L’inventaire que Roselyne Bachelot réclame met la droite en émoi !

Vendredi, Jean-François Copé, patron de l’UMP a envoyé une lettre aux responsables de l’UMP. Sous forme de mise en garde – dirons nous –  il écrit « il ne s’agit pas (…) de dresser un inventaire du quinquennat passé : nous en sommes tous comptables et solidaires et nous sommes tous fiers des réformes conduites par Nicolas Sarkozy »…

Il y a au moins un responsable UMP, qui vient d’exprimer son désaccord, l’ex-ministre Roselyne Bachelot. Elle a déclaré au JDD : « Mais si, il faut commencer à le faire cet inventaire ! » Ce faisant, elle s’est attiré les foudres du Chef du parti et de quelques autres caciques. Est-ce si gênant  pour la droite de se lancer dans un inventaire du quinquennat Sarkozy et pourquoi donc ?

(capture d’écran leparisien.fr)

 

Ce que réclame Roselyne Bachelot….

Roselyne Bachelot souhaite qu’on fasse « l’inventaire du quinquennat Sarkozy avant le congrès de l’UMP qui doit avoir lieu à l’automne prochain. Elle vient de sortir un livre intitulé « A feu et à sang », dans lequel elle dénonce notamment « la droitisation » comme étant une erreur pour la présidentielle. Ce lundi, sur Radio Classique, elle a dit être "terrorisée à l’idée que son parti, l’UMP, mette "la poussière sous le tapis" et refuse de faire l’inventaire de ses échecs électoraux ». Elle pense sans doute, à juste titre, que ce n’est pas dû au hasard si la droite a perdu depuis un certain temps plusieurs élections !

C’est presque en colère qu’elle a ajouté : « l’échéance de la présidence de l’UMP est dans quelques semaines. Qu’est-ce qu’on va faire, on ne va rien dire ? On a perdu la présidentielle et les législatives. On a laissé une centaine de nos compagnons sur le terrain, on va passer au milieu des cadavres en chantonnant ? La lucidité est toujours douloureuse. Mais celui qui ne pratiquera pas la lucidité, bâtira la construction sur du sable.

Plus grave encore, selon elle…Est-ce qu’ils se rendent compte que l’on peut mourir? »

Elle réclame un peu de vérité, en fait, mais ses collègues du parti ne veulent pas faire le même diagnostic. C’est difficile pour eux  de reconnaître qu’ils avaient tout faux y compris en terme de stratégie pour les dernières législatives. Ils ont bâti tout une histoire et ont peur des conséquences pour l’avenir si elle est remise en cause !

Oui, c’est la vérité sur le bilan du quinquennat et de la campagne de Sarkozy que Roselyne Bachelot a le courage de réclamer ! Ce qu’elle demande s’apparente aussi à un procès, ce que beaucoup de ses collègues, sûrs de leur fait, ne veulent à aucun prix !

 

Sarkozy est-il le seul responsable ?

Roselyne Bachelot reconnaît que Nicolas Sarkozy est le seul responsable de sa défaite et commence pour sa part l’inventaire… Elle précise : « Nicolas Sarkozy avait lui-même dit : je serai seul comptable de la défaite, je l’assumerai complètement. Dont acte, c’est lui notre chef, c’est lui qui a choisi la ligne".  Elle pense que cette ligne n’était pas bonne sur le fond et qu’elle a été finalement une erreur sur le résultat !

Quand on lui demande pourquoi elle n’a pas formulé ces critiques plus tôt, elle répond :

"Vous avez un champion qui court dans son couloir, vous voulez l’aider"…"Quand nous lui en parlions, il disait: faites-moi confiance, avec cette stratégie, on va gagner". 

Elle a le mérite d’être très claire et de désigner un seul responsable dans la défaite de la droite à la Présidentielle, Nicolas Sarkozy lui-même et à la rigueur ses trois conseillers dont le fameux B., qui  l’ont amené là où il est. C’est la première fois depuis le 6 mai qu’un responsable politique de droite désigne précisément le responsable de la défaite de son camp, même si tout le monde y pense sans vouloir l’avouer !

 

Mais les autres ne veulent pas de cet inventaire !

Et à commencer par le premier responsable de l’UMP qui, dès ce lundi, a apporté sa réponse sur France Inter : « réclamer un devoir d’inventaire alors qu’elle a été membre de ce gouvernement, en termes très critiques avec tout ce que toute cette équipe a fait et dont je me sens solidaire!»…« attention, attention! Restons bien dans ce que nous voulons pour l’avenir»…« je n’ai pas pour habitude de chercher des boucs émissaires».

Comme on le voit, JFC persiste « à se cacher la tête sous le sable » et trouve un argument sans appel bien connu « celui du bouc émissaire » ! Il n’est pas le seul ! D’autres ténors de son parti lui ont emboîté rapidement le pas !  C’est Christian Estrosi, qui se  dit «très surpris que l’on puisse aujourd’hui réclamer un droit d’inventaire à l’intérieur de (sa) famille politique »… ou encore l’ex-ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui s’y oppose clairement et déclare : «le droit d’inventaire, je suis contre. Parce que l’inventaire, c’est le passé. Le droit d’inventer, je suis pour. Parce que ça, c’est pour l’avenir» et Benoist Apparu qui est encore plus franc : «ça donne le sentiment qu’on va lister tous les défauts»… mais qui ne serait pas contre un peu de vérité sur lles causes de la défaite : «il ne s’agit pas de dresser un procès sur les cinq ans qu’on a passés ensemble», mais si nous avons perdu, il faut savoir pourquoi », ajoute-t-il. C’est Valérie Pécresse, qui n’est pas contre la recherche de quelques erreurs, mais qui veut voir surtout le positif de l’inventaire. «Ma priorité aujourd’hui, c’est surtout de valoriser le bilan de Nicolas Sarkozy, parce que je crois que nous avons fait, en matière économique, des choses extraordinaires et nous voulions continuer à faire des choses extraordinaires», dit-elle.

 

Faire l’inventaire, ce serait vouloir « regarder la vérité en face », mais il semblerait que Roselyne Bachelot soit un peu seule dans son parti après avoir lancé le pavé dans la mare ! Néanmoins, le bilan a été fait par ceux qui ont porté François Hollande au pouvoir. La droite, quant à elle, risque de continuer à ne voir que « le bon côté du bilan », à moins que Roselyne Bachelot  s’attaque elle-même à l’inventaire avec quelques alliés. Vu les rections de son camp, je n’y crois pas beaucoup à l’heure actuelle, mais sait-on jamais !

Sources : JDD, France Inter, le Parisien,