Affaire Benalla : « Maître » Alexandre a rendu les clefs du donjon élyséen

« Alexandre Benalla, lui non plus, n’a jamais été mon amant… » a ironisé le chef de l’État. Peut-être mais Emmanuel Macron a menti effrontément sur d’autres points qui ne sont guère de détail…

En préliminaire, il reste plus que surprenant que le général d’armée Richard Lizurey, patron de la gendarmerie, n’ait pas été interpellé sur le respect des textes réglementaires. Lequel général, en personne, ou l’un des officiers supérieurs sous son commandement, a bafoué l’article 12 du décret nº 2008-959 fixant les conditions d’accès aux grades pour les militaires commissionnés. Pour être lieutenant-colonel de ce cadre de réserve, il faut au moins « être titulaire d’un diplôme de troisième cycle ». Licencié ès droit, Alexandre Benalla a pu obtenir un master 1 (ex-maîtrise) et non pas l’équivalent d’un DÉSS ou DÉA (master 2), qui sont des diplômes de deuxième cycle… Il ne justifiait pas non plus de huit ans d’expérience professionnelle à un niveau équivalent à celui d’un officier supérieur (c’était un simple brigadier auparavant). Bizarre autant qu’étrange : la commission des lois de l’Assemblée nationale semble ne guère connaître les règlementations. Pas davantage que les généraux Lizurey et André Petillot (général de brigade, chef de cabinet du directeur général).

Second point touchant à l’usage en matière de toute affaire publique. Untel ou Machin, serait-il chef de l’État, peut dire tout ce qui lui chante : tant qu’il ne réfute pas en justice une affirmation du Canard enchaîné et obtient satisfaction, c’est la version de l’hebdomadaire qu’il faut retenir. Lequel, sous le titre « La panoplie d’un enfant gâté » affirme sans ambages : « Alexandre Benalla était habilité au secret défense. ». Admettons charitablement qu’Emmanuel Macron fût insuffisamment informé, tout comme il est admissible que les multiples mises en garde ayant été adressées à son premier cercle (dont celle de Daniel Vaillant, ex-ministre de l’Intérieur, et de Gilles de Laclause, gestionnaire de l’immeuble de campagne d’En marche, parmi d’autres) ne lui aient pas été remontées.

Que « Maître » Alex ait été le gardien du donjon de l’Élysée ne fait aucun doute. Au sens figuré, bien sûr, et n’allons pas supputer que Brigitte Macron ne fessant plus correctement son époux, ce dernier s’en soit remis à un cogneur plus musclé… Il était aussi le concierge du domicile privé du Touquet et le « Papillon » en charge des menus plaisirs, comme celui de réserver la présence des Bleus à son patron, privant le bas peuple de les ovationner longuement sur les Champs-Élysées et place de la Concorde… Quant aux faveurs reçues, elles sont de l’ordre et niveau de celles ayant échu à la Pompadour avant d’être anoblie. Or, Le Canard le confirme, Alexandre Benalla était bel et bien un futur marquis élyséen. Dans son numéro transmis mardi soir à l’Élysée avant qu’Emmanuel Macron prenne la parole, l’hebdomadaire affirme que Gérard Collomb a menti sciemment, sous serment, qu’Alexandre Benalla avait été pressenti pour devenir un haut gradé de la future Direction de la sécurité de la présidence remaniée ad hoc pour lui faire gravir les échelons…Selon Gilles de Laclause, « Maître Alex » a été « le Kerviel de Macron ». Lequel a coûté « un fol pognon » à la Société générale et aux contribuables. Certes, son salaire brut, supérieur à celui d’un préfet au plus haut échelon, n’atteignait pas 10 000 euros, mais 7 113 (sans compter primes et autres…). Certes, il n’allait pas disposer d’un logement de 300 m² mais bien d’une surface avoisinant les 200. Emmanuel Macron, Gérard Collomb, Michel Delpuech n’ont pas dissimulé l’ampleur des faits que par omission… Au moins Patrick Strzoda a-t-il eu la pudeur de s’abriter sous le parapluie d’un devoir de réserve. Mais on attend de ce dernier qu’il communique toutes les pièces en sa possession qu’il lui est permis de transmettre. Notamment les montants des diverses commandes qu’aurait pu passer Benalla, ce aux fins de diligenter des vérifications auprès des fournisseurs.

Après les « précisions » fort imprécises du général Lizurey, c’est le général Éric Bio-Farina, commandant militaire de la présidence, qui affirme sous serment de Benalla n’était « pas en charge de la sécurité ». C’est exact. Il ne la chapeautait qu’officieusement en-dehors de l’Élysée. Le colonel Lionel Lavergne, du GSPR peut aussi dire de même : Benalla n’avait pas été nommé son supérieur, et il ne l’aurait sans doute pas été avant quelques années… Mais les documents, les faits, les images… les communications sont « têtues ». Il n’est nul besoin d’aller chercher Emmanuel Macron, lequel n’a pas parlé sous serment et ne risque donc pas cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende (CP art. 434-13). L’affaire Benalla est bien devenue, de fait, une affaire d’État aux yeux de l’opinion. Vaudrait-elle le dépôt d’une motion de destitution ? Sans doute pas. Il est indémontrable que le président ait soutenu Benalla jusqu’au lendemain de la parution du Monde.

Quant aux agissements du sieur Benalla le 1er mai, on retiendra que présent boulevard de l’Hôpital, face aux black blocks, il s’est bien préservé d’intervenir… Ce fier à bras ne s’en est pris qu’à des personnes (journalistes, quidams…) n’étant pas en mesure de riposter. Benalla était craint de ceux-, mais aussi des policiers sur le terrain, comme l’a précisé Rocco Contento, du syndicat Unité SGP, qui a décrit un individu nuisible. Espérons qu’il soit le seul de ce type dont Emmanuel Macron a choisi de s’entourer. On souhaiterait d’ailleurs à présent savoir combien de personnes ont été recrutées par Benalla, et le montant global des émoluments, remboursements de frais, fournitures, &c., de cette garde prétorienne…

P.-S. – L’ami d’ami (Charles Duchêne) Jean-Michel Delambre ne m’en voudra pas durablement de lui avoir piqué son dessin pour Le Canard enchaîné.

Affaire Benalla : du Macron laxiste et diverti au Macron impitoyable et rancunier

Parce qu’il s’est comporté tel un foutriquet, au lieu de faire amende honorable, Emmanuel Macron va désormais charger la barque de son confident, Alexandre Benalla… Mais on reconnaîtra au moins une qualité au « fils adoptif » du président : mieux rétribué que Pénélope et les enfants de François Fillon, lui, « mouillait le maillot ».

