C’est l’histoire de Toto

Tout Israël a déjà entendu son histoire à plusieurs reprises, pourtant la simple évocation de son nom fait vibrer le pays. Toto Tamuz aurait pu être un joueur de football comme les autres mais le gouvernement israélien en a décidé autrement.  A l'heure où trois clubs de Premier League anglaise jettent un oeil sur l'orphelin du ballon rond, retour sur une histoire qui ne laisse pas indifférent.

Il s’appelle Toto Adaruns Tamuz Temile mais à Jérusalem tout le monde l’appelle Toto. Il est né au Nigeria,  et ses parents sont arrivés en Israël en 1990, où son père footballeur, Clement Temile, a joué pour le Beitar Netanyah. Quand l’équipe s’est heurtée à des problèmes financiers, contrainte d’arrêter de payer les salaires, ses parents décidèrent de retourner en Afrique. Auparavant, ils avaient confié leur progéniture à un ami israélien. Ils voulaient en effet que leur fils puisse grandir dans un pays où il aurait la chance d’étudier. En 1994, toujours sans nouvelles de ses parents, Toto fut adopté officieusement par une jeune femme célibataire.

Irit Tamuz l’a élevé comme si c’était son propre enfant. Elle changea même de travail pour pouvoir lui donner plus d’argent de poche et lui offrir sa première licence de football. Onze années plus tard, Toto découvrit le championnat professionnel et fit immédiatement la une des quotidiens israéliens après avoir marqué des buts somptueux. L’histoire était en marche. Ou presque… Malgré ses prouesses, personne ne semblait enclin à lui offrir la précieuse Téouda Zéout (carte d’identité israélienne). Son statut juridique est « indéterminable » selon le ministère de l’Intérieur. Seul un visa de travail tamponné sur son passeport nigérian lui permet de gagner sa vie. L’UEFA encouragea alors Israël à lui donner sa nationalité… Rien n’y fit.

Arrivé en 2006 au Beitar Jérusalem, il devint pour la première fois de sa carrière champion et gagna sa place en sélection. Il vainquit presque à lui tout seul l’équipe de France Espoir lors des éliminatoires pour l’Euro 2007. Sélectionné à plusieurs reprises chez les A, il honora sa première cape en marquant un premier but contre Andorre (4-1). Son visa ayant expiré et devant être immobilisé trois ans dans le cadre d’un éventuel processus de naturalisation, Tamuz se retrouve une fois de plus sans papiers. Il n’a plus le droit de pratiquer une activité professionnelle. Le ministère de l’Intérieur a refusé à quatre reprises d’examiner son cas en priorité. C’est donc la Cour Suprême qui fut contrainte de le faire au mois de mai dernier. Verdict : Toto Adaruns Tamuz Temile est enfin israélien. Un nouveau citoyen qui désire plus que tout servir son pays… par le football et son incorporation dans une unité de Tsahal.

En attendant cette dernière Toto est suivi de très près par trois calibre du championnat d'Angleterre. Dans la presse, on cite notemment Manchester City,  Liverpool et Newcastle.  Le jeune prodige devrait ainsi quitter la terre d'Israël pour les terrains britaniques d'ici l'été 2009.