Le vrai débat, c’était le 1er Mai.

 Las d’assister à des débats qui tournent au pugilat, je me suis laissé tenter par la confrontation proposée par France 3 sur le plateau de Frédéric Taddeï dans son excellente émission « Ce soir ou jamais ». L’affiche était alléchante.

« Rêverie de droite, rêverie de gauche ? » était le titre de cette émission et les protagonistes étaient Henri Guaino et Régis Debray. Je n’ai pas besoin de vous dire qui était à droite et qui était à gauche. Pourtant, ce qui frappe tout de suite, c’est l’estime voire l’admiration des débatteurs l’un pour l’autre. On a vu Henri Guaino, la plume de Sarkozy, comme on ne l’a sans doute jamais vu. Lui si hautain et méprisant d’habitude, on sentait qu’il était content d’être là : enfin un interlocuteur à sa mesure, cela n’avait rien à voir avec la punition de se « farcir Pascale Clark » comme il a récemment déclaré.

Car ce fut un festival d’intelligence, chacun sachant écouter l’autre et répondant précisément sans invective. Des citations toujours savamment distillées nous font admirer la culture de ces deux hommes de plume.

 Un débat de haute tenue dont on a l’impression de sortir plus intelligent. Certes Régis Debray a souvent fait remarquer que le Président n’était pas à la hauteur des discours que lui écrit régulièrement Henri Guaino. « C’est comme si Clavier jouait du Claudel ! »

Il a d’ailleurs été un peu énervé de retrouver des citations de ses propres écrits que Sarkozy s’appropriait sans scrupules. Imaginer le président en train de lire les livres de Régis Debray ferait plutôt sourire.

Il ressort de cette confrontation que l’appartenance à la droite ou à la gauche est plutôt un sentiment un peu flou, indéfinissable et pour tout dire quasiment inexplicable. Henri Guaino raconte à qui veut l’entendre qu’il n’est pas de droite car il est gaulliste. Il n’a pas manqué de rappeler qu’il était un collaborateur très proche de Philippe Seguin, un homme qui manque bien à la droite aujourd’hui.

Régis Debray de son côté a reconnu que la gauche avait du mal avec le pouvoir, elle s’y brûle les ailes : «  Le pouvoir est une structure de corruption. La soupe populaire, on ne la sent pas Rue du Faubourg Saint Honoré. Le pouvoir est plus difficile à exercer à gauche. C’est une épreuve morale ».

On se prend à rêver de voir les hommes (et les femmes) politiques un jour sachant discuter avec autant de brio et de respect.

Chapeau bas messieurs.

Débat à regarder ici, c’est long mais ça vaut le coup !

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