Revenons d’abord aux faits : selon Naguib Michel Sidhom, photographe de presse (Le Monde, AFP…), le 1er mai dernier, le couple victime du trio Benalla-Crase-Mizerski avait, sur la place de la Contrescarpe, « une attitude extrêmement pacifique ». En témoignent « 141 photos qui sont maintenant à la disposition de la justice », a confié ce journaliste à France Info. Admettons que le chef de l’État, qui a visionné lui-même la vidéo, en a sans doute souri, avant d’entériner pour le principe la sanction de pure forme (et non exécutée) visant Alexandre Benalla, s’en mord les doigts. Il se montrera donc, au moins en parole, encore plus ferme qu’à l’égard du général Pierre de Villiers, ex-chef d’état-major des armées, limogé à la veille du 14 juillet 2017.
Il y a de quoi : car Emmanuel Macron a perdu la face. Il avait tout accordé à un chouchou dont il voulait faire un sous-préfet et qu’il fit promouvoir lieutenant-colonel de gendarmerie, lui accordant un salaire brut de 7 113 euros, de mille euros supérieur à celui d’un préfet d’échelon  3 (le plus haut), en fait équivalant à du net car Benalla ne sortait pas un sou de sa poche : somptueux appartement de fonction, voiture de luxe suréquipée avec chauffeur, divers avantages…

On comprend aussi fort bien que la hiérarchie de la gendarmerie, de la police, de la préfectorale, et divers syndicats de la fonction publique, voyaient d’un fort mauvais œil un jeune homme se voir confier toute la réorganisation de la sécurité présidentielle, embaucher qui lui bon lui semblait, faire grimper les échelons à ses protégés, avec l’aval d’Emmanuel Macron. Promotions au copinage, et loyauté sans faille à qui les accordait : Alexandre Benalla était le confident à tu et à toi avec le couple présidentiel… Le major Philippe Mizerski, qui servait de plante verte ou de cornac à Benalla, se voyait déjà dans la piscine de Brégançon, passant le drap de bain à Brigitte Macron…
Le président jouit d’une totale impunité, non le ministre de l’Intérieur. Voici donc Emmanuel Macron dénonçant des « faits inacceptables ». De la part de qui ? De tous ceux qu’il avait prié d’avoir le doigt sur la couture du pantalon devant Benalla ? Cela fait beaucoup de monde et le général d’armée Richard Lizurey, qui a entériné sans broncher que Benalla soit fait lieutenant-colonel de la gendarmerie, a pris les devants. Il a fait fournir des explications embrouillées sur ce recrutement singulier en qualité d’expert. Mais il n’y a pas que le ministre de l’Intérieur à avoir couvert des « faits inacceptables », il y a aussi le préfet de police de Paris, mis au jus dès le lendemain 2 mai. Aucun des sachants, au plus niveau, que ce soit à l’Élysée, à l’Intérieur, à la préfecture de police, n’a averti le parquet : « faits inacceptables ». Emmanuel Macron a fait fi de tout, y compris des avertissements de Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur, qui avait alerté Richard Ferrand sur Benalla quand il était encore temps. Mais Benalla était déjà auprès de Macron telle la Montespan auprès de cet autre Jupiter, le Roi Soleil. Tout été permis à ce bienheureux Alexandre qui disposait d’un laisser-passer permanent (un badge H) afin d’aller surveiller les députés à la buvette. Ce passe-droit fut demandé à de Rugy par le directeur de cabinet de l’Élysée. Un permis de port d’arme lui fut attribué en dépit des refus du ministère de l’Intérieur en 2013. Et il coûtait « un pognon fou » selon la locution employée par Emmanuel Macron (à propos des Français éloignés de son cercle d’intimes).

Dans l’entourage du président, après avoir déploré le « lynchage médiatique » subi par le sémillant Alexandre, on assure à présent, reprenant « la voix de son maître », qu’il n’y aura pas d’impunité. Pour personne ? Évidemment, plus question de se cotiser pour la corbeille de mariage (Benalla devait épouser une certaine Myriam le lendemain du soir de sa garde à vue). Le phénix est devenu le galeux. Après avoir soigneusement évité de se prononcer, les députés LREM vont renchérir, se féliciter de la « transparence » réinstaurée. On ressortira les propos d’Emmanuel Macron, alors candidat, pour l’émission Quotidien, évoquant les violences policières : « dès qu’il y a une bavure il doit y avoir une réponse et une sanction, mais elle est hiérarchique (…) il y a un commissaire de police, un directeur départemental de la sécurité publique, il y a un préfet, il y a un ministre, je crois à une République de la responsabilité. ». C’était sur Télé Monte Carlo, en mars 2017. Or, Benalla ayant été placé haut dans la hiérarchie, adjoint au chef de cabinet du chef de l’État, c’est donc cette hiérarchie qui doit rendre des comptes. Laquelle évitera l’expression « responsable mais pas coupable » qui a déjà servi (à la ministre Georgina Dufoix, dans l’affaire du sang contaminé, en novembre 1991). Mais Benalla n’avait pas que des complices au « Château », mais aussi place Beauvau… voire à l’hôtel de Brienne (ministère des Armées) puisqu’il fut maintenu lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle de la gendarmerie (donc officier supérieur) sans avoir jamais levé le petit doigt ni signé la moindre feuille de présence. On comprendrait mal que la responsabilité de Florence Parly ne soit pas engagée, au moins sur les bords.

Un tel lieutenant-colonel doit être (décret nº 2008-959) soit « titulaire d’un diplôme de troisième cycle (…) soit justifiant de huit ans d’expérience professionnelle (…) dans un emploi d’un niveau au moins équivalent… ». Deux conditions que ne remplissait pas Benalla. En fait, c’est le ministre de l’Intérieur qui fixe l’échelle de solde (et donc de droits à la retraite) « pour les militaires commissionnés de la gendarmerie nationale » (art. 12). Florence Parly pourra donc sans doute se défausser sur Gérard Collomb… Quant à Édouard Philippe, il aura beau jeu d’affirmer et qu’il n’était au courant de rien.

Emmanuel Macron voyait peut-être en Benalla une sorte de fils adoptif… Au moins, contrairement aux enfants Fillon, mouillait-il le maillot. Certes en se livrant aussi à des exactions, certes encore mieux rétribué qu’une Pénélope Fillon, mais il ne ménageait pas son temps. Pensez donc, il a même poussé le zèle à se mêler aux Bleus (au cas où l’un d’entre eux aurait été susceptible de mal se conduire lors de la réception à l’Élysée) dès leur atterrissage à Roissy. Et puis, il lui arrivait même de faire preuve de retenue : le lycéen ayant lancé un « ça va Manu ? » le 18 juin dernier n’a pas été rossé. Un moment d’inattention ?

