Orhan Pamuk contre la tyrannie

Orhan Pamuk est l’un de ces écrivains qui ont la malchance de vivre dans un pays qui marche contre les principes de la démocratie. Ce fait est un grand générateur de douleur et de chagrin, surtout pour une nature aussi sensible comme sont les natures artistiques. Quoique jousqu’ici se gardant avec précaution ou hésitation de se prononcer vis-à-vis des actes autocratiques du président turq Erdogan, ce dimanche (11.09.2016) l’auteur notoire du roman Le musée de l’innocence, le premier représentant de sa nation recevant le Nobel en 2006, a véhément critiqué  l’arrestation récente des frères Ahmet et Mehmet Altan, des opposés au régime.Le premier ayant écrit un article dans lequel il mentionne l’apport indéniable des architectes arméniens à la construction de l’ensemble des bâtiments les plus importants de l’Istanbul avant le 1915, le deuxième en faisant connaître aux gens les atrocités commises par les autorités turques envers les arméniens résidant sur leur territoire pendant l’histoire, ils ont éveillé la susceptibilité du gouvernement et se sont fait mettre en prison, après avoir participé, la veille du jour de 16 juillet, à une émission télévisée durant laquelle, conformement aux interprêtations officielles, ils ont parlé d’une manière qui pourrait inciter le peuple à commettre des actes subversifs.
« Je suis très en colère, j’exprime ma critique la plus virulente contre l’arrestation de l’écrivain Ahmet Altan, une des signatures les plus importantes du journalisme turc, et de son frère Mehmet Altan, universitaire et économiste de renom. », a clamé Orhan Pamuk lors de son communiqué à la presse turque. Il a manifesté aussi son mécontentement visant le trajet de plus en plus perverti que prend l’évolution du régime politique en Turquie pendant la mandat d’Erdogan, notamment après le putsch du 16 juillet, qui a généré une vague d’oppression effroyable contre la population soupçonnée et, en particulier, contre les intellectuels.
Voici une situation vraiment déplorable. Cet aspect douloureux est ressenti pleinement par Orhan Pamuk, ainsi que par les autres patriotes de Turquie. Que pourrait-il faire? Probablement, il ne lui reste qu’à tenter d’alarmer ses compatriotes sur la dangereuse politique interne qui émerge comme la peste dans son pays, où il faut bien craindre que, comme il le clame indigné:
« Désormais, la liberté de la pensée n’existe plus. Nous sommes en train de nous éloigner à toute vitesse d’un Etat de droit vers un régime de terreur. »

Quand Erdogan fait le ménage

S’il suffisait d’un claquement de doigts pour rendre normal un couple, fond-forme, qui a tout de l’union de la carpe et du lapin : adopter au forceps le calendrier grégorien, remplacer les caractères arabes par l’alphabet romain, annuler les confréries religieuses, troquer le fez contre le béret, tomber le voile ; ou encore uniformiser à coups de génocides ! Les coups d’états qui ont secoué la Turquie ont participé au détricotage du projet kémaliste et Recep Erdogan a donné le coup de grâce. A la faveur d’un travail de fourmi dont les débuts remontent sans doute à l’époque de son élection à la tête de la mairie d’Istanbul.

Contre un scandale de corruption ou contre une tentative de coup d’état vraie ou supposée, rien de mieux que les bonnes vieilles méthodes ottomanes ! Tous les prétextes sont bons à prendre pour expurger le « virus » qui met en péril l’état, une recette miracle qui a fait ses preuves. On ne compte plus depuis le 15 juillet ceux qui sont démis de leurs fonctions, ceux qui sont suspendus ou encore ceux qui sont dans le collimateur de la justice. Toutes les institutions sont passées au crible sous le regard bienveillant des sympathisants de l’AKP ; sollicités, ces derniers ont battu le pavé contre les putschistes à tout va ces derniers jours réclamant avec force slogans le rétablissement de la peine de mort ! La manifestation de dimanche, aux allures d’unité nationale, aurait à elle seule réuni plus d’un million de personnes selon les organisateurs et la préfecture…Sur certaines pancartes lisait-on, d’après le Figaro, « Erdogan tu es un don de Dieu ! »ou encore, »ordonne nous de mourir et nous le ferons ! »

