99F

Allez voir ce film !

Vraiment.

N’allez pas croire que c’est une parodie ou une énième pantalonnade navrante capitalisant sur la popularité de Jean Dujardin auprès des djeuns.

N’allez pas croire non plus que c’est « une critique acerbe du microcosme de la publicité ».

C’est bien plus que ça.

C’est une critique de ce que nous sommes, de ce que notre monde est devenu. C’est une critique de notre humanité occidentale dont la publicité est à la fois la cause et le symptôme.

Tout est là. Tout le XXIème siècle est là.

C’est impitoyable, brillant, lucide, ricanant.

C’est une œuvre qui a enfin compris et assimilé cette juxtaposition philosophique, permanente et contradictoire que nous impose notre époque.

Il y a la critique et la critique de la critique (le film a la lucidité de conclure sur sa propre vanité et le fait qu’il utilise les outils de ce qu’il dénonce). Il y a la déification du « je » (Jean Dujardin qui est véritablement un Christ moderne car il endosse son époque) et  la futilité du « je » (tout est provisoire).  Il y a la destruction des apparences et le renforcement des apparences (la scène de la pub Kinder  probablement une des scènes les plus importantes du film). Il y a la recherche d’un contrepouvoir (la révolte individuelle) et le constat de son inutilité. Il y a le choix (chut ! rupture géniale de convention) et l’illusion de ce choix ( tout notre imaginaire qu’il soit chute ou happy end est conditionné par une imagerie publicitaire : les bons sauvages et l’amour de carte postale (pétrochimique)).

Au final, il n’y a plus qu’une seule chose qui peut permettre à un homme de prendre conscience et de rester debout : l’amour. L’amour d’une femme. Ou l’amour d’un père.

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