« Le G20 s’engage à favoriser la relance et à surveiller la finance mondiale »

Dépêche de AFP du 15/11/2008 22h57 intitulée : « Le G20 s'engage à favoriser la relance et à surveiller la finance mondiale »

 

COMMENTAIRE : « Favoriser la relance », ne signifie pas relancer … « surveiller la finance mondiale » veut dire faire de la veille, et aucunement contrôler ou maîtriser !

 « Les dirigeants des grands pays développés et émergents (G20) se sont engagés samedi à relancer l'économie mondiale, menacée par la récession dans les pays riches et d'un net ralentissement ailleurs, tout en renforçant la surveillance du système financier. »

COMMENTAIRE : « Favoriser la relance », ne signifie pas relancer … « surveiller la finance mondiale » veut dire faire de la veille, et aucunement contrôler ou maîtriser !

« Nous sommes d'accord (pour dire) qu'une réponse politique élargie, fondée sur la coopération macro-économique, est nécessaire pour rétablir la croissance", indique la déclaration finale du sommet de Washington, organisé après deux mois d'une crise financière inédite depuis les années 1930. »

COMMENTAIRE : « réponse politique élargie, fondée sur la coopération macro-économique, est nécessaire pour rétablir la croissance », ne signifie rien, absolument rien, c’est complètement abscons, inaudible. Cette phrase est uniquement une posture politique pour tenter de rassurer les acteurs de la vie économique

« Le G20 a énuméré des "actions immédiates" pouvant être adoptées pour empêcher l'économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, suggérant l'utilisation de "mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides" ou des baisses des taux d'intérêt dans certains pays. »

COMMENTAIRE : « mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides" ou des baisses des taux d'intérêt dans certains pays. ». Ce type de politique budgétaire (utilisée depuis des lustres par tous les pays du Monde) est un mode de protectionnisme (voir dans tous les manuels d’économie générale) qui consiste à reconquérir le marché intérieur, ou du keynésianisme qui suggère d’agir en priorité sur la demande, ce que dénonçait de façon virulente G.W. Bush, il y a seulement quelques jours. Par ailleurs, la nécessité d’une baisse des taux d’intérêts dans certains pays, vise la BCE et l’Europe, comme si c’était la panacée… Or, cela a échoué aux Etats-Unis et au Japon même avec des taux négatifs.  

 

« Le président français Nicolas Sarkozy en a conclu que le G20 était d'accord sur la "nécessité d'une relance coordonnée, concertée de l'action économique", comme le réclamaient le Brésil, la Turquie ou l'Espagne, alors que la déclaration ne parle que de "coopération". »

COMMENTAIRE : Encore une fois, comme le texte l’indique, les hommes politiques font de la sémantique, en interprétant à leur façon les mots, en fonction de l’intérêt qu’ils y cherchent. On nous fait prendre des vessies pour des lanternes.

« Pour remédier aux causes de la crise, les dirigeants du G20 ont approuvé un "plan d'action", une liste de mesures "à haute priorité" permettant d'améliorer la supervision du système financier, sur lesquelles leurs ministres des Finances devront faire des propositions d'ici au 31 mars. »

COMMENTAIRE : Les pays du G20 ne sont pas venus à Washington avec des propositions mais des intentions, c’est-à-dire sans munitions pour tuer la crise… ce qui sous-entend qu’ils ne sont pas d’accord sur les mesures et qu’ils demandent un délai de réflexion.

« Cinq domaines d'action ont été définis: remise à plat des aspects de la régulation qui exacerbent les crises, harmonisation des normes comptables, amélioration de la transparence des marchés de produits dérivés, révision des pratiques de rémunération des dirigeants de banques pour éviter des prises de risque excessives et "révision du mandat, de la gouvernance et des besoins en capitaux des institutions financières internationales". »

COMMENTAIRE : Les normes comptables saxonnes (devenues les normes comptables internationales IAS/IFRS) ont été adoptées par les pays européens depuis le 1er janvier 2005, malgré certaines réticences en France.

