Beaucoup de gens en France et plus largement dans le monde critique le système. Aujourd'hui nous sommes face à une crise que les médias aiment dénommer "financière". Seulement la crise est loin d'être financière. La décrire ainsi signifie rester enfermer dans ce système monétariste qui consiste à toujours raisonner selon l'argent, le coût.
Il y a aujourd'hui en plus de la crise financière, une crise économique, une crise sociale, une crise climatique, une crise écologique, une crise alimentaire, une crise sanitaire, une crise énergétique et une crise migratoire. Nous pouvons donc parler de crise de la civilisation Occidentale !
La crise de la civilisation Occidentale
Aujourd'hui, il y a deux mondes : les grands argentiers (pour la plupart regroupés au Nord) et le reste du monde (pour la plupart regroupés au Sud). La date symbolique de 1492, découverte de ce que l'on a alors appelé les Amériques, marque le début de l'impérialisme occidental. Depuis, la forme a changé (esclavage, colonisation, puis néocolonialisme) mais le fond reste : le racisme des occidentaux.
Pour l’Europe, il y eût « la Renaissance et les grandes découvertes ». Pour « l’Autre Monde », il y eût esclavage et pillage et massacre.
Vient ensuite l’époque des « Lumières » et des « droits de l’homme » pour l’Europe et l’Occident mais de la colonisation pour le reste du monde.
Enfin, cette fabuleuse utopie d’indépendance du reste du monde (ou le Sud plus généralement) en échange d’un néocolonialisme qui, suivant le moment, est mis en place par le Fond Monétaire International, l’Organisation Mondiale du Commerce, la Banque Mondiale, l’Organisation des Nations Unies, l’OTAN, la CIA, Le groupe Bilderberg, le Siècle, la Banque Africaine de Développement, ou même encore plus subtilement l’Aide Public au Développement et l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés. Bref, tout un mécanisme bien ficelé qui n’a pour loi que le profit à court terme, le capital, le marché libre et autorégulateur, et autres fanatismes occidentaux.
La crise alimentaire
A l'heure actuelle, 1.2 milliards de personnes dans le monde souffrent de la faim. A l'inverse 400 millions sont obèses. Partout dans le monde, des fonds souverains, des banques ou entreprises rachètent des terres cultivables à « prix amis » dans le but d’alimenter la spéculation sur les matières premières agricoles ou sur l’agrobusiness. Comment comprendre par exemple que le coton américain soit moins cher que le coton malien ou plus généralement africain ? La réponse est simple. Les pays du Nord accordent 1 milliards de dollars par jour à leur agriculture tandis que les pays du Sud sont priés d’ouvrir leurs marchés, d’abandonner leurs droits de douanes et les paysans de vendre leur terre.
Le néocolonialisme par la dette
A l’heure actuelle, ce sont les pays du Sud qui financent les pays du Nord. Les Pays en Développement (PED) donne de l’argent de poche aux pays riches. Par exemple entre 1985 et 2007, les PED ont remboursés 789 milliards de plus que ce qu’ils ont reçus en prêts. Comment comprendre alors que nos médias nous parlent massivement de l’aide des pays riches aux pays pauvres qui va être augmentée ?Malheureusement, Goebbels ne nous a pas attendu pour comprendre que « plus le mensonge est gros, plus il passe ».
La crise climatique, écologique et énergétique
A l’heure actuelle, notre modèle de développement productiviste-capitaliste détruit la Terre. La combinaison des crises climatiques, écologiques et énergétiques fait peser la menace de la survie de l’Humanité. Et cela est loin d’être un discours alarmiste. La montée des niveaux des océans menace les populations des Grands Deltas en particulier mais ceux des îles aussi. Le réchauffement climatique augmente la désertification et ravage des récoltes …. Devant l’urgence de la situation, aucune mesure concrète n’est proposée. Le droit de polluer fait même partie de la notion de développement durable si l’on suit leur logique …
La Terre nous offre des ressources que nous épuisons. Le pic pétrolier (la demande est plus forte que les réserves) a été atteint ou est en passe de l’être suivant les experts. Que sera notre mode de développement sans cette énergie ? La solution des agro carburants n’est ni suffisante, ni pertinente. La crise alimentaire et la crise climatique et énergétique sont donc extrêmement liées. Remplacer du pétrole par de la betterave, du maïs ou du sucre ne fait que légitimer le détournement des cultures vivrières à d’autres fins que celle de la souveraineté alimentaire.