Le putsch et surtout la brutalité des méthodes de purges a fait réagir certaines chancelleries ce qui s’est soldé, sous l’ire du sultan, par un échange d’amabilités entre protagonistes. Si le président semble faire des heureux intra-muros, il en va tout autrement extra-muros. C’est que la mesure et la démesure avec laquelle l’UE a condamné respectivement le coup d’état et la purge dérangent Erdogan.

Fort de son marchandage sur l’accord autour des migrants, le président turc s’est lancé dans la surenchère devant les yeux doux d’Angela. Et à force de se renvoyer la balle, le deal « réadmission » contre « exemption de visas » risquerait de rester lettres mortes. La crise semble malheureusement avoir de beaux jours devant elle et les défis ne sont pas près d’être relevés par des protagonistes qui ne se regardent qu’en chiens de faïence.

Quant au parangon turc de démocratie qui a fait des pieds et des mains pour enfoncer son ancien allié Bachar el Assad au profit des rebelles dits modérés comme des non modérés, il a des chances d’être puni par où il a péché…

Turquie : la purge s’aggrave de jour en jour

Le premier ministre turc, Binali Yildirim, dont le rôle se résume à celui de premier porte-parole du président Erdogan, a détaillé le bilan du coup d’État. Les purges se sont poursuivies dans toute la fonction publique, la police et la gendarmerie, et le nombre des arrestations et des limogeages s’accroît sans cesse… 

Ce lundi 18 juillet, trois jours après la fin du coup d’État militaire avorté à Istanbul et Ankara, le Premier ministre turc a révélé le nombre des détentions et révocations. En tout début d’après-midi, croyait pouvoir décompter Hürriyet (voir le détail sur BlastingNews), près de 15 000 militaires, magistrats, hauts fonctionnaires, gendarmes et policiers étaient soit en détention, et pour certains déjà jugés hâtivement, soit suspendus, révoqués ou assignés à résidence.

Ce chiffre semble inférieur à la réalité puisque le Premier ministre turc fait état de chiffres supérieurs. Le coup d’État, côté forces loyalistes ou civils, aurait fait 208 morts (dont 60 policiers et trois soldats) et près de 1 500 blessés. Contrairement à ce qu’il avait été d’abord estimé, ce ne sont plus quelque 6 000 personnes qui ont été très rapidement arrêtées, mais plus de 7 500 (dont une centaine de policiers, plus de 6 000 militaires, 755 magistrats, et 650 autres fonctionnaires). Mais la purge touche aussi beaucoup plus largement la magistrature, la police, la gendarmerie, et la haute fonction publique (avec l’équivalent de préfets ou sous-préfets). Très officiellement, ce 18 juillet, 2 745 fonctionnaires de la justice sont démis de leurs fonctions, 8 777 policiers ou fonctionnaires de l’Intérieur, et 1 500 du Trésor public ou du ministère des Finances.

Comme l’a exprimé Bruxelles, la liste des opposants présumés disposés à collaborer avec les putschistes avait été sans aucun doute préparée de longue date. La thèse officielle serait que Fethullah Gülen, un prédicateur réfugié aux États-Unis, aurait, avec ses partisans, fomenté le coup d’État. La Turquie insiste chaque jour pour obtenir son extradition, a tenté de s’appuyer sur les Nations Unies pour faire adopter une motion (l’Égypte s’y est formellement opposée). En fait, l’une des hypothèses est qu’il aurait été soufflé à l’oreille d’officiers supérieurs donnés mis d’office à la retraite en fin de mois que la prison ou l’assignation à résidence les attendaient. Ce qui aurait précité la tentative de prise de pouvoir…