Il y aura les retombées politiques immédiates, et les autres… Car le cas Benalla fait douter des capacités de jeunes gens surgis de nulle part que La République en marche présentera aux européennes et aux municipales. Le Canard enchaîné avait surnommé Edouard Balladur « Sa Suffisance », ce qui lui est resté. Si le surdoué de l’Élysée devenait Le Cafouilleur, ou quelque chose de ce genre, ou Le Dispendieux (après la piscine, les fauteuils Napoléon III, les porcelaines de Sèvres, etc.), ou Langue fourchue, l’image présidentielle, et donc celle de LREM serait durablement écornée. Aurore Bergé, porte-parole du mouvement, a estimé sur Europe 1 qu’on ne peut « jeter le discrédit sur l’ensemble de la majorité uniquement pour un acte isolé d’un individu » (qui d’ailleurs était accompagné, pas du tout isolé, aucunement sans soutiens divers…). En titrant « Macron sans parole », Libération ne pointe pas que le mutisme présidentiel. Et finalement, dans l’opinion point déjà le soupçon que Benalla est le reflet intime d’un Macron méconnu, se croyant tout permis, estimant qu’il lui suffit de paraître, en comédien duplice et bluffeur… « Dis-moi qui tu fréquentes… », énonce l’adage.

Benalla en compagnie de Crase, et pas du tout isolé.

Affaire Benalla : impunité ou non pour les policiers témoins de ses actes ?

Trois membres de la direction de l’ordre public et de la circulation sont sanctionnés sur soupçon d’avoir communiqué des enregistrements de ses actes à Alexandre Benalla… Mais quid des policiers témoins sur place, qui l’ont laissé poursuivre ses agissements sans intervenir ni rapporter les faits à leurs supérieurs ?
Fort bien, les syndicats de policiers, de la « tenue », des officiers et commissaires s’insurgent. Si l’un de leurs adhérents ou eux-mêmes s’étaient livrés à ce qu’a commis Alexandre Benalla, le « superviseur » (y compris des gendarmes chargés de la protection des personnalités, semble-t-il…) de la sécurité du président Emmanuel Macron, ils auraient été, assurent-t-ils, beaucoup plus lourdement sanctionnés… À juste titre, ce avant d’être déférés devant la justice, laquelle, sauf rare exception, la jurisprudence le confirme, se montre très réticente à alourdir les charges (et condamnations s’ajoutant aux sanctions administratives) et n’indemnise guère les victimes à la hauteur de ce qu’elle accorde à d’autres pour des faits survenus entre particuliers. Ce nécessaire rappel vaut encore davantage pour les prévenus n’ayant pas été totalement désavoués par leurs collègues et leur hiérarchie : les magistrats, dont les rapports avec les forces de police et de gendarmerie sont fréquents, savent se montrer parfois plus circonspects qu’usuellement. Benalla, simple « pékin » (civil), n’aura sans doute pas droit à de telles indulgences… D’autant que la plupart sont sans doute moins bien rétribués qu’il le fut.

Circonstances atténuantes

Donc, Laurent Simonin, contrôleur général, Maxence Creusat, commissaire, et un commandant de la DOPC, prévenus d’avoir communiqué des images de surveillance à l’auteur d’usurpation de la qualité de policier et ayant commis des voies de fait sur la personne d’un manifestant, sont sanctionnés par la préfecture de police de Paris… Reste à savoir qui leur a vraiment demandé de communiquer ces enregistrements, sous quelle forme, et à qui exactement. S’il s’agit d’une démarche personnelle (cas de Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre, ayant communiqué des informations au prévenu de fraude fiscale Thierry Solère, député), soit. S’ils avaient reçu injonction présumément autorisée de transmettre ces éléments à qui que ce soit à la présidence, ces sanctions semblent totalement injustifiées.
Mais qu’en est-il donc des membres des forces de l’ordre qui assistent aux faits, mais n’interviennent pas, ne procèdent à aucun signalement auprès de leurs supérieurs, et semblent – le conditionnel s’impose – avoir toléré des agissements dont ils savaient que s’ils s’y livraient, ils seraient, leurs syndicats l’affirment, très lourdement sanctionnés ? N’incriminons pas sans recul : dans le feu de l’action, il se peut qu’ils n’aient « rien vu, rien entendu » ou trop partiellement pour s’alarmer. Si c’est bien le cas, une simple réprimande s’imposerait ou non. Si, au contraire, ils ont « tout vu, tout entendu », ils étaient tenus de signaler les faits délictueux et non de les tolérer. S’ils ont voulu protéger un présumé « collègue », que penser des réactions des syndicats ? Considèrent-ils simplement que la justice et la hiérarchie doivent se montrer plus indulgents pour de tels faits ? Est-ce bien l’essentiel du message sous-jacent qu’ils communiquent ? Les policiers et gendarmes intervenant lors de manifestations violentes doivent certes bénéficier de circonstances atténuantes : je ne voudrais pas me retrouver à leur place, encore moins à celle de celles et ceux (parfois aussi des femmes enceintes, cela s’est vu par le passé, de très jeunes gens…) qu’ils « maîtrisent » parfois quelque peu « brutalement ». Mais place de la Contrescarpe il ne s’agissait pas d’une émeute, aucun « meneur » muni d’arme par destination n’a été appréhendé… Or donc, les policiers témoins des faits étaient-ils en mesure de réagir efficacement et conformément à leurs devoirs et obligations ? Ce sont certes des « lampistes » et il reste à déterminer ce que leur encadrement avait donné pour consignes. On doute très fort qu’il ait décrété de son propre chef qu’il fallait « terroriser » des « terroristes » en puissance… À moins que le concept de « l’ultra-gauche » cher à Michèle Alliot-Marie (auparavant à MM. Papon, Marcellin, Poniatowski…) ait été repris à son compte par Emmanuel Macron. Dans ce cas, cet encadrement ne serait-il un zélé exécutant et complice ? Cette présomption n’a pour l’instant aucun fondement et il serait souhaitable que la présidence le précise ou le fasse préciser. Jusqu’à présent, force est de constater que c’est sous la pression de l’opinion que la présidence feint de s’insurger et réagit en conséquence.
Cela peut se concevoir : les liens de copinage entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla étaient patents, mais il n’est pas du tout sûr que le président soit lui-même intervenu pour modérer la sanction infligée, et admissible qu’il ait eu d’autres préoccupations plus pressantes. Il est aussi possible qu’il ait pensé que l’avertissement suffirait, qu’il n’ait pas un instant songé que la justice devait être saisie. Sa formation à l’Ena a pu être défaillante ou superficielle sur certains points de droit. Mais le doute subsiste : sanctionné par une mise à pied, et mise à l’écart des opérations de terrain, Alexandre Benalla a pu reprendre la totalité de ses fonctions et prérogatives, être présent lors de diverses manifestations (hommages, défilé du 14 juillet) sur la voie publique.