La crise sanitaire
A l’heure actuelle, des millions de personnes sont touchées par différentes maladies curables. Ainsi, 2 à 3 millions de personnes décèdent chaque année du paludisme (principalement en Afrique Subsaharienne). Selon Médecin Sans Frontières, seul 0,2% du budget global de la recherche pharmaceutique, qui oscille entre 50 et 60 milliards de dollars, est consacré aux maladies respiratoires aiguës, tuberculose et maladies diarrhéiques, responsables de 18% des décès dans le monde . »
Les conditions sanitaires sont éprouvantes, les hôpitaux ou centres de soins quasi inexistants dans certains endroits. Actuellement, 1 être humain sur 5 n’a pas accès à l’eau potable, et 1 sur 3 n’a pas accès à l’électricité.
La crise migratoire
En plus de semer la misère à travers le monde, l’Occident s’érige depuis peu en forteresse, surtout en Europe. La nouvelle quotidienne de migrants morts en mer ou échoués sur la plage après la traversée ne choque même plus. Les centres de rétention, euphémisme pour désigner de nouvelles prisons, poussent comme des champignons. La chasse aux sans papiers est en marche, et elle avance plus vite que jamais. Rien qu’en France, l’objectif est de renvoyer 28 000 sans papiers chez eux en 2010, avec l’aimable complicité d’Air France. Précisons simplement que le coût de cette politique depuis 5 ans est équivalent au déficit annuel de la Caisse d’Assurance Vieillesse.
La crise sécuritaire
On nous a toujours désigné un ennemi imaginaire, et particulièrement sous l’impulsion des Etats-Unis. La masse doit aussi ressentir une tension sécuritaire, un besoin de protection qui crée l’illusion de sa nécessité. Il peut prendre le nom de lutte contre le communisme, le socialisme, le terrorisme arabo-musulman ou encore juste « l’autre » selon les besoins.
Ainsi, on nous montre qui sont les méchants et pourquoi. Mais on choisit qui sont les méchants. Par exemple, dans la manière de penser de la Banque Mondiale (BM), il y a des bons et des mauvais dictateurs. Les bons dictateurs pour la BM sont choisit en fonction des intérêts géostratégiques des grandes puissances. C’est pourquoi elle a soutenu différentes dictatures telles que celle de Suharto en Indonésie (1967-1998), celle de Mobutu en République démocratique du Congo (1965-1997), celle de Pinochet au Chili (1974-1990), celle de l’Apartheid en Afrique du Sud (1948-1991) ou encore actuellement celle d’Israël (depuis 1948). Eux, ce sont de bons dictateurs. Oui, c’est vrai que ces dirigeants ci-dessus utilisent la répression et la terreur envers la population mais c’est parce que celle-ci fourmille de communistes ou terroristes en puissance selon les cas. Et il faut contrôler la population. Tel est l’argument « imparable » de la BM. En sous marins ou de manière officielle, le soutien est quasi permanent envers les « amis » des Etats-Unis.
Mais de bons dictateurs peuvent aussi basculer dans le camp des mauvais puis à nouveau dans les bons. Pensons bien sûr à Saddam Hussein en Irak. Entre bon et mauvais dictateur il n’y a qu’un pas, et il s’appelle soumission aux volontés Occidentales.
Les mauvais sont composés de deux catégories : les vrais dictateurs (Mugabe au Zimbabwe, Omar Al-bechir au Soudan) mais opposés à l’interventionnisme Occidental, et les ennemis des puissances Occidentales (Allende au Chili, Sankara au Burkina Faso, Lumumba en RDC, Mossadegh en Iran ou le mouvement du Hezbollah au Liban). Deux techniques différentes sont alors envisagées : l’élimination du dirigeant ou l’isolement économique et diplomatique du pays.