Sur Le Plus (site filiale du Nouvel Obs’), un étudiant turc indique que les muezzins ont très rapidement demandé à la population de descendre dans la rue et aux partisans de l’AKP le pouvant de s’armer. Le coup d’État a été en grande partie improvisé, avec des unités composées en très grande partie de conscrits auxquels il aurait été annoncé des exercices militaires. Ce qui n’a pas empêché les militants de l’AKP de les lyncher et de les abattre dès que les conscrits aient compris et se soient spontanément rendus. En fait, en payant, il est tout à fait aisé désormais en Turquie d’échapper à l’appel sous les drapeaux et hormis les jeunes bourgeois désirant faire carrière militaire, seuls les plus pauvres endossent l’uniforme.

Le président appelle à la poursuite de la mobilisation populaire armée. Et l’étudiant turc conclut « nous sommes les prochains. La prochaine fois que vous entendrez parler de la Turquie, ce sera pour des décapitation de gauchistes, de Kurdes, d’alévis, d’homosexuels, de femmes ou étudiants… Chacun d’entre nous est menacé. ».

Les alévis sont des musulmans d’obédience chiite mais pour la plupart de pratique beaucoup plus modérée que leurs coreligionnaires d’Iran ou des pays sunnites intégristes. C’est bien un sunnisme radical que le président, en passe de devenir un despote absolu, veut prôner…  C’est l’alliance du sabre féal ou de force inféodé et du goupillon le mieux stipendié.

À présent, la police perquisitionne dans les hôtels pour retrouver des suspects qui auraient pu échapper à la gigantesque rafle.

La présidence invite les parlementaires de l’AKP et de l’opposition à rétablir la peine de mort… qui pourrait s’appliquer à qui s’abstiendrait ou voterait contre. La presse est pratiquement muselée en Turquie. Certes un éditorialiste d’Hürriyet a commenté l’hypothèse que le coup ait été fomenté par le président, mais l’a évidemment réfutée. Mais un autre, se disant pourtant réticent à l’égard du style de gouvernement d’Erdogan, marqué par une absolue arrogance et une forte agressivité, a salué l’attitude des médias qui ont relayé l’appel des mosquées. Il conclut cependant « espérons qu’Erdogan réalise l’importance d’une presse libre ».

Il est à noter que parmi les officiers supérieurs qui devaient être mis à la retraite d’office fin juillet figurent des généraux et colonels chargés des opérations en zone tampon face à la Syrie. On sait que, pendant un certain temps, l’AKP et son président islamiste ont favorisé toutes sortes de trafics avec l’État islamiste. Les attentats non-revendiqués par Daesch en Turquie valent peut-être avertissement pour que les choses reprennent comme avant et ces militaires auraient pu considérer qu’un tel infléchissement mettait leur pays en danger. Mais il serait hasardeux d’y voir un déclencheur : avant d’agir, ils se seraient sans doute mieux préparés, et auraient tenté de nouer des contacts internationaux.

Pour mieux mener la purge, le Premier ministre a suspendu tout congé, hors hebdomadaire, dans la fonction publique (3 millions de fonctionnaires) jusqu’à nouvel ordre…

La Turquie est victime d’un fort ralentissement économique et le secteur du tourisme souffre. C’est pourquoi, tout comme le roi du Maroc, Erdogan tente de se concilier les bonnes grâces de la Russie après l’avoir fortement critiquée. Il rencontrera Poutine en août, évoquera sans doute l’organisation de charters touristiques, des fournitures de denrées et biens soumis aux sanctions de l’Union européenne. Mais la Turquie islamiste mène aussi une politique active auprès de pays musulmans comme la Bosnie et d’autres pays à populations turcophones de l’ex-Urss (voire encore actuellement, de Crimée…). La Russie pourrait assouplir ses relations mais avec prudence, de ce fait.

