beaucoup de sympathie. Et voilà, il arrive à Paris et il traite Ali Lapointe, héros national, de proxénète… Alors, il est indésirable dans mon pays et il n’est pas le bienvenu chez le peuple algérien. On n’insulte pas les symboles nationaux de l’Algérie. L’Algérie n’est pas un dépotoir ».

Le dernier ouvrage de Taoufik Ben Brik, « Je ne partirai pas », paru en Algérie aux éditions Chihab, préfacé par notre collègue d’El Watan, le chroniqueur Chawki Amari, est une sorte de guide, un viatique et une ode à sa ville, Tunis, mêlant nostalgie, impertinence, critique et un certain regard pittoresque sur sa cité insulaire.

K. S. – El Watan – 22 janvier 2008

Invité par l’ambassade de France à Alger, dans le cadre de la rencontre littéraire Un auteur, un livre, hier après-midi à 17h, au Centre culturel français, le journaliste et écrivain tunisien Taoufik Ben Brik a vu son déplacement annulé.

Il devait prendre l’avion depuis Tunis hier matin à 9h40 pour arriver à Alger à 10h40. Il n’est jamais parti pour pasticher son nouveau livre. Alors qu’il venait présenter son dernier ouvrage intitulé « Je ne partirai pas », paru en Algérie aux éditions Chihab en avril 2007. Un « refus » ne voulant guère dire son nom, selon Taoufik Ben Brik, joint hier par téléphone :

« J’ai été invité à me rendre à Alger par l’ambassade de France et le Centre culturel français. Hier (le 20 janvier 2008), l’ambassade m’a signifié l’annulation de la rencontre littéraire parce que cela allait provoquer un incident diplomatique et que si je me rendais à Alger, je serais expulsé. Je ne sais pas pourquoi on ne veut pas de moi en Algérie. Peut-être c’est à cause d’une polémique autour de Ali Lapointe (Ben Brik l’aurait qualifié de proxénète), un héros national, un combattant et un immense révolutionnaire algérien de la Bataille d’Alger. C’est à l’époque où j’avais entamé une grève de la faim en France, en 2000. Et où j’avais dit que je cesserai cette grève à La Casbah, à Alger, où a combattu Ali Lapointe. Vous savez, pour vous exprimer ma fascination pour Ali Lapointe, j’ai appelé mon fils Ali qui a dix ans. Je suis interdit de séjour au Maroc, en Egypte, au Liban... A propos de cette rencontre, à l’ambassade de France, on m’a dit que je devais parler uniquement de littérature et pas de politique. Qu’il fallait que je me taise. Et qu’une association de moudjahidate algériennes allait protester contre ma venue en Algérie. Je leur ai répondu que je ne pouvais pas me retenir. J’aime toujours Alger. Au fait, cette interdiction de séjour, c’est Benali (Zine Abidine, le président tunisien). Il avait même envoyé Masmoudi à Alger pour voir le président Bouteflika… ».

A rappeler que lors d’une visite au Canada en avril 2000, le président Bouteflika avait déclaré au cours d’une rencontre avec les membres du Club national de la presse – à propos de l’interdiction de séjour du journaliste tunisien Taoufik Ben Brik – :

« Je suis un patriote, un nationaliste et un chauvin… Il y a des lignes rouges que je ne dépasserai pas… Voilà un frère qui nous vient de Tunisie, nous avons suivi son odyssée avec beaucoup de sympathie. Et voilà, il arrive à Paris et il traite Ali Lapointe, héros national, de proxénète… Alors, il est indésirable dans mon pays et il n’est pas le bienvenu chez le peuple algérien. On n’insulte pas les symboles nationaux de l’Algérie. L’Algérie n’est pas un dépotoir ».

Le dernier ouvrage de Taoufik Ben Brik, « Je ne partirai pas », paru en Algérie aux éditions Chihab, préfacé par notre collègue d’El Watan, le chroniqueur Chawki Amari, est une sorte de guide, un viatique et une ode à sa ville, Tunis, mêlant nostalgie, impertinence, critique et un certain regard pittoresque sur sa cité insulaire.

K. S. – El Watan – 22 janvier 2008

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