Nicolas Sarkozy serait en tête au 1er tour selon deux sondages du 21 mars. Pour l’institut IFOP, N. Sarkozy enregistrerait 28% d’intentions de vote devant François Hollande crédité de 27,5%, tandis que pour l’institut CSA, le président sortant engrangerait un score inédit de 30% face 28% pour le candidat socialiste. Hier cette fois, c’est un sondage BVA-RTL qui placerait Jean-Luc Mélenchon au troisième rang, avec 14% d’intentions de vote recueillis, évinçant du coup la candidate du Front National, Marine Le Pen, relayée à la quatrième position avec 13% de voix. De quoi affoler l’opinion qui ne peut pas comprendre que N. Sarkozy puisse faire à 1 point près le même score que les sondages d’avril 2007 …
La légitimité des sondages en cette période de campagne présidentielle est plus que jamais d’actualité car on ne peut qu’admettre avec stupeur le hiatus perceptible qui existe entre les chiffres annoncés pour certains candidats à l’élection présidentielle et la réalité de l’opinion du peuple que chacun peut saisir de lui-même en sortant dans sa rue ou en discutant avec son boulanger. A Paris comme ailleurs, le discours populaire que l’on peut entendre est presque toujours le même : un immense ras-le-bol de la politique menée depuis 5 ans par le gouvernement actuel et un désir manifeste de changer de cap politique pour les 5 prochaines années à venir. Chacun d’entre nous peut constater cette simple vérité au quotidien car le peuple s’exprime, il parle même très fort. Mais pour le savoir, il faut être capable de l’écouter "en vrai", comme diraient les enfants. En 2007, nous savions déjà avant l’élection présidentielle que l’opinion était massivement ralliée à N. Sarkozy rien qu’en sortant dans la rue et en se mêlant aux "gens". Il suffisait juste d’écouter, de voir et d’entendre pour palper l’opinion majoritaire et se faire le plus authentique des pronostics.
Or, aujourd’hui, l’avis du peuple est bizarrement mal représenté dans les récents sondages de grands instituts, chiffres qui semblent arriver aussi mystérieusement qu’un lapin sortant d’un chapeau de magicien par un simple coup de baguette. Ces sondages seraient-ils le dernier coup de baguette que tenterait le magicien d’Oz (et oui, il(s) ose(nt) tout!) qui cherche par tous les moyens (mensonges, arnaques et coups de bluff en tous genres compris) à provoquer un miracle et influencer le vote populaire d’avril prochain, lors du grand rendez-vous républicain ?
L’attitude visiblement gênée, tout au moins frileuse de certains journalistes quant à l’énoncé de ces tous derniers sondages, éveille des interrogations et ne peut laisser que perplexe le téléspectateur décontenancé. Que de précautions de forme et de circonvolutions employées par ces journalistes pour prendre eux-mêmes la distance adéquate avec les derniers scores! Ceux-ci n’ont eu de cesse que de se retrancher à de multiples reprises derrière un arsenal lexical plus ou moins habile qui invite à la prudence sur la lecture de ces chiffres qu’il serait bon d’appréhender "plutôt de manière symbolique", comme l’a par exemple suggéré Mickaël Darmon, chroniqueur politique d’I-Télé hier soir. Et de poursuivre en affirmant qu’à ce jour, les instituts de sondage ne peuvent plus vraiment garantir la fiabilité de leurs chiffres. La pertinence des résultats de sondages émis par les instituts semble donc être remis en cause en cette période hautement décisive pour les cinq prochaines années de la France, enjeu crucial pour les dirigeants politiques comme pour certains grands patrons proches du pouvoir.
Quel est alors l’intérêt de présenter encore au grand public des sondages en de telles conditions? Ceci pose un problème majeur d’ordre éthique car ces indicateurs d’opinion non fiables font l’objet d’une médiatisation massive qui fausse le jeu en perturbant le jugement des citoyens français. Mais ne serait-ce pas précisément le but escompté de toute la manoeuvre? Exactement pour les mêmes raisons mais tout à fait en sens contraire, le CSA a choisi, lui, de stopper la participation de tous les candidats aux émissions télévisées politiques, afin de permettre aux futurs votants d’élaborer une opinion personnelle singulière, non influencée par un jugement extérieur à sa propre démarche de réflexion.