L’amélioration de la transparence des marchés des produits dérivés ne signifie nullement que ces produits sont remis en cause, alors que le plus gros investisseur (et le plus riche) de la planète, Warren Buffett considère qu’il faut éradiquer ce « cancer de la finance » cause de tous nos problèmes et à l’origine de la crise…

Les autres points ne sont que de la politique politicienne et n’empêcheront pas les Etats-Unis de continuer à piloter la sphère financière, et les dirigeants de la finance internationale et de l’industrie de toucher des bonus faramineux, car c’est la loi du marché et des contrats de gré à gré (qui seront bientôt les seuls à avoir cours).

« Pour éviter une répétition de la crise financière, le G20 veut que "tout intervenant, tous les produits et tous les marchés soient réellement soumis à surveillance. Il n'y aura plus de zone d'ombre", selon les explications de la chancelière allemande Angela Merkel.

COMMENTAIRE : Ce paragraphe n’est que du « pipo + » : Quels intervenants ? tous les acteurs économiques ou seulement certains, les particuliers et/ou les professionnels ; Quels marchés ? biens, services, travail, immobilier, capitaux, matières premières, etc. Il existe un nombre indéfini de marchés ; Qui surveillera qui et quoi ? Quelles zones d’ombre ? quelle hypocrite cette Angela, elle n’ose même pas prononcer les mots (source de tous nos maux) de paradis fiscaux sur lesquels personne n’est tombé d’accord, ni les Etats-Unis (avec la multitude d’Etats), ni la City de Londres (un blockhaus impénétrable, temple des paradis fiscaux comme Guernesey, l’Ile du Man et Jersey, où tout est secret défense…) ni le Luxembourg (siège des grandes banques internationales et des transactions opaques) ni l’Allemagne (avec son Liechtenstein), ni l’Irlande, ni la Suisse (dont le secret des banques est levé avec parcimonie), ni Monaco, ni Malte, ni Chypre, etc. d’après le FMI en 2007.

SANS COMMENTAIRE : Lorsqu’on tape « paradis fiscaux dans le Monde » sur Google, la première ligne « Paradis fiscaux » nous conduit sur une page où l’on trouve une photo de Londres (avec Big Ben et un bus à impériale) avec cette annonce : « si vous recherchez des solutions internationales simples et professionnelles pour optimiser votre fiscalité… !! ». Pour Jean Claude Juncker, Premier ministre du Grand-Duché du Luxembourg et président de l’Eurogroupe : « Le Luxembourg n’est pas un paradis fiscal, la Suisse est beaucoup moins paradis fiscal que ne le disent ses détracteurs. Et le simple fait de voir figurer dans sa législation interne le secret bancaire n’est pas suffisant pour caractériser un pays comme étant un paradis fiscal. »

« Toutefois, à la satisfaction des Américains et des Canadiens très attachés à leur souveraineté, le G20 a souligné que "la régulation relève avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux". Il a surtout recommandé une intensification de la "coopération internationale entre régulateurs" et un renforcement des "normes internationales où cela est nécessaire". »

COMMENTAIRE : Ce qui sous-entend que chacun est maître chez soi !!! et qu’il n’y a aucun droit de regard pour les institutions internationales. Juste une simple coopération sans aucun pouvoir à la clé.

« Sans citer nommément les fonds spéculatifs, échappant actuellement à toute régulation, le communiqué évoque le besoin de "transparence sur les actifs hors bilan et des instruments financiers complexes". »

COMMENTAIRE : On nage là encore en pleine ambiguïté. Les Hedge Funds relookés à la sauce du Gvain n’ont pas d’inquiétudes à avoir, elles peuvent faire tapis sur la table du Casino.

