Rogue One : A Star Wars Story

Réalisateur : Gareth Edwards

Date de sortie : 14 décembre 2016

Pays : USA

Genre : SF

Durée : 133 minutes

Budget : 200 millions de dollars

Casting : Felicity Jones (Jyn Erso), Diego Luna (Cassian Andor), Donnie Yen (Chirrut Imwe), Ben Mendelson (Orson Krennic), Forest Whitaker (Gerrera), Mads Mikkelsen (Galen Erso)

 

Le seul but de ce film est de raconter comment la princesse Leia a mis la main sur les plans de l’Etoile de la Mort au début de l’épisode IV. De nous narrer l’exploit de l’escadron suicide mené par Jyn Erso et le commandant Cassian Andor bien déterminé à vouloir anéantir la terrible arme destructrice de planètes mis en place par l’Empire. Ajoutons un poil de dramaturgie, l’ingénieur à l’origine des plans est le père de Jyn, Galen, oeuvrant de force ou de gré pour l’Empereur. Non ce film n’est pas Star Wars VIII et non il n’est pas la suite du VII sorti l’année dernière, il s’agit d’un spin off situé entre les épisodes III La revanche des Sith et le IV Un nouvel espoir, une façon d’explorer un peu plus en profondeur, au cinéma, un trou de 19 ans pendant lequel les forces impériales ont assis leur domination. Surtout une bonne occasion pour rameuter les fans une fois de plus dans les salles obscures et dans les rayons des super marchés pour acheter les produits dérivés.

Rogue One est un film ambitieux à bien des égards. Tout d’abord, il narre une histoire dont nous connaissons la fin dès le début et dont l’intérêt n’est pas fondamental pour la suite des événements et en second lieu, on peut même qualifier cela d’osé, confier un tel projet à Gareth Edward, 3 films sur son CV et d’une qualité très modeste. Alors le pari est-il réussi ? La réponse est oui … et non. Mitigée donc. En effet, il est pétri de bonnes intentions mais elles sont mal exploitées, la forme a été davantage travaillée que le fond. Le déroulement est inégal, si au début nous sommes bombardés de noms de personnages et de planètes, de scènes dont nous comprenons légèrement l’imbrication, tout semble confus. Cette succession en pagaille de moments d’action continue jusqu’au milieu du film tandis que la fin est beaucoup trop longue. Elle s’éternise en voulant insinuer une forme de suspens inutile car nous savons que l’équipe est destinée à périr.

Là où Rogue One brille c’est par ses effets spéciaux époustouflants. Les combats, qu’ils soient terrestres ou aériens, rapprochés ou à distance, sont énergiques, rapides et épatants. La bataille avec les TB-TT sur Scarif contre la Rébellion, l’affrontement entre les X Wing et les Tie Fighter dans les cieux, la façon démentielle de détruire le bouclier contrôlant les accès, Jyn terrassant des stormtroppers armée de sa matraque, les tirs de l’Etoile de la Mort produisant un rayon destructeur au souffle éradiquant tout sur son passage et bien d’autres moments sont sidérants. Les paysages comme le désert de Jeddah, terre des Jedi, les plages tropicales de Scarif, les montagnes sombres de Mustafar avec ses sillons de lave ou les étendues lunaires de Lah’mu et l’espace infini sont là pour nous faire voyager dans les différents coins de la galaxie lucasienne. A cela s’ajoute les multiples vaisseaux, robots, droïdes, monstres, armes et les costumes renforcent l’idée que nous sommes dans un Star Wars, dans un univers cohérent. De nombreux clins d’oeil font le lien avec la série originelle comme la présence furtive d’une statue de jedi, de R2D2 et C3PO, Moff Tarkin, Bail Organa, la princesse Leia, Mon Mothma que les prouesses de la technologie ont fait revenir, ou bien encore les créatures écumant la cantina. A propos de l’ambiance sonore, les musiques les bruitages sont convenables et nous plongent correctement dans l’action. Seul bémol étant le thème principal dont les premières notes sont très semblables à celui mondialement connu mais se distingue par la suite pour former un ensemble cacophonique.

Rogue One c’est donc l’histoire de ce groupe téméraire dont la composition ressemble à une publicité Benetton. En effet il y a la fille bad ass, libre et féministe (interprétée par Felicity Jones convaincante dans ce premier grand rôle), le commandant latino également bad ass et fidèle à ses engagements (Diego Luna également pertinent), un autre latino (pourtant joué par un acteur chinois), sorte de grosse brute au coeur tendre, un asiatique aveugle adepte de kung fu et priant pour appeler la Force (la star des films d’action Donnie Yen apportant une certaine fraîcheur), un pilote de cargo impérial renégat d’origine indienne (Riz Ahmed que l’on voyait martyrisé par Jake Gyllenhaal dans Night Call et dont le charisme reste toujours aussi proche d’un naan), un chien fou, estropié, ancien formateur de Jyn, vieux et engoncé dans une armure (l’énervant Forest Whitaker dont le visage reste figé sur une seule mimique) et pour finir le robot le plus cool de la saga, moins mignon que BB8 et R2D2 mais beaucoup plus drôle et sarcastique que C3PO. Voilà pour les « gentils », pas si sympathiques que cela en réalité car le film a le mérite de montrer la Rébellion comme un groupe extrémiste capable du pire pour réaliser ses idéaux. Les « méchants » sont nombreux, cela va de Galen Erso, vrai gentil, faux méchant (Mads Mikkelsen trop peu présent et pas assez développé), aux apparitions très brèves de Darth Vader en passant par la rivalité entre Moff Tarkin et Orson Krennic (Ben Mendelsohn, froid, glaçant, ambitieux, ambigu car jusqu’au bout l’espoir est permis du fait de son amitié avec Galen,[spoiler] il sera néanmoins rongé par son ambition, tué par son Etoile qui devait être un moyen de promotion [spoiler]

Rogue One n’est peut être pas le meilleur Star Wars de la saga, il a le mérite d’être très beau, de nous faire passer un bon moment, de développer un peu plus l’univers de George Lucas mais il souffre d’un scénario sans suspens avec un schéma narratif très convenu.