Enseignante poignardée : les jurés n’ont pas flanché

Treize années en prison. C'est le prix que devra payer Kévani Wansale, l'élève de BEP-vente âgé de vingt ans, qui avait, le 16 décembre 2005, poignardé Karen Montet-Toutain, son enseignante.

Au lycée Louis-Blériot d'Etampes, l'élève s'était ce jour-là muni d'un grand couteau de cuisine. La veille, sa mère avait menacé de le bannir du foyer suite à un entretien avec Madame Montet-Toutain, qui lui avait révélé les difficultés de son fils et la courte exclusion qu'il tentait de lui cacher.

A l'époque des faits, le jeune homme était tout juste majeur. Il souhaitait gérer sa scolarité lui-même. Mais son enseignante devait penser que c'était une mauvaise idée ; elle contacta Madame Wansale sur son téléphone portable.

Le jeune garçon n'avait jamais connu son père, mort au Zaïre, sous la torture.

 

Depuis son incarcération, sa mère a fait trois tentatives de suicide et un séjour en hôpital psychiatrique. "Ce qui est arrivé, c'est de par ma faute", "j'ai empêché cet enfant de vivre. Je l'ai trop chargé, comme une épaule, une béquille pour moi", affirmera-t-elle lors de l'audience.

Dans le box des accusés, son "joyau le plus précieux" pleure, tête baissée.

L'enseignante aussi ; elle n'en veut pas à son élève.

Lui ne cesse de répéter : "Je vous demande pardon. Je sais que je vous ai fait beaucoup de mal. Je regrette tous les jours, ça ne me quitte pas".

Quinze ans de réclusion étaient requis. La cour d'assise n'a pas vraiment été plus clémente. Pourquoi ? Parce que préméditation. « Il a ruminé toute la nuit, a rappelé l'avocat général. Il s'est alors emparé du plus grand couteau de la cuisine, avec une lame de 15 à 20 cm, il a confectionné un fourreau pour qu'il ne perce pas son sac à dos et il est parti avec le lendemain. En classe, il s'installe au premier rang alors que d'habitude il est toujours assis au fond. Et après une provocation, il plante une première fois son couteau dans le ventre de sa professeure. Il redonne un coup, puis d'autres encore alors que sa victime est au sol, acculée et qu'elle se tente de se protéger avec son bras. Plusieurs élèves ont témoigné de son acharnement. Les blessures de Karen Montet-Toutain atteignent des zones vitales, et l'enseignante ne doit son salut qu'à l'intervention rapide d'un collègue et des secours. ».

"Un véritable gâchis pour deux vies" concluera la victime. Plus que deux, assurément.