Ce nouveau positionnement influera aussi sur les relations avec l’Union européenne. Actuellement, tant la Russie que l’UE imposent des visas aux touristes et visiteurs turcs. Il était question, à la demande de la Turquie, de mettre fin à cette obligation. Cette perspective s’éloigne.

La présidence a incité les militants de l’AKP a réclamer, par des manifestations, le rétablissement de la peine de mort. Dans la province de Malatya, des groupes scandant des slogans pro-AKP s’en prennent aux alévis dans les villes où ils sont les plus nombreux… La police est toutefois intervenue en tirant en l’air. Mais des pogroms spontanés ou suscités pourraient s’ensuivre. Car dans cette même province, deux généraux et six officiers ou gradés ont été arrêtés. Leurs remplaçants seront-ils incités à ne pas intervenir si des émeutes anti-alévis éclataient ? Pour le moment, les chrétiens, très minoritaires, ne sont pas ciblés nommément.

Merkel autorise Erdogan à lancer des poursuites pénales contre l’humoriste Jan Böhmermman

 

Nombreux se sont fait  des gorges chaudes avec « Erdowie Erdowo Erdogan », le clip du germanique Jan Böhmermman livrant en pâture le père fouettard turc : son goût démesuré pour le bling bling, son autoritarisme, sa mainmise sur tous les rouages de l’Etat, son accointance avec Daech, etc. Un crime de lèse-majesté que le sultan a dû encaisser de force car toutes ses remontrances réunies se sont avérées caduques face aux droits inaliénables découlant de cette liberté d’expression élevée parfois au rang  de sacralité ultime.

Après avoir pris goût à ce punching ball à succès, l’humoriste s’est lancé dans la surenchère à ses risques et périls, histoire de tester la limite entre satires et diffamations. Il faut reconnaître qu’avec modernité qui rime désormais avec insolence, nombreuses valeurs sont en perte de vitesse comme par exemple le respect envers des personnalités ou autres, synonymes de symboles, peu ou prou, sacrés . Audience, rentabilité à tout prix sont devenus les maîtres mots pour une bonne communication et la boite de Pandore qui s’ouvre !

Loin d’être l’apanage des humoristes,  cette recette fait le bonheur de carriéristes de tous bords dont une journaliste « sexy et virevoltante »  prompte à se mordre la main à chaque « contrariété », à substituer  le familier au soutenu face au président de la République himself, le faisant presque passer pour un plaisantin !

Sauf que poussés à l’extrême, les défis de l’émulation par ce pseudo-sport intellectuel finissent par priver même du rire jaune jusqu’à rebuter. A l’inverse de son clip hilarant, Jan Böhmermman par excès de zèle a fini par basculer dans un registre peu glorieux traitant Erdogan « de pouilleux, pédophile, zoophile, pervers », et d’autres noms d’oiseaux !

Issue de la famille Charlie, la chancelière a quand même eu le courage de qualifier « d’insultant » ce sketch se mettant à dos toute cette frange de la population toujours prête à faire bien pire que ce qu’elle reproche à son ennemi. Angela Merkel est allée encore plus loin donnant  son autorisation pour que puissent être engagées les poursuites pénales contre l’humoriste qu’ Ankara a exigées.

Entre la crise de migrants devenue variable d’ajustement pour gouvernements décriés, l’attachement à des principes qui font honneur à une démocratie , « la dame de fer » a su composer d’autant qu’ en ce moment entre Ankara et Berlin « c’est passe moi la salade, je t’envoie la rhubarbe »…Une posture de la chancelière qui loin de faire l’unanimité la place sous un feu nourri de critiques.

