Le calvaire des Rohingyas

Même à son pire ennemi, on ne pourrait souhaiter une vie de Rohingya ! Apatrides dans leur propre pays qu’est la Birmanie de Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la Paix, les Rohingyas incarnent la minorité la plus persécutée au monde selon l’ONU. Privés de leurs droits les plus fondamentaux, ils continuent de faire l’objet de pogroms sous le regard complice des autorités. Dans de telles conditions, leurs détracteurs que sont les moines boudhistes s’adonnent à coeur joie à leur sport favori qui consiste à les matraquer à coups de gourdin. Manière comme une autre d’étouffer de potentielles velléités, dit-on… 

Condamnés à subir de telles persécutions  dans l’indifférence générale, il ne reste plus à ces indésirables qu’à aller voir ailleurs. Braver les pires dangers auxquels les exposent des embarcations de fortune pour un périple allant de Charybde en Scylla.  Les rares rescapés doivent aussi subir de plein fouet, une fois l’ancre jeté, l’inhospitalité environnante : Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Bangladesh, n’hésitent pas à leur claquer la porte au nez pour les refouler vers une mer couleur sang. 

Malheureusement, plus personne ne semble disposer de ressources matérielles ou immatérielles nécessaires pour l’accueil de "la misère" d’à côté. A chacun suffit sa peine et on se refile à tour de rôle la chaude patate. Quant à "l’indignez-vous", cher à Stéphane Hessel, il résonne désormais comme un cri dans le désert.

Les mieux classés de nos génocidaires habiles à extirper le pire de tout homme pour l’inciter à commettre l’irréparable au nom du Bien commun s’abritent toujours derrière des alibis bien louables : les moines bouddhistes férus des principes de non-violence, de maîtrise des sens, exercent de telles ségrégations à l’encontre de leurs concitoyens en galvanisant leurs ouailles autour notamment de la préservation de la race. C’est que l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

Quelques rares voix se sont élevées récemment pour que cessent ces calamités et que l’on rende leur dignité à ces oubliés de Birmanie. Quand une soi-disant organisation terroriste, connue sous le label "état islamique", réussit à s’imposer face à une armée, malgré la présence à ses trousses d’une coalition de puissants, on est en droit de se faire un peu de soucis pour les Rohingyas de confession musulmane de surcroît…Point de signes aussi infimes soient-ils d’un quelconque sursaut d’humanité à l’horizon.