Otan et indépendance nationale : Sarkozy se moque du monde

"Notre rapprochement avec l’Otan conforte l’indépendance nationale mais notre éloignement proclamé mais non réalisé avec l’Otan limite notre indépendance nationale" : cette fois, il passe les bornes du foutage de gueule ! Il ne l’avait pas encore récolté, mais voici le premier Ferme ta gueule ! décerné à Nicolas Sarkozy en personne. Il faut sacrément prendre les gens pour des abrutis en affirmant que rejoindre l’Otan, que les Américains dirigent, conforte notre indépendance nationale. Pour l’atlantiste hystérique qui nous tient lieu de président, l’indépendance de la France consiste donc à obéir aux ordres de la Maison blanche. À la rigueur encore, qu’il prétende que réintégrer le commandement intégré de l’Alliance n’affaiblit pas la souveraineté française, ce serait mensonger mais on aurait pu s’y attendre. Par contre, qu’il aille jusqu’à oser affirmer que notre indépendance en sortira confortée, les bras nous en tombent. Quant à la seconde partie de la phrase, "notre éloignement proclamé mais non réalisé avec l’Otan limite notre indépendance nationale", elle est tout bonnement incompréhensible. Ou alors si : c’est le fait que notre éloignement n’est que proclamé mais non réalisé qui la restreint, puisque, n’étant pas effectivement éloignés, nous en restons trop proches pour résister aux ordres du Pentagone. Comme ça, c’est compréhensible. Mais l’abruti veut dire l’inverse ! On sent qu’il a écrit son discours lui-même ou alors qu’il a improvisé : c’est toujours le cas quand il new frances’exprime aussi mal – Sarkozy est si nul qu’on se demande comment il a pu exercer la profession d’avocat. Il veut en fait nous convaincre qu’étant à l’intérieur du commandement, la France pourra peser sur les décisions. Ben voyons. Parce que les Américains accepteront bien sûr de renoncer à leurs ambitions, à leurs objectifs et à défendre leurs intérêt parce que leur allié français le leur demandera, on voit ça d’ici. Question : Sarkozy croit-il au Père Noël ? Certainement que non, il ne peut pas, si médiocre soit-il, adhérer à une baliverne pareille. Mais il est coincé : en 2007, après son élection, il avait annoncé un retour de la France dans la structure militaire de l’Otan à condition d’avancer sur l’Europe de la Défense. L’Europe de la Défense a-t-elle avancé ? Non. Mais on revient dans l’Otan quand même. Alors il faut bien dire n’importe quoi pour tenter de le justifier.

vjLe journaliste du Nouvel Observateur Vincent Jauvert, spécialiste des questions internationales, avait tout prévu dans son article publié en juin 2008 : "Le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan est-il subordonné à des progrès substantiels de l’Europe de la Défense ? Autrement dit, allons-nous, oui ou non, rejoindre toutes les structures de l’Alliance atlantique après, et seulement après, que la Défense européenne ait été suffisamment relancée pour être enfin crédible ? Dans ce débat – majeur – l’équipe Sarkozy ne dit pas toute la vérité. Pour employer un langage diplomatique, elle entretient une "ambiguïté constructive". Pour parler comme vous et moi, elle nous balade. (…) au final, quelle que soit la façon dont on tourne la question, on aura, dans un an, beaucoup d’Otan et très peu de défense européenne." Bien vu ! Voilà comment Sarkozy balaie quarante ans d’indépendance de la politique étrangère française, tout en osant prétendre qu’il renforce ladite indépendance. Il sera dur à l’avenir pour quiconque de mériter davantage que lui, sur ce coup-là, sa place dans notre prestigieuse rubrique Ferme ta gueule !

PS : Lire aussi sur le même sujet la pertinente analyse d’Hubert Védrine.

uncle sarko