« D'ici au 31 mars, le G20 demande aussi des propositions pour que les "régulateurs s'assurent que les agences de notation (critiquées pour avoir surévalué des placements de mauvaise qualité) répondent aux normes les plus exigeantes". »

COMMENTAIRE : Les agences de Rating resteront des sociétés privées avec leurs objectifs commerciaux et financiers et rien ne pourra y changer. Certaines disparaîtrons, d’autres renaîtrons de leurs cendres, mais elles ne couperont jamais la branche sur laquelle elles sont assises.

« Comme le souhaitait la France, le G20 met aussi la pression sur les paradis fiscaux, en demandant "à moyen terme" aux autorités nationales et régionales de "mettre en oeuvre des mesures pour protéger le système financier mondial des juridictions non coopératives qui présentent un risque d'activité financière illégale". »

COMMENTAIRE : Phrase très générale qui ne cite personne, aucun pays pour éviter de se froisser avec ses amis les plus concernés : Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et Luxembourg…

« Les dirigeants ont convenu de se retrouver avant le 30 avril pour "vérifier la mise en oeuvre" des décisions prises à Washington. M. Sarkozy a proposé que ce sommet ait lieu à Londres, la Grande-Bretagne assurant l'an prochain la présidence du G20.

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a proposé que le G20 se donne un an pour "achever la nouvelle régulation du système financier". »

COMMENTAIRE : On a parlé du 31 mars, du 30 avril et maintenant on évoque fin 2009. Cela s’appelle la « réunionite », où l’on fait des réunions pour décider de la date de la prochaine réunion sans jamais prendre de décision.

« Il n'est cependant plus question d'une réforme globale du système financier, sorte de Bretton Woods II, souhaitée par certains pays, dont la France. »

COMMENTAIRE : C’était le point le plus important !!! Celui qui devait permettre de tout remettre à plat, de construire un système plus sain et mieux équilibré entre pays industrialisés et pays émergents. Il a été complètement occulté pour ne pas déplaire à nos amis anglo-saxons et allemands. Même si plus loin on parle « réorganisation des institutions multilatérales, comme le FMI et la Banque mondiale, pour faire de la place aux grands pays émergents. » mais on ne dit pas qu’elle réorganisation.

« Pour pallier au risque du protectionnisme, le G20 a pris par ailleurs l'engagement de tenter de relancer d'ici la fin de l'année le cycle de négociations à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). »

COMMENTAIRE : Mais le protectionnisme est partout actuellement, chacun étant obligé de protéger ses activités face à l’omniprésence de la Chine sur les marchés. Il suffit de lire les compte-rendus des décisions de l’OMC depuis des années. Les sanctions pleuvent de tout côté. Nous sommes sous le régime de la mésoéconomie. On ne peut étudier l’économie que sous l’angle des regroupements de sociétés. Il n’y a plus de concurrence, que ce soit au niveau des entreprises comme des pays. Chacun a sa chasse gardée, on appelle cela la concurrence monopolistique. D’après la théorie de la concurrence monopolistique, la situation de monopole (au sens large) est, dans la réalité, la plus fréquente, tandis que celle de la concurrence parfaite reste exceptionnelle. Alors pourquoi nous abreuver de « Haro sur le protectionnisme »…

« Même s'il n'a pas obtenu l'instauration d'un super-gendarme de la finance internationale, M. Sarkozy a estimé que le G20 avait réussi à établir "une nouvelle gouvernance économique". Il était difficile d'obtenir beaucoup plus du sommet de Washington car le 20 janvier 2009, le président américain George W. Bush laissera la place à Barack Obama, absent du sommet. »

COMMENTAIRE : Une conclusion un peu amère qui sent l’inachevé…  

Une critique de plus direz-vous, encore une preuve de mon pessimisme et de mon défaitisme. Trouvez des motifs de satisfaction bien concrets et je vous suivrai… mais il semblerait que le clan de ceux qui voient l’avenir en noir soit de plus en plus conséquent par rapport à ceux qui voient la vie en rose.