Trop peu, trop tard…

Les sénateurs vont se livrer à des investigations pour déterminer pourquoi la présidence a voulu « doubler » les services officiels en se dotant d’une douteuse garde rapprochée. Le chef du service officiel de la protection sera entendu et devra s’exprimer sur ses présumés liens de subordination de facto… Même Charles Pasqua n’avait pas promu des membres du Service d’action civique à tels postes. Les commissions d’enquête sénatoriale et de la chambre basse devront aussi déterminer si Alexandre Benalla n’était bien qu’un simple « observateur » et non pas, officieusement, le « superviseur » des forces de police. D’autres questions émergent : un Emmanuel Macron n’aurait-il pas fait d’un Benalla un préfet hors-cadre pour le récompenser de ses bons et loyaux services ? La présidence ne glissait-elle pas dans l’aire (ou l’ère) du népotisme ? Il sera sans doute reproché à la presse de monter un « simple » fait-divers en affaire de premier plan. Il s’agit là d’une courte vue : David Le Bars, du Syndicat des commissaires, indique que Benalla donnait « des orientations à des commissaires ».
Olivier Faure a posé publiquement une question essentielle : « pourquoi les policiers qui entouraient M. Benalla (…) ne sont pas intervenus ? ». En clair : avaient-ils reçu des ordres, et Benalla avait-il reçu des directives pour « casser du manifestant », et de qui ? S’agissait-il ou non d’une initiative personnelle ? Qui est le véritable ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb ou Emmanuel Macron ? Ce dernier ne dispose – pas davantage que son ministre – d’une formation pour traiter du maintien de l’ordre : a-t-il délégué à un Benalla, novice en la matière (rappelons que la gendarmerie mobile est dotée d’un groupement blindé, le 45e bataillon de chars de combat, qui fut engagé au Kosovo, en Afghanistan et en Côte d’Ivoire…) ? Non, il ne s’agit pas d’un banal fait-divers, car il importe de déterminer l’étendue des dérapages…
Philippe Mizerski, un gradé de la police, était censé « encadrer » le simple observateur qu’était Benalla… Était-il en fait son « aide de camp » ? Et de quoi fut-il témoin ? En a-t-il averti sa hiérarchie  ?

Benalla était logé quai Branly, dans un immeuble ayant eu pour locataires François de Grossouvre, conseiller spécial de François Mitterrand, et Anne et Mazarine Pingeot. Une voiture (Renault Talisman, coût 30 000 euros ou davantage) avec chauffeur lui avait été allouée. Restons circonspects : il n’était pas question de doter sa résidence d’Issy-les-Moulineaux d’une piscine au frais des contribuables… Mais il serait bon de tirer au clair l’ensemble des avantages, prébendes et rémunérations dont il bénéficiait. Et de les comparer avec ce dont jouit un officier subalterne (d’aspirant à capitaine) ou supérieur, ou un magistrat. Brefs, quels furent les « faits du prince » traduisant la gratitude d’Emmanuel Macron ? Benalla bénéficiait-il d’une « charte de transparence » comme Brigitte Macron qui, elle, « supervise la tenue des manifestations et réceptions officielles », prenant le pas sur le chef du protocole ? On attend donc que le budget alloué à Benalla fasse l’objet « d’une présentation transparente dans la comptabilité analytique de l’Élysée. ». Les faits divers sont révélateurs de l’état d’une société… Celui-ci l’est sans doute aussi d’une micro-société. Qui semble s’apparenter très peu avec celle des Charles et Yvonne de

Alexandre Benalla en action

Gaulle et de leur proche entourage.
Benalla coûtera encore cher au contribuable. Même en droit du travail amendé par l’Élysée, une sanction ne peut s’ajouter à une autre pour les mêmes faits. Il peut prétendre toucher deux mois de rémunération devant les prud’hommes. Au moins ne pourra-t-il pas invoquer des « circonstances vexatoires » car tout démontre qu’il était particulièrement choyé…

Avec Ça sent encore la rose, Charles Duchêne rebrandit son martinet d’épines

À peine circonspect à l’endroit d’Emmanuel Macron dans son pamphlet Ça sent la rose, Charles Duchêne, dit Charly, est encore plus retourné : son quinzième essai, Ça sent encore la rose, monte encore le ton. Préventions et réticences ne sont plus de mise, la défiance s’est muée en exécration…Décapant.

Pas de doute : pour Charles « Charly » Duchêne, Emmanuel Macron est bien l’ultra-président des richissimes. Et encore, faisant la récap’ des mesures marconiennes (depuis la présidentielle, donc n’abordant pas la vente d’Alstom à la CGE), au plus proche de l’actualité récente, Charly a balancé son pamphlet juste avant l’annonce de la suppression de l’exit tax. Soit une taxe instaurée par Nicolas Sarkozy, ne frappant, pour résumer, que les détenteurs d’un capital de 800 000 euros (et bien davantage) en actions. Bruno Le Maire a considéré que son rendement de 15 millions d’euros annuels équivalait à « quasiment rien ». Sauf qu’il faudra bien combler ce minuscule trou d’épingle budgétaire (comparativement aux 11 milliards annuels de la diminution de l’imposition des sociétés, passant d’un taux de 33,3 % l’an dernier à 25 % en 2022). Question « largesses », soit 250 euros annuels pour les rétribués au salaire minimal, les hausses de 80 à 100 euros pour la prime d’activité, les allocations pour les handicapés et les personnes âgées à l’ex-minimum vieillesse, on peut supputer qu’elles seront compensées par celles et ceux tout juste au-dessus des seuils de grande pauvreté, et les catégories intermédiaires. D’accord, les très grosses berlines et les bolides seront davantage taxés, mais c’est indolore pour qui peut les acquérir. Macron fait donc le pari fiscal de Trump : l’essor de l’activité économique devrait accroître les recettes fiscales. Sauf que, si la consommation intérieure baisse, seules les multinationales exportant massivement tireront profit des aubaines. Et si les États-Unis peuvent laisser filer leur dette, celle de la France alourdira son boulet. Énoncé ainsi, pas de quoi se précipiter sur le Ça sent encore la rose de Charly (et sa quinzaine de crobars de Delambre, du Canard enchaîné). Mais Charly prend tout cela par les deux bouts de la lorgnette avec une verve conversationnelle qu’il affûte d’un pamphlet à l’autre (une quinzaine depuis 2005, plus trois livres en-dehors de cette catégorie). Le tout s’agrémente de considérations fortement digressives sur un passé antérieur aux, ou contemporain des, Trente glorieuses, de coups de galurin (sur les stands des salons du Livre, l’auteur est désigné par le sobriquet de l’Homme au chapeau, qu’il ne quitte guère) aux restaurateurs plus qu’honnêtes et talentueux à tarifs vraiment abordables qui jalonnent ses tribulations d’un salon à l’autre. Bref, c’est du d’Ormesson canaille, un peu à la Frédéric Dard (enfin, surtout à la Dard, car d’Ormesson, quelles ribambelles de platitudes).

