Tais-toi quand tu parles !

Alliot-Marie sur Edvige, Darcos sur les profs de maternelle, Kosciusko-Morizet et Sarkozy sur la laïcité : un festival de n'importe quoi gouvernemental ! Pas une, pas deux, pas trois mais quatre phrases du jour, toutes prononcées par des membres du gouvernement ou le président lui-même, qui nous gâtent décidément en matière de grossière mauvaise foi et de manipulation.

"Dans le nouveau projet de décret, l’aspect personnalités est supprimé du fichier Edvige lui-même. Afin de recueillir néanmoins les informations de base sur l’identité des personnes physiques ou morales qui jouent un rôle institutionnel économique, social ou religieux significatif, un répertoire administratif des personnalités pourra être tenu (…) et naturellement seront expressément exclues, je dis bien expressément, toute donnée relative aux origines raciales, ethniques, à la santé ou à la vie sexuelle car en effet, on n’en a rien à faire", annonce Michèle Alliot-Marie à l’Assemblée nationale (vidéo sur Le Post). Mais si "on en a rien à faire", pourquoi donc le renseignement de telles données était-il prévu par le décret de juin, qui aurait été tranquillement appliqué sans une mobilisation citoyenne tout l’été ? Autre modification, concernant les mineurs celle-la : l’inscription au fichier sera effacée au bout de 5 ans (le "droit à l’oubli"). On voit bien que le problème d’Edvige n’a rien à voir avec une mauvaise communication, comme tente de le faire accroire Nicolas Sarkozy : "J’observe que cette affaire n’a pas été expliquée comme elle aurait dû être expliquée", a-t-il en effet déclaré (à voir ici). Le gouvernement a tellement mal expliqué qu’il y avait besoin que soit fait mention de l’état de santé et des orientations sexuelles des personnalités que, finalement, il s’aperçoit qu’ "on en a rien à faire" et supprime "expressément" ces données ! Le gouvernement a si mal expliqué qu’il fallait ficher à vie les mineurs, à partir de 13 ans, si l’on estime qu’ils risquent de causer des troubles, qu’il s’avise en définitive qu’on les effacera du fichier au bout de 5 ans… Nul problème d’explication : ces dispositions liberticides étaient injustifiables, de quelque façon qu’on tente de les défendre – sauf à mentir, comme Frédéric Lefebvre. Et le Pouvoir recule en les retirant. Mais pas assez : la condition pour être fiché dans Edvige sera désormais d’être "susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique", au lieu de la formulation précédente d’ "ordre public". Donc rien de changé au fait qu’on ne doive pas commettre de délit mais seulement que la police estime qu’on serait susceptible de le faire, sans que soient le moins du monde précisées les conditions nécessaires pour justifier cette crainte : inacceptable !

darcos"Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ?", a dédaigneusement balancé Xavier Darcos, ministre de la Casse de l’Education nationale (en vidéo chez Rue89). Le secrétaire général du SE-Unsa (Syndicat enseignant de l’Union nationale des syndicats autonomes, Luc Bérille, a beau jeu de se déclarer "désolé de voir le ministre manifester son ignorance crasse pour le travail de ceux qui dépendent normalement de son ministère : une des conditions pour l’inscription à l’école maternelle est justement que les enfants soient propres. Dire que ça résume à lui seul le travail des collègues de maternelle, c’est particulièrement injurieux pour la profession" (sans compter que les enseignants bénéficient de l’aide des assistantes territoriales). Le pire est que Darcos conclut son propos par ces mots : "Donc la question du pré-élémentaire me paraît devoir être posée, mais elle est très difficile à soulever, sans immédiatement amener avec elle une tempête de polémiques". Sûr qu’en prétendant que le rôle essentiel des enseignants de Maternelle est de faire faire des siestes et de changer les couches, le ministre s’y prend à merveille pour justement attiser les polémiques !

