La « toux » saint: maladie commerciale de notre société

L’automne, c’est triste, l’automne c’est humide, c’est le réveil des microbes qui s’en donnent à coeur joie et se reproduisent, se multiplient dans nos bronches, nos sinus, nos gorges et nos intestins.

Pour les hotesses de caisse (comme moi), c’est la saison de la grande distribution!!! Les clients toussent, se mouchent puis payent avec la petite monnaie qu’ils ont eue dans leur main infectée de sorte que la caissière , en relation directe avec les "crobes", déjà dans les courants d’air depuis cinq heures, ne peut y réchapper.Du coup, elle redistribue ses miasmes à ses collègues, puis aux autres clients.

La grande enseigne pour laquelle je travaille met un dispositif en marche à l’époque de la Toussaint. Sur le parking , sous un chapiteau non chauffé, par roulement, "les filles" vendent des chrysanthèmes, et autres plantes vivaces , au gré des vents. Chez nous, le chapiteau a ouvert ses portes depuis hier matin. La Toussaint, il me semble c’est dans une dizaine de jours. Plus ça va, plus les plantes sortent tôt. On nous pourrit les oreilles avec la fête des morts, "Halloween" trouve sa place dans la distribution des friandises, et les produits de l’épicerie sucrée depuis plus de dix ans…

Les clients de cet après midi achetaient déjà des bonbons pour cette fête moderne qui n’est qu’un reliquat de croyance irlandaise. On module le passé pour prendre l’argent des autres. Société de consommation, cerveau à choix multiples qui pense au même moment à trois ou quatre choses qui eclipsent les choses essentielles!! 

En discutant avec une collègue lors de ma pause, je me rendis compte que tout n’était pas perdu et que bon nombre de personnes se rendaient compte que lors de  chaque évènement, fête, ou date, les promoteurs, grandes marques ou grands magasins en profitaient pour faire du chiffre d’affaire. Comme si on avait besoin d’attendre l’automne et le chapiteau pour penser à son père , parti bien trot tôt… Ou son fils… On y pense au quotidien, et comme me disait ma collègue on nous "force", (parce qu’il faut faire comme les autres aujourd’hui, il faut rentrer dans le moule), à aller au cimetierre durant cette période.

Grippés, toussotant, frileux fiancièrement après la chute des billets due à l’imposition, nous devons en plus, à force de publicités , de suggestions, aller nous traîner les savates dans des allées boueuses par "devoir de mémoire".

Pour ma part, nul besoin de devoir, je me souviens, et je préfère encore aller déposer des tournesols en juillet sur la tombe de mon disparu, plutôt que de succomber à une invasion spirituelle et psychologique massive, ne tendant pas à me soulager l’âme et la conscience, mais à soulager mon compte en banque déjà tremblotant. La Toussaint est commerciale, c’est un mal sociétal, parce qu’elle oblige le citoyen à certaines choses…Un rituel, une dépense, qui peut, pour l’esprit déjà vagabond apporter souffrance et tourmente.

Depuis quand a-t-on besoin d’acheter pour se rappeler ce qui nous a marqué? Ainsi, et c’est diamétralement opposé à la mort, en ce qui me concerne, je n’attends pas la Saint Valentin pour offrire des cadeaux à mon homme. C’est l’occasion qui fait le laron, ce sera peut être celle qui fera les lardons…

Quant au reste du calendrier, je n’ai qu’une seule et unique chose à dire et excusez-moi des propos… Mais si la Saint con était reconnue, alors nous serions tous ruinés et à découvert parce qu’il faudrait offrire chaque jour un présent à une personne digne de ce sobriquet.. Et c’est qu’ils sont nombreux non?