Avoir raison contre tout le monde.

 J’ai bien peur pour Vincent Peillon que son avenir à la tête du ministère de l’éducation nationale ne soit compromis. Il ne fait pas de doute que l’homme est compétent et que sa place rue de Grenelle n’est pas usurpée mais il a tendance à foncer sabre au clair alors qu’il est de notoriété publique qu’un ministre de l’éducation doit marcher sur des œufs. Après les rythmes scolaires et les programmes, le voilà qui lance un nouveau pavé dans la mare en proposant de raccourcir les sacrosaintes grandes vacances. Aïe, là il tombe sur un os ! Il court au casse-pipe, il y en a d’autres qui ont essayé et qui se sont cassés les dents. 

Si on reprend ses arguments, il n’a pas tort mais peut-on avoir raison contre tout le monde ? Il souhaite 37 à 38 semaines de classe par année, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Dans le secondaire, la plupart du temps, les cours s’arrêtent début juin. Si on ne veut pas sacrifier les « petites vacances », force est de constater qu’on serait obligés d’amputer les mois d’été.

On sait très bien qu’en plus des enseignants qui aiment bien ce repos prolongé, les parents qui veulent pouvoir être en vacances avec leurs enfants soit en juillet soit en août en fonction de leurs propres congés,  il y a les professionnels du tourisme qui voient dans cette proposition une atteinte à leur chiffre d’affaire. Un Everest à gravir pour monsieur Peillon. 

Là où sa stratégie me laisse perplexe, c’est qu’il fait cette annonce en précisant qu’il n’en serait pas question avant 2015. Il avait donc le temps de se faire vilipender ou bien souhaite-t-il que cette proposition mûrisse lentement dans les esprits. Une erreur à mon avis. Il semble que l’actuel gouvernement renvoie aux calendes grecques les réformes difficiles comme le vote des étrangers, le non-cumul des mandats ou les réformes de monsieur Peillon. 

Si, comme on peut le supputer, après des élections municipales catastrophiques en 2014, François Hollande doit remanier son gouvernement, on peut craindre que les brillantes idées de Vincent Peillon ne passent à la trappe. Quand on voit comment le maire de Paris s’est fait chahuter il y a quelques jours, on comprend que la plupart des maires, prudents, attendront septembre 2014 avant d’enclencher un processus qui ne les convainc pas.