On ne traite pas un procureur de « gaucho de merde », même si l’on est député UMP

Cet homme, Damien Meslot, est député UMP du Territoire de Belfort. Il vient de se distinguer en écopant de 700 euros d’amende pour avoir été reconnu coupable d’avoir traité le procureur de Belfort de "gaucho de merde". C’est alors qu’un policier venait apporter à sa permanence une convocation au parquet destiné à un autre élu qu’il s’est écrié : "ce gaucho de merde de procureur nous fait chier !" Il a eu beau nier – il ne reconnaît avoir prononcé que l’expression "procureur de gauche" (sic) -, le tribunal correctionnel de Montbéliard ne l’a pas cru. Meslot a décidé de faire appel.

Le député, qui dénonce un "acharnement" politque contre lui, ne digère pas d’être sous le coup de huit plaintes pour diffamation et outrage, et il en veut donc personnellement au procureur de la ville, Bernard Lebeau, qu’il prétend avoir été "nommé par l’Ancien régime", ce qui en dit long sur le personnage. Pour le grand public, il s’est récemment fait connaître en tant qu’auteur de l’amendement, voté par l’Assemblée nationale, rendant obligatoire les détecteurs de fumée dans tout logement. Mais quelques recherches sur le Web nous en disent plus. "L’ambitieux député Meslot traîne un certain nombre de casseroles qui ne plaident pas en sa faveur, écrit ainsi sur son blog Philippe Bensimon, qui se présente comme conseil et professeur en stratégie et en communication, spécialisé en marketing politique. Notamment, il est incriminé dans une affaire de fraude électorale, soupçonné d’avoir créé moyennant finances deux fausses candidatures proches du FN pour diviser les voix de l’extrême droite et s’éviter ainsi une triangulaire lors des dernières législatives. Une affaire révélée par Mme Capponi, l’une des deux candidates proche de Le Pen, qui, embauchée par Damien Meslot au lendemain des élections, s’est vue licenciée deux mois plus tard." Des précisions sur la fraude électorale sont livrées par L’Alsace – Le Pays : "Ces deux dernières années plusieurs plaintes ont été déposées — par des personnes différentes — contre le député (UMP) Damien Meslot ou contre l’un des membres de la fédération UMP du Territoire. Toutes ces plaintes, pour outrage ou diffamation, découlent, directement ou indirectement, d’une seule affaire, celle qui a valu à l’élu d’être mis en examen, en septembre 2006, « pour manœuvres frauduleuses ayant porté atteinte à la sincérité d’un scrutin. » Cette affaire n’a pas encore été jugée.

Si nous goûtons très peu d’ordinaire les condamnations pour outrage, délit qui devrait être dépénalisé, celle-ci nous a bien fait rire. Nous en tirons une morale : le député UMP représentant de la droite vindicative et revancharde se croyait tout permis, mais le tribunal lui a rappelé que ce n’était pas le cas. Il a dû tomber des nues : Jean-François Copé avait déjà traité les militants de gauche de "cloportes", Patrick Devedjian une membre du Modem de "salope" et Nicolas Sarkozy lui-même un opposant de "pauv’ con", sans être inquiétés le moins du monde. Mais le "gaucho de merde" du député UMP au procureur n’est pas passé. 

Concluons par un message personnel autant que familier de Plume de presse à Damien Meslot : "Prends ces 700 euros d’amende dans ta face de droite décomplexée !" A vindicatif, vindicatif et demi.