La mode actuelle est à la lutte contre le terrorisme. Mais alors commençons par les premiers terroristes du monde et loin devant : les Etats-Unis. Eux et la Grande-Bretagne doivent obéir aux lois et aux traités internationaux qu’ils ont eux-mêmes ratifiés. En l’occurrence, le cadre légal permanent est la Charte des Nations unies, traité solennel, considéré comme le socle de la législation internationale.
Ils représentent des Etats Voyous qui vont vous financer si vous êtes un « bon dictateur ». Cela s’appelle du crime organisé et de la mafia à grande échelle. Et l’armée de Etats-Unis et son prolongement atlantique qu’est l’OTAN sont la pour agresser en cas de désaccord. A cause des Etats-Unis, le monde n’est pas sur.
Incontrôlable jusqu’à maintenant, puisque dans les mains de personnes telles que Kissinger ou Mc Namara, l’armée du monde agit avec violence, à l’image du racisme occidental.
Dans un monde de plus en plus sécuritaire et surveillé, les consciences doivent s’éveiller et le discours social doit être radicalisé. Les luttes à travers le monde sont autant de victoires dont il faut se féliciter. Les mouvements sociaux se rassemblent et se coordonnent de plus en plus autour d’Alternatives.
Dans la marche vers la victoire de l’alter mondialisme, il y aura toujours de la place pour des nouveaux entrants. A condition de porter des revendications socialement justes et respectueuses de la Nature. Il faut s’unir car l’ennemi est féroce et bien armé. Son modus opérandi « diviser pour mieux régner » a fait son œuvre dans la société. Et l’individualisme semble triompher sur le collectivisme.
Mais c’est sans compter sur une dynamique bien présente qu’est le mouvement altermondialiste, organisé ou non. Comme n’importe qui peut-être une cible et une victime, c’est le point commun qui nous dirige vers la convergence des luttes. Quelque soit notre sensibilité et notre combat, tous aspirons à des choses simples et nous n’avons pas besoin d’experts pour les définir. Pensons au droit des peuples à disposer d’eux même, au respect et à la protection de l’environnement et de la Nature, et aux droits fondamentaux qu’ils soient humains, sociaux, économiques et politiques.
Tous sont des droits « déjà garantis » théoriquement de par la ratification de la Charte de l’ONU. Pour faire appliquer nos droits, encore faut-il connaître nos instruments juridiques déjà à disposition.
Les solutions aux problèmes ne sont pas d’ordre financières ou économiques, elles sont politiques. C’est une question de volonté pas de faisabilité. Alors que nous avons le nombre, ils ont les armes.
Mais s’il y a une arme qu’il faut se réapproprier pour vaincre les grands argentiers et qu’ils redoutent d’autant plus, c’est le savoir, c’est l’information. Ecouter, échanger, débattre, réfléchir, questionner, diffuser, participer ; tant de mots qui représente une force capable de révolutionner une société. Imaginez un instant une société ou l’on pourrait publiquement débattre de n’importe quel sujet. C’est possible aujourd’hui mais à petite échelle.
Dans cette société mondiale façonnée, seul les « experts » débattent de sujets préalablement autorisés. Pourtant, comprendre ce qu’il se passe et trouver des solutions est du ressort de tout le monde. Pour cela, il faut avoir les bonnes informations et l’envie de sortir de la pensée unique. Tout n’est qu’une question de perspectives. L’envie est le seul pré requis à la réussite.
Pour plus d’informations, lire « Banque Mondiale, le coup d’état permanent », Eric Toussaint. CADTM-Syllepse-Cetim.
Voir aussi, « De la propagande », Noam Chomsky. Collection faits et Causes 10/18
Voir notamment les alternatives proposées par le Comité d’Annulation de la dette du Tiers Monde : www.cadtm.org, rubrique Alternatives.
Tes articles, Sophie, sont remarquables. On préfère commenter les people… Triste ! Pauvres « veaux » !
Je les reproduis sur mon blog http://sos-crise.over-blog.com (blog classé dans les cinq cent premiers/950.000 over-blog).
Bravo ! Ton nom est synonyme de qualité…
cordialement eva
http://r-sistons.over-blog.com, 190e/950.000