nkmIl ne faut "pas être extrémiste de la laïcité comme on peut être intégriste de la religion", a cru bon de se lâcher Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Ecologie – dont on peine à saisir en quoi ce sujet la concerne. Comme citoyenne, soit, mais alors évitons de dire n’importe quoi ! Elle défendait ainsi la foutaise le concept de "laïcité positive" cher au président Sarkozy. "La laïcité, ça doit être quelque chose de naturel qui accepte la religion." Et positive, alors ? Ce serait "une façon de dire que la laïcité doit être quelque chose de serein : Ce doit être à la fois une séparation nette entre la religion et l’Etat et puis en même temps un dialogue, dire que la religion joue un rôle, accepter son rôle social". Que de confusion dans ces propos ! Remettons les pendules à l’heure, en citant, avec la blog de La mouette, auteure d’un excellent article sur le sujet, la philosophe Catherine Kintzler, qui règle son sort à cette "laïcité positive" : "On a l’impression que c’est la même chose que la laïcité, mais en mieux. Alors qu’en réalité, cette expression vide le concept de laïcité de son sens, puisque la définition de la laïcité est forcément négative et minimaliste. La laïcité, c’est dire qu’il n’est pas nécessaire de croire en quoi que ce soit pour fonder le lien politique." La laïcité est la laïcité, ni positive, ni négative. Elle est séparation de la sphère privée et de la sphère publique, un point c’est tout. Sarkozy entretient sciemment une confusion intellectuelle. La laïcité n’a jamais empêché qui que ce soit de pratiquer son culte, comme le sous-entend NKM, la voix de son maître, en demandant qu’elle "accepte la religion". "Séparation nette entre la religion et l’Etat", dit la secrétaire d’Etat ? Eh bien nous sommes d’accord, ce n’est ni plus, ni moins que la laïcité tout court, pas besoin d’ajouter "positive". "Séparation nette", on n’en demande pas plus que ça ! Donc on ne finance pas avec l’argent public les religions, la constructions des lieux de culte, ni les associations cultuelles, ni l’enseignement confessionnel. Or voilà où ces hypocrites veulent nous emmener, avec leur brumeuse "laïcité positive", tentative avérée de manipulation de l’opinion : à vider de son sens le concept même de laïcité, en permettant à l’Etat de subentionner les cultes, comme le préconise le rapport Machelon, lourd de graves menaces. "En quête de hauteur présidentielle, fasciné par la société américaine, Nicolas Sarkozy a fait sien le mariage du sabre et du goupillon. Il ne croit pas en cette exception française en terme d’organisation de l’espace public seulement partagée par le Mexique et la Turquie. Il rêve d’un modèle proche des anglo-saxons où la pensée religieuse est omniprésente et où les interventions militaires extérieures prennent des allures de croisade, de choc des civilisations", écrit La mouette. A rapprocher de la récente sortie de François Fillon sur le conflit contre "le monde musulman". Quant à la dénonciation des "extrémistes de la laïcité", nous renvoyons NKM à ses chères études et l’apostrophe que lui adresse Eric, blogueur mulhousien sur Bétapolitique  : "A-t-on déjà vu des extrémistes laïques attaquer un cinéma et tuer des êtres humains parce que celui-ci diffusait un film religieux ? A-t-on déjà vu des extrémistes laïques assassiner des médecins parce que ceux-ci refusaient de pratiquer des avortements ? A-t-on déjà vu des extrémistes laïques détourner des avions et les faire se fracasser sur des tours car ils prêchaient la guerre sainte ? A-t-on déjà vu des extrémistes laïques bombarder un pays parce que c’était la guerre du bien contre le mal ?" Une salutaire remise en perspectives. L’influence à combattre, en ce qu’elle n’a absolument pas à intervenir dans les affaires temporelles, c’est bien celle des religions.

laïcité j'écris ton nom"Se priver de religion, ce serait de la folie", se croit autorisé à affirmer le président de la République française, censément laïque. Félonie, imposture, haute trahison des valeurs républicaines ! Sachez que ceux qui s’en privent, Monsieur le représentant de tous les Français, dont un tiers s’affirme sans religion, eh bien ils vous emmerdent ! Et qu’ils se battront pour que vous ne leur imposiez pas vos convictions personnelles que, soit dit en passant, vous n’êtes même pas fichu d’appliquer dans votre propre vie ! Mariez-vous trois fois, glorifiez le fric et la réussite, valeurs éminemment matérielles, adorez le veau d’or du bling bling tant que vous voulez, mais foutez-nous la paix avec votre morale à deux balles, vos soi-disant valeurs à la con et la place de la religion dans la cité ! Elle est très bien où elle est, dans un cadre strictement privé. Mais on sait bien que vous n’avez jamais compris la différence entre public et privé

Finalement, la différence entre Aldo Maccione, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Darcos et Michèle Alliot-Marie, auxquels on pourrait à tous suggérer "Tais-toi quand tu parles", c’est qu’un seul d’entre eux fait officiellement profession de guignol, les autres se prétendant dirigeants de la France. Ami Plumonaute, saurez-vous retrouver lequel ?

 

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4 réflexions sur « Tais-toi quand tu parles ! »

  1. Tais-toi quand tu parles
    Très bien vue Olivier bonnet quel article crient de vérité,j’espère que cette équipe
    spécialiste des ballons d’essai va en prendre bonne notes. 😉

  2. c’est d’ailleurs curieux pour des personnes ayant fait du droit de ne pas comprendre la différence entre public et privé…

    c’est même… très inquiétant !
    :-((

  3. Rachida Dati
    quand va-t-elle demander à son enfant de régulariser ma situation (voir le JO), victime depuis 68 ans de l’entisémitisme du service public français…fausse identité (« Guy BOBICHON », décidé par le TGI de Grasse, sans mon consentement), spolié de tous mes droits de Pupille de la Nation, la Justice m’a interdit de rejoindre mon oncle maternel à NY, malgré le témoignage verbal de mon véritable père adoptif…enlèvement…(jurisprudence du cas Finaly…. Fonctionnaires: un peu de courage et de travail ! N’est-ce pas Monsieur Geronimi de la Commission des spoliations !

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