Selon la loi allemande, l’humoriste encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour insulte contre chef d’Etat étranger. Le Parquet allemand prend en charge la suite de cette histoire, dernière sans doute du genre car l’article à l’origine de cette procédure sera bientôt supprimé pour le plus grand bonheur des opportunistes de ce siècle…

Mustang, le film de Deniz Gamze Ergüven

 

Dur de ne pas se laisser tenter par Mustang, ce film turc, encensé sans discontinuer sur toutes nos ondes. Usé pourtant jusqu’à la corde, le thème des dérives de l’autorité parentale semble susciter un éternel engouement. Il faut dire que la tâche qui incombe aux parents n’est pas toujours de tout repos surtout quand les outils prévus à cet effet n’ont pas été remis au goût du jour. La grand-mère et l’oncle qui ont à charge l’éducation des quatre soeurs orphelines ne manquent pas de bonne volonté pour mettre ces dernières à l’abri des menaces extérieures. Pour un résultat désolant, l’enfer étant décidément pavé de bonnes intentions ! 

Dernier jour de classe. Les enfants font une farandole et la maîtresse est toute émue. Adieu monsieur le professeur, on ne vous oubliera jamais ! Et puis s’en vont. Sur le chemin paradisiaque du retour, au bord de la mer Noire, les adolescentes en uniforme vont croiser des copains et profiter des plaisirs insouciants d’une baignade. Sauf que la posture d’une fille à cheval sur les épaules d’un garçon ne passe pas inaperçue dans cette contrée reculée, peu propice à la légèreté des enfantillages. C’est aussitôt l’activation du téléphone "turc" et la nouvelle parvient illico aux oreilles de la grand-mère ! 

C’est que la rapporteuse de voisine a eu le malheur de prendre ses fantasmes pour la réalité voyant le mal dans l’innocence. Face à un tel "déshonneur", les parents vont user de grands moyens pour recadrer "ces vicieuses". Le plus tôt sera le mieux de peur qu’elles ne se dévergondent davantage et c’est parti pour la chasse aux prétendants ! Les soeurs presque siamoises, battantes dans l’âme, devront se séparer avant l’heure. 

Malgré quelques rebondissements, tout le film va alterner entre cette série de mesures coercitives  prises par les bourreaux d’éducateurs et les subterfuges inventés par des jeunes en péril ! La dimension esthétique étant manifestement le domaine de prédilection de Deniz Gamze Ergüven, le casting et le choix des lieux répondent expressément  à cette exigence sans jamais y faillir. Il en résulte une sorte de redondance qui peut lasser le spectateur désireux  d’autre chose que ce braquage  de caméra incessant sur des visages, aussi beaux soient-ils. 

D’après les confidences faites lors de son passage à l’émission de Ruquier, Deniz Gamze Ergüven donne le sentiment de dénoncer sans dénoncer se cachant derrière le paravent de conte.  Comme une manière de se dédouaner pour n’avoir rien fait d’autre dans son film que de jeter en pâtures des gens à travers son regard inquisiteur sans nous donner les moyens de mieux comprendre ces sociétés . Nombre de ces traditions sont tombées en désuétude dans la Turquie d’aujourd’hui comme chez  quelques uns de ses voisins laissant leur exclusivité aux plus précaires, malheureusement. Il y a comme un parfum d’anachronisme dans le déballage de tous ces clichés.

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Daech au Levant ?

On ne compte plus les exactions, les persécutions, les "dragonnades" et toutes ces horreurs commises à tour de bras par cette horde de sauvages daeshiens. A trop se repaître de sang, l’indomptable bête est devenue immonde ;  elle continue d’étendre ses tentacules, tuant au passage toutes ces couleurs qui font la richesse de cette fabuleuse région. 

Affublé d’une noire bannière estampillée d’un la illaha ila Lah avec au centre Allah, Rasoul  Mohammad, Daech se veut artisan d’une certaine oeuvre de salubrité publique ! D’éminents responsables musulmans s’en sont émus: le cheikh d’Al Azhar, les grands muftis d’Egypte, d’Arabie Saoudite, l’union mondiale des oulémas musulmans et bien d’autres ; qui de dénoncer l’extrémisme d’une organisation corrompue, qui de les qualifier d’ennemi numéro un de l’islam, qui de violeurs de la charia. Des paroles impuissantes toutefois à inverser le cours des choses. 