Au vitriol

Dire que le couple Macron le débecte, c’est faire dans la litote. Il reconnaît cependant un fort talent d’acteur (ou de bateleur-rembobineur, comme on emploie plombier-zingueur) à cet Emmanuel qui fit du théâtre avec sa Brigitte et applique la théorie du ruissellement (trickle down economics) aux travestissements de son arrogance dégoulinante. Charly fait dans le macro-Macron et le micro-Macron. Avec des démonstrations qui pointent les « détails » (250 000 euros mensuels pour écarter les fâcheux de la maison du Touquet, le budget de Madame Première, à 450 000 euros annuels, les piges des maquilleurs – près de 9 000 euros mensuels – et on ne sait si l’ex-coiffeur de François Hollande a repris du service – et encore, il n’évoque pas l’enveloppe retouche Toshop – Adobe Photoshop – de l’ex-candidat). Bref, avec 53 conseillers élyséens (contre 41 pour le prédécesseur), le jeune homme dispendieux mène grand train. Ah oui, mais lui, il travaille. Peut-être davantage que les récents retraités comme Charly qui se souviennent des 45 heures hebdomadaires rétribuées de leurs débuts (les non rétribuées en sus) et qui, du fait du chômage, et du calcul sur les 25 meilleures années (au lieu de dix précédemment), se retrouvent à payer de la CSG augmentée (comme la réalité travestie du discours de Macron), pour frôler les 1 200 euros mensuels, somme inférieure à celle de la retraite de leurs parents qui étaient simples ouvriers ou employés. Inutile de préciser aux lecteurs assidus de Charly qu’il est vent debout contre la limitation de la vitesse sur les départementales (la vitesse moyenne constatée sur un long parcours jalonné de traversées de villes et villages, de croisements avec des chemins de terre, de ronds-points, gendarmes assis, &c., chute déjà à moins de 50 km/h). Les enfers sont aussi dans les détails et le radar de Charly les repère et balise.

Nul véritable scoop dans cet opus (le 19 à l’oral d’allemand au baccalauréat de Macron intéressera cependant peut-être la presse pipeule d’Outre-Rhin), mais une recension éclairante de l’impact – négatif pour les moins riches et positif pour les plus possédants – des mesures de plus large envergure. Qui concourent toutes à laisser imaginer (foutaise totale) que l’argent des plus gros possédants alimentera l’économie réelle. Même se gaver de caviar – importé ou non – midi et soir, au lieu du steak haché hebdomadaire agrémentant le riz, les pâtes ou les patates, même en se faire portraiturer par une photographe en vogue accrochée vos basques et non en passant très occasionnellement au Photomaton™, ne relance l’économie. Tout passe dans la spéculation. Le ruissellement, c’est peut-être la progéniture claquant des sommes kolossales en stupéfiants à destination de l’économie parallèle. En fait, le gap des revenus, qui se creuse, ralentit la croissance économique. Charly n’énonce pas autre chose, mais sous sa plume, c’est largement davantage cocasse et tarazimboumant. Sans doute (le doute reste permis) s’illusionne-t-il en espérant qu’une Gauche de « Chez Gauche » fera germer une meilleure compréhension des enjeux. À l’approche de sa réélection, Macron saura faire valoir des mesurettes catégorielles qui lui vaudront, sinon des votes, du moins une bienveillante abstention. À moins qu’il ne cède galamment la place, assuré de ses arrières, à un produit médiatique similaire. Soit à un nouveau comédien rendant sur le mode doux-amer envisageable la tragédie du démantèlement des acquis du Conseil national de la Résistance. C’est à l’œuvre depuis le passage de Denis Kessler à la vice-présidence du CNPF (Medef) dans la décennie 1990. Depuis Lionel Jospin, et ses successeurs (à Matignon ou à l’Élysée), c’est ce qui s’amplifie. Autre point de divergence : l’Europe. Charly saute comme un cabri s’étant assis sur l’épineux européen… Qui n’est autre que l’émanation des chefs d’États et de leurs ministres des Finances. Plaider sans le proclamer clairement pour une sorte de Frexit au motif d’un déficit (entre les contributions de la France au budget européen et les retombées induites) est par trop réducteur, même si bien argumenté. Bon, il reconsidérera la question (ou pas) : je le vois mal s’arrêter sur sa lancée et ne pas enchaîner les pamphlets… C’est sans doute sa façon d’être (ou se considérer) moins marooned (coincé, abandonné, naufragé : comme les cochons – de payants – d’Animal Farm, de George Orwell-Blair). De nous faire sentir au moins aussi égaux que d’autres. Salutaire, néanmoins. Car moins dupes. Charly avait sorti Ça sent la rose pile pour le centième jour de la présidence Macron. L’odeur persiste au terme de l’An I de son règne…

Ça sent encore la rose, 142 p., éds JBDiffusion, 10 euros (disponible sur divers salons et via des sites de librairies ; ou Facebook : Charly Chapo)

P.-S. : aparté ; le macron, c’est le diacrité « accent plat », superposé ou inferposé, souscrit, avec de nombreuses variantes selon les langues. Puisque Charly se veut le sparadrap, la « bande Gauthier », de Macron, mode Affaire Tournesol, je lui suggère d’examiner la métaphore. Macron supra centre-droit ? Infra néo-conservateur ? Supra ultra-libéral ?

Charly mouche et fouette Macron et Ça sent la rose !

Déjà auteur d’un Le Pot aux roses consacré à François Hollande, Charly (Charles Duchêne de son pseudo antérieur) récidive, toujours aux éds JBDiffusion, en décochant des piques à Emmanuel Macron dans un (prématuré ou prémonitoire, c’est selon) Ça sent la rose !.

Si la première impression compte, celle de Ça sent la rose collera durablement aux basques d’un président que Charly, devenu féroce pamphlétaire tel le père Duchesne (1789 et suivantes, pseudo collectif d’un précurseur du Marat publiciste de L’Ami du peuple), poursuivra sans doute de son exécration. Car ce petit opus d’une petite centaine de pages, quinzième du genre (depuis Il présidera, 2005), aura assurément une suite. Toujours en compagnie du caricaturiste du Canard enchaîné, Jean-Michel Delambre (auteur de maintes illustrations aérant la lecture des ouvrages charlyesques). Ça sent la rose brosse les quelque trois premiers mois de l’actuelle présidence et ambitionne, faute de pouvoir tirer la chasse, de créer un appel d’air. Qu’actionneront peut-être les plus prometteurs et douées de la jeune garde de la France insoumise. C’est du moins ce que pressent Charles « Charly » Duchêne, en froid avec un Méluche méluchonnant (et ses groupies Voix de son maître) au point de faire fuir un électorat qui le trouvait, naguère, prometteur. Mais, chez Charly, si l’observation des évolutions politiques reste primordiale, le style, direct, familier, prime tout autant, mis au service d’un humour, acerbe, narquois, primesautier, tintinnabulant en jester à clochettes agitant ses klappersteins, titillant aux dépens d’un peu tout de ce qui le défrise (et chagrine, voire souvent offusque la gent plébéienne).

