La preuve par Gandrange : le bonimenteur dans ses œuvres

Sarkozysme, mode d’emploi…

C’était le 4 février 2008. Le président était venu à Gandrange (Moselle), dans l’usine ArcelorMittal, rassurer les ouvriers menacés de licenciement et leur promettre qu’il ne les laisserait pas tomber : "Nous sommes prêts à faire le nécessaire quel que soit le propriétaire, car notre objectif, c’est de garder des usines ouvertes en France, parce qu’un pays qui n’a plus d’usines est un pays qui n’a plus d’économie. Soit nous arrivons à convaincre Lakshmi Mittal et nous investirons avec lui, soit nous trouvons un repreneur et nous investirons avec lui. L’Etat préfère investir pour moderniser le site plutôt que de payer de l’argent pour accompagner des gens soit en préretraite, soit au chômage. Nous sommes prêts à mettre de l’argent pour faire des investissements qui auraient dû être faits depuis longtemps sur le site et qui n’ont pas été faits !" Puis, trois jours plus tard : "Je me rendrai à Gandrange dans deux mois pour graver ces engagements dans le marbre." Il n’est jamais revenu. "Sarkozy, c’est un grand stratège, croyait alors Xavier Phan Dinh, élu CGT au CE de l’usine. Là, ses conseillers ont dû lui montrer que c’était un dossier facile à faire aboutir, alors il saute sur l’occase pour rétablir sa cote de popularité. Si c’est du flan, sa crédibilité va en prendre un coup." Un grand stratège ? Un bonimenteur, oui ! Quant à sa crédibilité, bien naïf qui lui en a jamais attribué une once. Voilà qui explique l’érection ironique par les syndicalistes de Gandrange d’une stèle gravée de l’inscription suivante : "Ici reposent les promesses de N. Sarkozy".

stèle

Le président s’était invité hier soir à la télévision pour expliquer pourquoi, malgré les deux millions de personnes descendues dans la rue le 29 janvier dernier pour protester contre sa politique, il ne changera rien. Les journalistes appelés à l’interroger ont-ils fait leur travail en lui rappelant Gandrange ? C’était finalement le seul suspense de ce Sarkoshow. Réponse : oui, on l'a interrogé. Mais sans le contredire quand il a évoqué le centre de formation, selon lui toujours d'actualité, alors que le projet initial était la création d'un nouveau centre pour 120 élèves et qu'il ne reste plus que la promesse d'en intégrer… 20, dans une structure déjà existante !

Mais nous avons pour notre part boycotté le blabla présidentiel, en paraphrasant ce qu’il déclarait à propos des grèves : maintenant, quand Sarkozy parle, en France, personne ne s’en aperçoit !