Posté à une entrée libanaise, Daesh tourné en dérision, n’intimide pas outre mesure avec ses fariboles. Etrangement, la phobie que suscite cette organisation terroriste semble inversement proportionnelle à la distance qui nous en sépare ! 

Désormais aux portes de la Turquie, Daech s’avère presque invincible face aux frappes de la fameuse coalition, face à la résistance de l’YPG, unités de protection du peuple kurde, branche armée du PYD. Mal aimés d’Ankara pour leur affinité avec le PKK, parti des travailleurs du Kurdistan, ces combattants kurdes sont livrés à eux-mêmes devant l’indifférence ottomane malgré l’aval du parlement pour une intervention militaire en Irak et en Syrie datant du 2octobre. 

La réponse d’Ankara se faisant toujours attendre à Kobané, (Aïn el Arab), les envahisseurs viennent d’y prendre en grand fanfare le contrôle du "carré de sécurité" . L’ennemi de ses ennemis, kurde, syrien, étant presque son ami, Erdogan demeure imperturbable face à cette avancée. Il semble autrement plus préoccupé par les manifestations pro-kurdes qui secouent la Turquie et ses menaces à leur encontre vont crescendo. 

Instrumentalisée à tout va, cette manne jihadiste semble pour le moins faire le jeu de ces dirigeants en perte de vitesse, prêts à tout pour se dédouaner de leurs incompétences, comme pour étendre leur hégémonie. A force de jouer à la mouche du coche face à ce dragon né des ingérences abusives, nos experts du double jeu devraient sans doute à terme récolter en plus du déshonneur la guerre ! Quant au champion planétaire des secouristes il profite nous dit-on des retombées du boom que connaît son industrie d’armement.

http://www.lorientlejour.com/article/890518/les-frappes-en-irak-et-en-syrie-une-aubaine-pour-les-fabricants-darmes-americains.html 

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La Turquie de Recep Tayyip Erdogan

Les derniers mois écoulés n’ont pas été de tout repos pour Recep Tayyip Erdogan encore affublé à l’époque de sa casquette de Premier ministre. Entre la révolte de Gézi Park, les enquêtes judiciaires venues éclabousser nombreux ministres, proches, hommes d’affaires, tous affiliés à l’AKP, son avenir politique était devenu pour le moins incertain ! 

 

 

Malgré ce discrédit,  le sultan hermétique aux critiques, confiant en sa bonne étoile, a réussi à sortir avec brio son épingle du jeu : surnommé à juste titre "Teflon", aucune de ses bavures ne parvient en effet à lui coller à la peau. Sous son règne, même les domaines relevant de la sphère privée se sont vus écornés, tant il ratisse large : on a vu les hôtesses de l’air de Turkish Airlines conviées à faire preuve de sobriété en bannissant notamment les maquillages flashy ; le rire à gorge déployée en public pour les femmes a été vivement déconseillé, au nom d’une nécessaire décence, par le vice- Premier ministre Bülent Arenç, etc. 

Cette tendance machiste de s’immiscer à tout va dans la vie privée d’adultes majeures et vaccinées, si chère à Recep Tayyip Erdogan, n’est pas près de faiblir du moment que ce dernier à été élu au suffrage universel président de la République. Malgré toutes les casseroles qu’il traîne, Erdogan a fait une bouchée du candidat de l’opposition Ekmelliddin Ihsanoglu. De quoi reprendre du poil de la bête alors qu’il n’en avait pas du tout besoin. 

D’ailleurs  le président fraîchement élu a fait savoir que cette consultation n’était pas destinée à élire "un pot de fleurs pour faire joli au balcon des institutions de l’Etat mais à élire un président qui administrera l’Etat, un commandant en chef qui permettra le fonctionnement souple" ; avec des prérogatives supplémentaires à son actif, les Turques devraient s’attendre à un paternalisme encore plus exacerbé. 

