Omar El Béchir avait jusqu’ici réussi à défier  toute la communauté internationale. Lui, qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt  international de la cour pénale internationale depuis plusieurs années, pour des crimes de guerre et de génocide, qu’il aurait perpétré  au Darfour. Et comme pour démontrer de quoi il est capable, l’homme fort de Khartoum se rendait très régulièrement,  et de façon la plus officielle,  dans de nombreux pays africains et même du proche et du moyen orient. Déjà que l’Union Africaine lui avait accordé son soutien, considérant le mandat de Luis Moreno-Ocampo comme un acte  de mépris vis-à-vis d’un président de la République. Sur place même dans son pays, El Béchir organisait très souvent de grandes manifestations populaires, pour montrer au monde entier comment il est un chef légitime, et surtout aimé de son peuple. Seulement, confrontés à  de  conditions de vie de plus en plus difficiles, le mariage entre le président du Soudan et ses partisans s’est considérablement dégradé ces derniers mois, et tend même vers une  rupture.

En effet, depuis le 16 juin dernier, des soudanais organisent presque quotidiennement dans la rue de violentes manifestations, pour dénoncer la hausse des prix des produits de première nécessité et du carburant.  Une hausse vertigineuse des prix qui découle de la décision des autorités de Khartoum de ne plus subventionner ces différents produits, compte-tenu des difficultés financières que rencontrerait le pays depuis l’indépendance de la partie sud du pays d’où il  tirait d’importantes revenues pétrolières.

Lancées par les étudiants, ces manifestations se sont intensifiées, atteignant même les quartiers huppés de Khartoum et même d’Omdurman, la ville jumelle à la capitale soudanaise. Dès lors, de nombreux spécialistes projettent  déjà à un « printemps soudanais » ; un scénario qui  ferait beaucoup plaisir à la Cour Pénale Internationale qui n’attend que ça, pour mettre la main sur ce président un peu trop courageux. Au regard des proportions de plus en plus inquiétantes que prennent ces manifestions, il n’est pas interdit de penser que Omar El Béchir vivrait  ses derniers jours à la tête du Soudan. A moins qu’il n’adopte une stratégie à la Syrienne.