Miscellanées

On trouve de tout au BHV (le Bazar du Marais), idem chez Charly. Lequel écrit souvent aussi précipité et foutraque que votre serviteur (nous nous lisons de longue date, au point peut-être de déteindre). D’où ces digressions récurrentes, d’un essai à l’autre, sur les parcours vers les divers salons du Livre (au nord de la Loire le plus souvent), et les bonnes adresses qui les jalonnent. C’est le petit travers pédagogique de Charly qui ne cesse d’inciter ses lecteurs à dénicher le gîte d’exception ou la cantine hors du commun à tarifs plus que raisonnables. S’il trouve, vous pourrez aussi passer expert dans l’art d’éviter les arnaques au long des routes. Là, avec Emmanuel Macron, c’est pour lui l’évidence, la plupart d’entre nous, gens de peu de revenus, s’est faite filouter. Pédagogique… Soit exposant l’impact de diverses macroniennes mesures budgétaires. Pour un smicard, le bonus sera, sur la fiche de paye, de 2,84 € mensuels ; pour un, une salariée au niveau moyen national, de 8,51 ; et pour une employée à mi-temps en touchant 900, ce sera 1,53 de mieux à la fin du mois. En revanche, les ponctions diverses anéantiront ce pactole. Ce que Charly met en rapport avec le gain pour Bercy de la réforme de l’APL (32,5 millions attendus, soit 0,0068 % de la fortune de Bernard Arnaud). « Pourquoi pénaliser 6,5 millions de personnes, alors qu’une seule pourrait y suffire ? », s’interroge Charly. Le coup de torchon sur l’ardoise de l’ISF l’a sans doute – litote – froissé. Charly saute souvent du coq à l’âne, et s’attarde aussi sur le sort de la musulmane de Laponie, obligée d’enfiler une burqa XXXL sur des empilements de pelisses et subissant, lors du ramadan, un jeûne de 22 heures et quelques (davantage si le calendrier de l’hégire coïncide avec le Midsommar de juin). Charly ne l’exprime pas ainsi, mais son détour à propos du burkini me l’a inspiré. Charly Chapo (voir infra) sautille d’un sujet d’actu à d’autres, proposant par exemple – au nom de la parité –, de remplacer la moitié des coqs des clochers par des poules. Cela étant, le Charly polémiste a parfois le raccourci un peu trop riquiqui, s’en prenant à une Europe dont la dirigeance dépend pour l’essentiel des décisions des chefs d’État et de leurs ministres des finances. Feindrait-il de l’oublier ? Mais qu’on soit en phase ou désaccord avec sa prose, elle vous suscitera maints sourires. Même les analystes d’En Marche, quelque peu éberlués par la chute brutale des sondages, ne sauront s’en empêcher. Ça sent la rose ! est plus présent dans les rayonnages des bibliothèques (même celle de Mouscron, en Belgique, bientôt…) que sur les étals des librairies (mais votre libraire peut le commander : c’est six euros, avec une douzaine d’illustrations de Delambre). Mieux, en prenant langue avec l’auteur (Twitter, @CharlyChapo ; F., idem en deux mots) – repérez aussi l’homme chapeauté sur les salons du Livre – vous pouvez espérer une dédicace.

Législatives : on a vraiment voté comme des c…

Une seule triangulaire (LRM-LR-FN dans la 1e de l’Aube) et même un candidat (Hayek, 5e Paris) n’ayant recueilli aucune voix. Désolé, mais « on » (vouzôtres) a vraiment voté comme des c…

Je me souviens d’avoir fait (ailleurs qu’ici) une projection « fondée » (projection, mon fondement, aurait dit Zazie du Stif) sur la participation aux présidentielles : ma boule de cristal me renvoyait quelques rares quadrangulaires et des triangulaires en veux-tu, en voilà. De quoi envisager un second tour des législatives palpitant et bla-blatant à l’envie sur les chances et malchances de telle ou tel. Petite consolation, mais alors toute petite, j’avais aussi supputé que Marie Sara, DVD investie par La République en marche avec pour suppléante l’ex-candidate PS, Katy Guyot, ravirait son siège à Gilbert Collard (FN) dans la deuxième du Gard. Elle se place seconde, talonnant (écart de 0,13 %, 48 voix) le sortant. Si les trois, oui, trois, candidats et candidate écologistes ne sont pas trop anti-corrida, Marie Sara a quelques bons espoirs de l’emporter au soir dominical sur l’araignée Collard et de me préserver du ridicule. S… de compatriotes qui priveraient l’écrivaillon écrivore, maniaco-expressif et marathonien-claviste, d’occasions de multiplier les chroniques électoro (bravo) sportives.

Pêche à la ligne, piège à touches

L’abstention, inouïe à ce niveau (pour des législatives, aux cantonales, il faudrait vérifier), bloque les touches du clavier. Enfin, du mien. Pas totalement, il est vrai. Mais c’est à peine si je peux me rabattre sur le score d’Alexandre Hayek dans la cinquième lutécienne. 0 % – peu original, il en est d’autres, ailleurs – mais avec zéro voix, même pas la sienne. Reportera-t-il son absence de voix sur Benjamin Griveaux (LRM) ou la sortante Seybah Dagoma (PS) ? Dans cette circonscription, le taux d’abstention a été de 41,32 %, privant l’écolo Julien Bayou, soutenu par Gaspard Delanoë (0 % dans la 16e, à 8,60 % d’écart avec J.-C. Cambadélis qu’il défiait, mais très populaire dans le 10e arrondissement), d’une place au second tour… Imaginez un peu que la participation ait permis une triangulaire. Pour éviter l’hégémonique République en marche, sans trop désavouer la sortante PS n’ayant pas démérité, le trublion Bayou, troisième seulement d’une encolure, arrivait dans un fauteuil au palais Bourbon. Là, oui, on pouvait parler de renouveau. Sans la moindre animosité personnelle (aucun parent, même à la mode de Bretagne, aucun ami ou aucune connaissance parmi elles et eux) à l’encontre des Républicains promeneurs – voire badauds – de LRM, j’espère bien que « vous » (bande de p’tits inconséquents) allez vous reprendre et déjouer les pronostics. En allant voter au second tour et rogner au moins la crète de la vague déferlante. Allez les « bobos » et « la bourgeoisie traditionnelle de droite », tous « à vomir » selon Henri Guaino (sur BFM), et toutes et tous les autres, ressaisissez-vous, et laissez-moi une chance (telle la blonde du concours de blondes) de saisir à en abondance une bombance d’anecdotes électorales insolites. Comment espérer allitérer à foutraque foison avec pareille abstention ?