Vent debout contre la politique en cours, Aylin Nazliaka,une  députée de l’opposition du Parti républicain du peuple (CHP),  s’en est pris à cet autoritarisme préjudiciable pour les femmes, lors d’une séance parlementaire : au cours d’un débat sur une proposition de loi sur les violences conjugales qui sans surprise n’a pas porté ses fruits, le texte ayant été rejeté par le parlement, l’AKP disposant de la majorité absolue, la députée s’est déchaînée telle une furie : " je jure devant Dieu, le diable qui est en moi me demande d’enlever une de mes chaussures et de vous la jeter.  Mais lorsque je les regarde ma chaussure et vous, je me dis vraiment que vous n’en valez pas la peine". 

Le niveau du propos de Aylin Nazliaka censée défendre la cause féminine est si moche qu’il peut expliquer le succès de ces garde-fous même auprès de certaines, encore attachées à leurs libertés . Quelques unes des fans de cette élue farfelue ont posté sur les réseaux sociaux leurs chaussures assorties de légendes du même style, à la mode d’aujourd’hui. Comme pour mieux desservir la cause qui leur tient à coeur. 

EDF se développe dans l’éolien en Turquie

 L’électricien public EDF continue de se développer à l’international. Aux côtés de Polat Enerji et de l’allemand Enercon qui a construit les turbines, la filiale du groupe d’Henri Proglio, EDF Energies Nouvelles, vient de mettre en service un nouveau parc éolien à l’est de la Turquie, en Anatolie. D’après l’entreprise française, la Turquie possède un des potentiels les plus importants d’Europe en matière d’éolien.

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Elections municipales en Turquie

 

Comme en France, aujourd’hui est jour d’élections municipales en Turquie. Recep Tayyep Erdogan retient son souffle. Son avenir dépend de ce scrutin. Après s’être impliqué dans la réforme visant à substituer l’élection du président par le suffrage universel en lieu et place du vote par le parlement, il risque fort de déchanter en ne récoltant pas prochainement le moindre bénéfice de ce surcroît de démocratie. 

En effet depuis les fameuses fuites selon lesquelles grand nombre de responsables politiques de l’AKP seraient impliqués dans des affaires de corruption, la boite de Pandore s’est comme ouverte. Ainsi va-t-on allègrement de surprise en surprise ! Jusqu’à la veille des élections municipales, la tension a continué de monter en Turquie sur fond d’un nouveau piratage de conversations téléphoniques compromettantes. 

La révélation en question a fait l’effet d’une bombe et ses répercussions sur le scrutin à venir sont à craindre : il s’agirait dans cet enregistrement d’une réunion confidentielle sous l’égide de hauts responsables turcs destinée à préparer le terrain pour une opération militaire  turque en Syrie à partir d’un déclencheur  monté de toutes pièces :autrement dit quitte à "pléonasmer",  l’orchestration en bonne et due forme d’une pseudo-agression contre la Turquie à partir de la Syrie, préambule à une ingérence armée en soutien à l’opposition syrienne. 

Rien de nouveau dans cette pratique courante visant à maquiller en riposte une offensive. " Attaque haineuse, grave acte criminel", etc, etc, s’est insurgé Ankara ! C’est encore et toujours la faute à Fethullah Gülen et gare à ses hommes : contrairement à Poutine, lequel va chercher certains de ses détracteurs "jusque dans les chiottes", Erdogan lui, promet d’aller déloger de leurs caves les auteurs de ces magouilles.

En attendant, le réformateur quand ça l’arrange, a pris pour cible l’ensemble des réseaux sociaux qui incarnent selon ses dires la "pire menace contre la société"! Un tour de vis supplémentaire pour ôter à l’opposition les ultimes outils dont elle dispose, seuls susceptibles de pallier à la censure médiatique qui la frappe de plein fouet.  

