Les frusques pervers du livre noir de Moncef Marzouki

 

Récréatif ce  »Livre Noir (1) de la propagande du régime de Ben Ali », 354 pages imprimées en 300 exemplaires par la Présidence tunisienne faisant couler beaucoup d’encre jusqu’à la rédaction du quotidien Le Monde et qui était le seul à apprécier ce livre d’ailleurs.

-Le Livre noir des « journalistes amis » en Tunisie sous Ben Ali LE MONDE 05.12.2013-

 

L’objectif de ce livre nous aide plus au moins à concevoir la mécanique mise au point durant une bonne vingtaine d’années  par Ben Ali et ses alguazils pour asservir l’opinion publique que Bourguiba avait poindre à la conscience tunisienne. Mais loin d’être l’objectif réel du livre noir et plus noir que la noirceur dans la quel cette opinion avait pu éclaircir les vrais visées de cet ouvrage. 

 

Première impression, l’ouvrage souffre de quelques maladresses, particulièrement le chapitre 3 relatif, entre autres, au journalistes et intellectuels qui ont concouru avec le régime et qui amalgame pas mal de cas très différents. Des journalistes, des hommes d’affaires, des acteurs et maintes personnalisés se trouvent aujourd’hui au banc des accusés sous assertion d’avoir soutenu le régime de Ben Ali, alors même que bon nombre d’entre eux étaient soumis à de fortes pressions.

les tunisiens doivent connaitre ceux qui ont été impliqués dans ce qui est qualifié de système de corruption et plus encore, qu’il connaissent en détail la manière dont le gouvernement ZABA avait manipuler l’agence tunisienne de communication extérieur (ATCE) pour chambrer le peuple. Il est vrai que les médias de l’époque étaient muselés et utilisés par le pouvoir de Ben Ali comme un cheptel mort de propagande. Les Tunisiens, loin d’être dupes, connaissaient cette evidence. Et ce livre, rappellent certains journaux tunisiens, peut les aider à y voir plus clair. Mais la réalité dépasse-t-elle la fiction ? Moncef Marzouki est en tout cas pointé du doigt pour ne pas s’être appuyé sur son passé de défenseur des droits de l’Homme qui aurait dû le rendre sensible à la notion d’éthique et au respect de la présomption d’innocence. Mais aussi et surtout pour ne pas avoir consulté le pouvoir exécutif pour conclure un tel travail délicat qui aurait dû passer sous la houlette d’une décision nationale engageant l’Etat dans son ensemble.

 

«Le président de la République, a prêté serment pour respecter les lois tunisiennes. Mais les prérogatives de la Présidence relatives à la loi constituante numéro 6 ne permettent pas à Moncef Marzouki de rédiger un tel livre au nom de la présidence et non en son nom propre.»

-constitutionnaliste Tunisien Amine Mahfoudh-

 

D’un point de vue réaliste et en s’appuyant sur la situation social et économique du pays, Nul n’est plus sourd que celui qui ne veut point entendre, ou voir dans notre cas, la sortie de ce livre avait l’objectif de salir les intellectuels beaucoup plus parce qu’ils l’ont bravé. Christian Malard, Frédéric Pons, Danielle Ben Yahmed, Zied Limam, Antoine Sfeir, Abdel Bari Atwane, Gérard Klein, Joseph Macé Scaron, Françoise Laborde, Frédéric Mitterrand, Alain-Gérard Slama, Gérard Sebagh, William Lemergie, Josette Alia, Claude Imbert… Tous ces noms de qui ont eu raison de défendre un jour les acquis modernistes de la Tunisie, sont indistinctement et sans la moindre précision ou justification, cités dans un tableau intitulé « Les amis de l’ATCE ». Dans la liste noire de Moncef Marzouki, on trouve même le nom d’un ancien ambassadeur de Grande Bretagne en Tunisie, Stéphan Day et Tom McNally, l’actuel ministre de la Justice britannique, que le livre de Marzouki cite comme un vulgaire propagandiste.

 

D’autre part, souiller tous les opposants qui l’ont côtoyé et soutenu en France et finalement détourner l’opinion publique des véritables périls qui menacent la Tunisie, à savoir la faillite économique, le chaos islamo-terroriste et surtout la calamité de cette troïka qui est une coalition rassemblant les trois partis Enahda (2), CPR (3) et fdtl (4) représentés à l’assemblée constituante dans le but de former une majorité stable. Ce qui confirme qu’en Tunisie, aux innocents les mains pleines.

  

(1) http://www.slideshare.net/MediaPlusTN/ss-28809224 (version arabe)

(2) Parti de droite avec le slogan «Islam politique libéralisme économique»

(3) Le Congrès pour la République, parti de centre-gauche avec le slogan «Souveraineté du peuple,Dignité du citoyen et Légitimité de l’État»

(4) Le Forum démocratique pour le travail et les libertés, parti de centre-gauche avec le slogan  «social-démocratie, laïcité»