Après le capitaine de pédalo…

Déjà marre du Macron allant voter en vélo au Touquet après, tel un Fillon inaugurant un TGV, avoir emprunté Falcon et hélicoptère pour s’offrir une photo opportunity. Macron, Fillon, même signature carbone (avec feuilles homonymes sur le rouleau de ma vieille Azertyuiop Royal portative « fabriquée sous contrôle des troupes alliées en Allemagne occupée » pour copier des tracts à distribuer dimanche prochain). Abstentionnistes, résistez, prouvez qu’autrement vous pouvez exister ! Josiane (Balasko), toi qui soutenais le candidat communiste, reviens voter près du Splendid pour la Seybah… Le Griveaux n’est même pas grivois. En sus, la bande à Macron veut priver les gazettes de potins et ne nous bassiner que de commentaires sur les projets de loi. De quoi favoriser encore l’abstention… Josiane, avec tes copines, fais de Paris un Macao-sur-Seine et que bouillonne le sang écarlate d’un électorat résolu au reflux du tsunami héliporté ! Sois la Déroulède vengeresse désillusionnant le cycliste d’occasion et sa petite reine. On n’a pas dégagé un Sarko à vélo en couverture de Paris-Match pour y retrouver une Brigitte à bicyclette se la jouant Carla sur selle sauce normande. Le choix est simple : Lassalle (Jean) ou la selle. Éconduire et reconduire (la sortante parisienne et le Béarnais, entre autres). Votants contre volant (en Falcon), tel est l’enjeu de la seconde boucle législative.

Rencontre Poutine-Macron : Sputnik et Russia Today ont tardé à réagir

Emmanuel Macron a qualifié Russia Today et Sputnik d’« organes d’influence qui ont répandu des contre-vérités infamantes sur ma personne » sans que Vladimir Poutine réagisse. Les deux « organes » ont pris leur temps pour digérer tant les propos du président français que le silence du président russe…

C’est en réponse à une question de Xenia Fedorova, de Russia Today France, qu’Emmanuel Macron a exposé que les journalistes étrangers, y compris russes, sont bienvenus, mais que les représentants de ces deux titres ne peuvent être considérés membres de la presse internationale. Il a fallu attendre un long moment pour que le « fil » anglophone de RT fasse état, de manière fort succincte (deux phrases, quatre lignes), de cet échange. Quant au direct de Sputnik News, version française, il restait bloqué, à 18 h 15 (heure de Paris), sur le commentaire, prononcé à 17 h 44, sur les hackers : « selon le président russe, les accusations sur l’ingérence présumée de pirates informatiques russes dans l’élection présidentielle françaises sont infondées et ces spéculations de mènent à rien. ». Sputnik avait habitué son lectorat à plus de pugnacité, notamment en plaçant sur sa page d’accueil une rubrique satirique intitulée « La Main de Moscou » tournant en dérision ce type d’accusations. Elle a subitement disparu – brièvement – de l’édition française mais demeurait (The Russians dit it) en version internationale anglophone.

Procédés détournés

En fait, ni Sputnik, ni Russia Today ne s’étaient prononcés frontalement sur les mœurs du candidat Macron, son prétendu compte offshore, ou encore sur ses soutiens censés appartenir à la « finance internationale ». Les deux rédactions déléguaient ce soin à des intervenants extérieurs – notamment Jacques Sapir – ou répercutaient des tweets et commentaires d’internautes, pour la plupart liés au Front national ou plus largement à la fachosphère. Avant la rencontre Poutine-Macron, Sputnik titrait « les internautes trépignent et conjecturent ». Suivait une ribambelle de visuels détournés ou non montrant Vladimir Poutine en judoka ou lutteur ne faisant qu’une bouchée de son homologue français. Ou par exemple un Vladimir Poutine tenant un serin dans ses mains, ou donnant le biberon à un jeune veau… Aussi le portrait de Pierre Le Grand tenant dans ses bras le très jeune Louis, futur Louis XIV. Commentaire de Sputnik : « la comparaison est évidemment en faveur de Vladimir Poutine » (plus âgé et plus expérimenté politiquement et sur le plan international). 18 h 30, sur Sputnik édition française, le direct restait figé, mais divers articles reprenant les points positifs de la rencontre étaient mis en avant (page d’accueil, pages France et International). Cependant, la rubrique « Main du Kremlin » ressurgissait, avec un billet daté d’hier dimanche se gaussant des « tentacules du Kremlin qui s’étendent vers les gorges des capitales-clés de l’Europe et de ses alliés de l’Alliance. ». Mais lors de la campagne présidentielle française, il n’y eut pas que ces deux « organes » russes à faire fête à François Fillon, puis Marine Le Pen, tout en dénigrant systématiquement Emmanuel Macron. Divers titres et chaînes russes, pas vraiment indépendantes, n’ont pas vraiment lésiné sur la dezinformatsiya. Le général Valéry Guérassimov n’avait-t-il pas estimé que « la valeur des outils non militaires dans la réussite d’objectifs politiques et stratégiques s’accroît… » ? Finalement, RT (pages France) est revenu sur « les accusions sans preuve du camp Macron depuis le mois de mars ». Mais, visiblement, l’heure n’est plus aux réactions indignées… Et sur RT, Jacques Sapir conclut : « ces deux dirigeants doivent tirer sur le dogmatisme qui imprégnait les relations franco-russes du temps de François Hollande. Le fait que l’un et l’autre soient des pragmatiques est plutôt de bon augure. ». Fermez le ban. Passons au réel.

Baroin reprend contre Macron la « possible réalité » du « loyer fictif »

Venant de François Fillon, on n’en attendait pas moins. De François Baroin, c’est insolite. Le chef de file de LR a repris la fausse nouvelle de la création d’une « loyer fictif » frappant, sous forme de taxe additionnelle, les propriétaires…

C’était voici peu, soit un-deux jours avant que François Baroin s’exprime samedi dernier devant les caciques et militants de LR réunis au parc floral de Paris. C’était dans une petite localité de l’Aisne, de moins de 4 000 h., proche de Chauny, dans un arrondissement qui a largement porté Marine Le Pen en tête lors des présidentielles. Une jeune retraitée s’adresse à sa voisine, beaucoup plus âgée : « vous vous rendez compte ! Macron veut nous faire payer un loyer, à nous, les propriétaires ! ». Pas ou fort peu d’accès Internet dans le lotissement, presque personne ne lit la presse écrite, et hormis l’un ou l’autre des journaux télévisés de 20 h, l’information, c’est au mieux la rumeur. Qui va bon train…

Possible réalité ?