Brah Mikail qualifie "d’ivresse du pouvoir" cette propension chez Recep Tayyip Erdogan à user sans compter de "dérives autoritaires" : après la promulgation de la loi sur le durcissement du contrôle d’internet ont suivi les blocages de tweeter, de  youtube lesquels à force de subterfuges se sont avérés aisément déjouables. 

Selon les enquêtes des instituts de sondage dont on connaît désormais le peu de fiabilité, l’AKP, Parti de la justice et du développement devrait caracoler ce soir avec 35 à 45% des suffrages, malgré un recul par rapport au scrutin passé. Prêt à manger à tous les rateliers tant qu’il en retire un profit personnel, le sultan a beau crier jusqu’à extinction de voix pour galvaniser les foules, son avenir de politicien risque de basculer derrière lui. La farce a assez duré :"toujours par quelque endroit, fourbes se laissent prendre. Quiconque est loup agisse en loup; C’est le plus certain de beaucoup". 

 

http://www.lorientlejour.com/article/860988/municipales-les-turcs-votent-erdogan-joue-son-avenir.html

Turquie : la fin du Premier ministre Erdogan ?

 

Depuis que le Premier ministre Tayyep Erdogan a décidé de couper l’herbe sous le pied de son ancien "Pygmalion", le prédicateur Gülen, en le privant de ressources conséquentes du fait de son projet de suppression des établissements privés de soutien scolaire, tout va de mal en pis pour lui : c’est comme une avalanche de représailles qu’il subirait…

Après la gigantesque opération de démantèlement d’un réseau de corruption au sein de la classe politique, menée en décembre dernier sous l’égide d’un procureur proche du prédicateur, laquelle s’est avérée préjudiciable pour Erdogan et son parti l’AKP, revoilà ce dernier dans l’oeil du cyclone.

Pourtant le chef n’a pas lésiné sur les moyens pour se prémunir contre toute nouvelle attaque susceptible d’écorner un tant soit peu son image : offensive tous azimuts allant d’une purge de la police à celle de la justice en passant par un verrouillage forcené des libertés. Ainsi requinqué, le sultan se croyait à l’abri et prêt pour la reconquête des municipales du 30 mars ; c’était sans compter sur l’indéniable acharnement de ses détracteurs !

Les Turcs de la Place Taksim et d’autres se sont en effet délectés ces derniers jours en écoutant certains enregistrements qui leur ont été livrés en pâtures sur les réseaux sociaux : faisant tomber les masques, la mise sur écoutes de ces grands donne souvent lieu à des conversations croustillantes qui vont jusqu’à friser le surréel: le Premier ministre Erdogan demande de vive voix à son fils, Bilal, de surenchérir quant au montant jugé insuffisant des commissions à engranger pour leur propre compte ; ou bien encore il lui demande de faire preuve de célérité en mettant hors orbite judiciaire le milliard de dollars sonnant et trébuchant disséminé dans les coins et recoins de leurs quelques appartements.

Contestant l’authenticité de ces enregistrements, Erdogan crie haro sur la confrérie du prédicateur expatrié aux Etats-Unis :" montage immoral, attaque abjecte", se défend l’accusé tout outragé ! Le responsable politique a beau s’offusquer, les mécontents n’en sont pas pour autant convaincus ; depuis ces révélations tonitruantes, ils sont de plus en plus nombreux en Turquie à réclamer sa démission.

Au lieu de faire amende honorable ou même profil bas, le sultan poursuit sans ciller sa politique : il a promis d’ailleurs en cas de succès aux élections municipales d’aller encore plus loin : interdire et facebook et youtube ! En cas d’échec, il compte toutefois faire comme Lionel Jospin en quittant la politique. Des kyrielles de scandales éventés grâce à ces mises sur écoutes illégales d’élus.

Sans ces pratiques clandestines, que d’élus trempés jusqu’à l’os dans la corruption, continueraient en toute impunité de gouverner. Grâce à ces" zélés" qui encourent le pire en enfreignant ainsi la loi, on en saura un peu plus peut-être sur celui qui aspire à reprendre les mannettes de la France.