Soukaïna Oufkir. Aujourd’hui chanteuse à Paris, la fille cadette du général marocain félon tâche de surmonter son enfance dans les geôles de Hassan II. Sa vie tient en deux photos. La première, en couverture : une enfant en noir et blanc, petit garçon manqué torse nu sur la plage, fixe l’objectif d’un ?il boudeur en soufflant dans un ballon blanc. Eclatera-t-il ? La seconde, au dos du livre : une femme en couleur, belle et friable, esquisse, bouche fermée, un sourire étoilé comme un pare-brise. Se cassera-t-il ? Entre les deux images, vingt ans de trou noir, deux décennies d’absence au monde. Soukaïna est la dernière fille du général Oufkir, putschiste «suicidé» en 1972 par Hassan II après un coup d’état manqué. Ils étaient six enfants, leur mère et deux autres femmes, en tout neuf otages de la folie d’un monarque cruel et paranoïaque, détenus au secret jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Que ne sait-on du calvaire de la famille Oufkir et de la morbide vengeance de Hassan II contre la famille de son compagnon félon ? La grande s?ur, Malika, la mère, Fatéma et le frère, Raouf, même le journaliste Stephen Smith, ancien de Libération, ont déjà tout raconté : l’arrestation, la relégation au Sahara, les scorpions et les rats dans les cellules, les grèves de la faim, le tunnel creusé à la petite cuillère, l’évasion de quelques-unes qui révèlent le scandale au monde stupéfait, le transfert en résidence surveillée, la cage dorée de Marrakech et enfin la fuite en France, synonyme de liberté… Pourquoi un ouvrage de plus ? Le roi est mort, vive le jeune roi, qui essaie tant bien que mal de tourner une page trop lourde pour lui.

Tout cela paraît si loin désormais, comme un mauvais rêve : aucune révélation, pas de scoop, rien qu’une femme qui avait besoin d’écrire ce livre pour pouvoir en faire un autre, un roman, un vrai. Passer à autre chose. Contrairement à Malika, Soukaïna n’a pas connu Hassan II, elle n’a pas été élevée au palais. Même son père, elle ne l’a quasiment pas côtoyé. Son seul lien avec Hassan II, c’est qu’il lui a donné son prénom : Soukaïna, qui signifie «paix profonde» ou «sérénité». La rumeur a couru que Soukaïna était la fille cachée du roi : Gilles Perrault est l’auteur de cette «révélation» bidon dans Notre ami le roi, enquête-brûlot qui avait pour la première fois ébranlé la dictature chérifienne, au tout début des années 90. Perrault inspire des sentiments mitigés à Soukaïna : tout en contribuant à sa libération, il lui a accroché dans le dos une rumeur indélébile. «Il a fait son mea culpa dans le Nouvel Obs. Mais personne ne s’en souvient : ce qui reste, c’est la rumeur.» Un jour en France, quelqu’un, croyant bien faire, l’a appelée «Altesse», réveillant la blessure.

Soukaïna Oufkir. Aujourd’hui chanteuse à Paris, la fille cadette du général marocain félon tâche de surmonter son enfance dans les geôles de Hassan II. Sa vie tient en deux photos. La première, en couverture : une enfant en noir et blanc, petit garçon manqué torse nu sur la plage, fixe l’objectif d’un ?il boudeur en soufflant dans un ballon blanc. Eclatera-t-il ? La seconde, au dos du livre : une femme en couleur, belle et friable, esquisse, bouche fermée, un sourire étoilé comme un pare-brise. Se cassera-t-il ? Entre les deux images, vingt ans de trou noir, deux décennies d’absence au monde. Soukaïna est la dernière fille du général Oufkir, putschiste «suicidé» en 1972 par Hassan II après un coup d’état manqué. Ils étaient six enfants, leur mère et deux autres femmes, en tout neuf otages de la folie d’un monarque cruel et paranoïaque, détenus au secret jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Que ne sait-on du calvaire de la famille Oufkir et de la morbide vengeance de Hassan II contre la famille de son compagnon félon ? La grande s?ur, Malika, la mère, Fatéma et le frère, Raouf, même le journaliste Stephen Smith, ancien de Libération, ont déjà tout raconté : l’arrestation, la relégation au Sahara, les scorpions et les rats dans les cellules, les grèves de la faim, le tunnel creusé à la petite cuillère, l’évasion de quelques-unes qui révèlent le scandale au monde stupéfait, le transfert en résidence surveillée, la cage dorée de Marrakech et enfin la fuite en France, synonyme de liberté… Pourquoi un ouvrage de plus ? Le roi est mort, vive le jeune roi, qui essaie tant bien que mal de tourner une page trop lourde pour lui.

Tout cela paraît si loin désormais, comme un mauvais rêve : aucune révélation, pas de scoop, rien qu’une femme qui avait besoin d’écrire ce livre pour pouvoir en faire un autre, un roman, un vrai. Passer à autre chose. Contrairement à Malika, Soukaïna n’a pas connu Hassan II, elle n’a pas été élevée au palais. Même son père, elle ne l’a quasiment pas côtoyé. Son seul lien avec Hassan II, c’est qu’il lui a donné son prénom : Soukaïna, qui signifie «paix profonde» ou «sérénité». La rumeur a couru que Soukaïna était la fille cachée du roi : Gilles Perrault est l’auteur de cette «révélation» bidon dans Notre ami le roi, enquête-brûlot qui avait pour la première fois ébranlé la dictature chérifienne, au tout début des années 90. Perrault inspire des sentiments mitigés à Soukaïna : tout en contribuant à sa libération, il lui a accroché dans le dos une rumeur indélébile. «Il a fait son mea culpa dans le Nouvel Obs. Mais personne ne s’en souvient : ce qui reste, c’est la rumeur.» Un jour en France, quelqu’un, croyant bien faire, l’a appelée «Altesse», réveillant la blessure.

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