L’histoire du « loyer fictif » imposé par Emmanuel Macron provient du site Cyceon. Qui a fini par la décrire comme « une possible réalité ». Puis, épinglé par divers titres, admis que la taxe sur les loyers « fictifs » avait « été démentie par En Marche et Emmanuel Macron » en date du 16 mars dernier. Ce qui n’a pas empêché, plus de deux mois après, bien après que François Fillon déclarait au Trocadéro que les médias poussaient son épouse, Penelope, « au suicide », de reprendre cette farce. Soit de dénoncer « l’idée d’un loyer obligatoire pour les propriétaires » en ajoutant : « si ce n’est pas une charge lourde contre ceux qui possèdent et qui ont fait le rêve de leur vie de transmettre un bien à leurs enfants, je ne sais pas ce que c’est ». Cela devant environ 2 000 personnes qui vont s’empresser d’amplifier, d’estimer que la taxe sera équivalente à la valeur locative de leur bien, &c. C’est faux, archi-faux, mais cela deviendra forcément « vrai »puisque François Baroin l’a dit. Et même si ce ne l’était pas totalement, dans le doute entretenu, cela finira forcément par être donné pour vrai…

Démenti attendu ?

Le Front national, Dupont-Aignan, ont répercuté un tas de fausses nouvelles au cours de la campagne présidentielle, qu’ils aient été abusés ou feignaient de les tenir pour crédibles. On se souvient du débat de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron et de la présomption de détention d’un compte dans un paradis fiscal. C’était fondé sur un document monté de toutes pièces. « Que croyez-vous qu’il arriva ? Ce fut le serpent qui creva », disait Voltaire de Fréron. Au moins, après s’en être servi à l’envie, Donald Trump finit par admettre que le faux certificat kenyan de naissance de Barack Obama était un montage. Jamais Florian Philippot ou Dupont-Aignan, encore moins Marine Le Pen, n’ont eu ce type d’initiative. D’une part, parce que la « médiacratie » et les « journalopes gauchiasses » les ménagent et ne leur mettent pas trop le nez dans leurs excrémentielles rumeurs, d’autre part par ce qu’ils escomptent bien que leur portée perdurera, que les démentis parus dans la presse ne parviendront jamais à leurs électorats tant qu’ils ne se seront pas rétractés. Et François Baroin ? Propager de telles fausses nouvelles, sans prendre la peine de rectifier, c’est mettre en danger la démocratie, la liberté d’informer, et toute proportion gardée (n’allons point jusqu’à évoquer le point Godwin), accréditer d’autres faux, d’autres rumeurs, genre Protocole des sages de Sion. Certes, Baroin ne va pas jusqu’à répandre que Gérard Collomb est le père de Zohra Dati, fille de Rachida Dati (si, c’est la dernière que j’ai pu entendre, persistante, depuis trois jours). Inutile de rétorquer que Dominique Desseigne règle la copieuse pension alimentaire et qu’il se serait empressé d’exiger une analyse DNA de la petite Zohra. Je ne sais si c’est une blague d’un farceur ou autre chose (impossible de remonter à une source en ligne). Mais ça, comme le reste, du moment que la fachosphère le répand, que c’est de la « réinformation », cela ne peut plus être mis en doute… D’ailleurs, c’est « bien la preuve » que l’UMPS, ce n’est pas une invention du FN. On ne va pas demander à Untelle ou Untel, de tel ou tel parti, de démentir que, non, Emmanuel Macron ne redoute pas de serrer des mains d’ouvriers. Mais pour l’histoire du « loyer fictif » la page France gaulliste et républicaine, des partisans de Dupont-Aignan, s’était empressée de répercuter. Mais on attend toujours son démenti, de même que celui de Marc Le Fur (LR, Côtes-d’Armor), ou d’Olivier Marleix (LR, Eure-et-Loir), qui ont largement contribué à insinuer que le candidat Macron allait adopter cette mesure de taxation s’il était élu. Au moins ne faisaient-ils pas état d’une « charge lourde » comme l’a fait Baroin. Mais l’intervention de Marc Le Fur à l’Assemblée figure toujours sur le site Les Républicains (rubrique « Actualités »), assortie toutefois d’un net démenti de Christian Eckert (ex-secrétaire d’État). Rappelons que cette mesure fut en vigueur jusqu’en 1962… Espérons que François Baroin saura rectifier, car qui élit un propagateur de fausses nouvelles s’en rend complice. Avis aux futurs grands électeurs du sénateur de l’Aube et du maire de Troyes…

Macron vs Dupont-Aignan : les 2 faces d’1 même pièce

Emmanuel Macron vient de quitter le gouvernement à 38 ans, au même âge, Nicolas Dupont-Aignan a fondé le mouvement Debout la République pour se démarquer du RPR.

Emmanuel Macron vient de quitter le gouvernement à 38 ans, au même âge, Nicolas Dupont-Aignan a fondé le mouvement Debout la République pour se démarquer du RPR. En effet, les deux hommes sont des spécialistes du marketing politique, formation oblige ! Les deux carriéristes occupent certes de crédos différents et pourtant ils sont inféodés au même maître : l’Argent !Dupont-Aignan Continuer la lecture de « Macron vs Dupont-Aignan : les 2 faces d’1 même pièce »

EMMANUEL MACRON : Le dernier maillon fort de la « socialie » ?

De Hollande, à Sapin, en passant par, Fabius, Cazeneuve, Cambadélis, et j’en passe…. Le Gouvernement actuel est en majorité composé de vieux « politicards », plus ou moins usés par le Pouvoir : les scandales (étouffés) et la notoriété (factice, pour certains)

 

Emmanuel Macron, a tout pour plaire, (ou presque), il est jeune : 37 ans, il est mignon, il « cause » bien, il vient de la Société civile, il se dit socialiste tout en n’ayant pas repris sa « carte de visite », depuis 2009.

 Bref il a la carrure du gendre idéal, sauf qu’il est tombé amoureux de sa Prof de français, quand il était étudiant, et qu’il l’a épousée en 2007.

 

On lui pardonnera d’avoir usé ses culottes pendant 2 ans sur les bancs de l’ENA, cette usine qui fabrique des Hauts fonctionnaires que l’on retrouve bien souvent en haut de l’affiche en Politique.

 

Emmanuel Macron, qui, jusqu’à ces derniers jours, ne faisait pas la UNE de nos Médias  a pourtant un sérieux bagage de diplômes, et d’activités diverses dans la vie civile.

Inspecteur des Finances, il a été banquier d’affaires chez Rothschild & Cie avant d’être nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République auprès de François Hollande de mai 2012 à juin 2014.

Depuis le 26 août 2014, il a pris les commandes d’un Ministère jusqu’alors confié à Monsieur « made in France », j’ai nommé le bouillant gaffeur Arnaud Montebourg .

Le voilà Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique dans le Gouvernement Manuel Valls .

 

Que vous dirai-je encore, avant d’aborder le vif du sujet, qui m’a amenée à écrire ce billet d’humeur ?

 

Emmanuel, que je croise bien souvent sur les trottoirs de la rue St Jean, et sur la digue du Touquet Paris Plage, possède une bien belle villa dans l’Avenue Saint Jean, situé dans le Triangle d’Or de la station balnéaire.

Golf, équitation, char à voile ? S’il n’est pas sportif, il est mélomane, grand amateur de musique classique, c’est un virtuose au piano.

 

 

 

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