L’annonce de la mort du fondateur d’Apple, la semaine dernière a provoqué un Tsunami de réactions dans les médias, entre bobo orphelins et récupération politique, tous ont voulu y aller de leur petite larme, saluant un inventeur hors pair, un révolutionnaire du numérique… Mais pour moi, l’hommage qui me semblait le plus approprié c’est celui de Christophe Barbier car oui je pense que sous bien des points Steve Jobs incarnait l’Amérique.

 

L’Amérique, celle qu’on aime…

 

« Steve Jobs c’est l’Amérique » déclare Christophe Barbier dans son édito du 7 octobre 2011 ( L’Express). Steve Jobs c’est l’Amérique, ou plutôt le rêve américain : l’histoire d’un mec qui a force de travail et d’excellence a réussi à faire de sa vie une œuvre, à laisser pour longtemps (?) une trace dans la grande Histoire de l’humanité. Ce gamin adopté, issus d’un milieu modeste, qui est devenu un personnage incontournable de cette période à cheval sur deux siècles.

 

Steve Jobs incarnait l’Amérique visionnaire. Pionnier de la micro-informatique, c’est lui qui introduira les premiers ordinateurs personnels dans les foyers. Le créateur de l’Iphone est aussi l’homme de la communication, du gadget hype qui fait in, celui qui nous a, comme le dit justement Steven Spielberg, livré le monde au bout de nos doigts.

 

L’Amérique qu’on aime c’est aussi celle du divertissement : Hollywood, Disney etc… En créant, en 1986, les studio Pixar, le fondateur d’Apple donne un nouveau souffle au monde de l’animation. Et grâce au talent de John Lasseter, en 1995, c’est la consécration : la sortie de Toy Story est un succès mondial. Offrant de nouvelles perspectives à la réalisation du dessin animé, le film est récompensé de toute part ( Oscar, Annie Awards, ASCAP awards…), une fois de plus Steve Jobs a eu raison de se fier à son intuition. En effet, en misant sur le génie créatif de l’équipe de réalisation des studios, il en a eu pour son argent : 361 996 233 $ de recettes mondiale !

 

L’Amérique, celle qu’on aime pas

 

Mais si le fondateur d’Apple incarne le rêve américain, il n’en est pas moins le miroir de cette amérique capitaliste honnie par le reste du monde. Il ne faut pas se voiler la face, car voir Steve Jobs au lendemain de sa mort comme un saint homme serait en avoir une vision biaisée. Son style de vie (bouddhiste végétarien) n’influençait en rien l’homme d’affaire impitoyable qu’il était.

 

Apple est loin d’être une organisation humanitaire : en démocratisant la micro-informatique, elle conceptualise, créé et vend des gadget high tech au plus grand nombre. En suscitant ainsi le besoin, la multinational entre dans le moule du consumérisme à outrance, cette tendance de notre société mondialisée où un objet aussi vite est il mis sur le marché et acheté qu’il est déjà obsolète.

 

D’ailleurs Steve Jobs n’a jamais eu l’once d’un semblant de préoccupation quant au condition dans lesquelles sont fabriqués ces petits joujoux :

«Dans 55 des 102 usines qui fabriquent des produits Apple, le temps de travail hebdomadaire dépasse 60 heures. Ce temps maximum défini par Apple dépasse lui-même la durée légale maximum en Chine qui est de 49 heures. 24 usines payent les salariés moins de 800 yuans par mois, le salaire minimum chinois. Seulement 61 % des usines sont conformes aux règles de sécurité. En 2010, 11 cas de travail d’enfants ont été révélés et en 2011, 62 employés ont été intoxiqués au n-hexane dans l’usine du sous-traitant Wintek en Chine » (source Wikipédia)

 

Comme beaucoup de fabricant de matériel électronique me direz vous. On fabrique pour 4$ et on revend 80$… C’est la loi du capitaliste.

 

La firme est d’ailleurs souvent épinglée par Greenpeace.

 

Steve Jobs c’est l’Amérique

 

Effectivement, on peut dire que Steve Jobs c’est l’Amérique avec ses bons et ses mauvais cotés. L’annonce de sa mort d’ailleurs n’a rien a envie à celle de Michael Jackson ou une autre Pop Star. Orchestrée, mis en scène, cette mort prévisible (l’annonce de sa maladie ayant permis d’anticiper) a fait la Une des média, nous présentant un homme providentiel entre Moïse et Thomas Edison. Mais à la différence de ces deux derniers, l’Américain n’est pas irremplaçable. Car s’il a changé le monde, il en a créé un où tout va plus vite,où tout est remplaçable, jetable…

J’avais juste envie de remettre un peu d’ordre car s’il y a une chose que Steve Jobs n’a pas inventé c’est bien le remède contre le cancer.