Ceci soulève au fond le véritable débat en jeu ici : la question-même du peuple, cette équation à une inconnue pour bon nombre de politiques. On s’étonne en effet de la méconnaissance du peuple par les politiques. Déconnectés de celui-ci, ils ne le connaissent pas et peinent grandement à le définir, ce faisant encore moins à l’anticiper donc à le prévoir. D’où ces chiffres arrivant en cascade et à la rescousse de ces hommes d’Etat, en mal de contact populaire. Or, la mission première du politique est de représenter le peuple, ce qui induit nécessairement de savoir le définir et de le connaître parfaitement afin de pouvoir agir en son sens par le biais d’une politique menée pour le seul bien de cette nation toute entière, que l’on doit consulter ET servir. Rappelons qu’en démocratie, les politiques sont au service du peuple et non l’inverse (demos, en grec signifie "peuple" et –cratie signifie "pouvoir" : le pouvoir du peuple). L’engagement politique au sein d’une République telle que la France est donc fondamentalement lié à l’humilité et au service des citoyens. Cela sonne étrangement faux quand on observe la politique française et plus encore européenne!
C’est ce qui fort naturellement amène aujourd’hui un grand nombre de citoyens français, se sentant profondément dupés, humiliés et floués par les instances gouvernantes qui n’ont fait durant des années que de mentir et de se servir eux-mêmes, à remettre en cause l’ordre en place -ou devrait-on plutôt dire le désordre (et peut être bientôt le chaos si rien ne change…)- dans ce simulacre de démocratie détournant la vérité d’une oligarchie réelle et agissante dans l’ombre, qu’il s’agit de renverser pour replacer les seuls intérêts du peuple tout entier au centre du débat politique, n’en déplaise à la bien-pensance UMPS, corrompue et cynique.
Le peuple est perçu par l’UMPS comme une masse informe, stupide et naïve qui boit, mange et reproduit tout ce qu’elle peut entendre et voir partout – d’où les pages de publicité télévisées interminables et récurrentes pour asséner sans relâche « tout-ce-qu’il-faut-consommer » et « tout-ce-qu’il-faut-penser ». Cette masse serait donc incapable de prendre le moindre recul ou d’émettre la moindre critique par rapport à ce qui lui est présenté, tel un esclave soumis et docile face à un pouvoir qui lui serait supérieur, une caste élitiste méprisante au sein d’une monarchie (ici républicaine), qui ne va pas sans nous rappeler les grandes heures du Tiers-Etat aux ordres du Roi, un peu avant la révolution citoyenne de 1789. Le peuple trop bête pour penser? On va penser à sa place et lui suggérer par tous les moyens quoi voter. Cela rappelle les méthodes de propagandes. Et l’on sait que derrière la propagande, se cache toujours le fascisme.
La vox populi n’aurait donc pas le droit au chapitre en matière politique, au point que les politiques soutenus par les médias se contentent de la caricaturer à grands coups de sondages. Seulement, les erreurs commises sont bien trop énormes pour être honnêtes. Et c’est bien ce point précis qui pose problème : les sondages de "baromètre politique" seraient-ils devenus, à trente jours du premier tour de l’élection présidentielle, un outil de manipulation politique de l’opinion populaire ? Voilà cette fois une vraie probabilité car, de deux choses l’une : soit ces instituts de sondage se trompent innocemment par simple "nullité", auquel cas aucun crédit ne peut leur être encore légitimement apporté par quiconque; soit ils se trompent volontairement par complicité avec les instances politiques dirigeantes et la duperie est immense, sans évoquer la déontologie ou la sacro-sainte indépendance de ces instituts face au "pouvoir".
Se tromper trop et trop souvent ne peut inspirer confiance. Il ne peut s’agir là d’un simple problème mathématique, de techniques de probabilités ou encore de comptages. S’il s’agissait de mathématiques, il n’y aurait précisément presque jamais d’erreurs dans les sondages, ou avec une marge si faible qu’on pourrait se fier avec une réelle confiance aux chiffres publiés. Or, l’histoire a montré la grande inexactitude de ces estimations souvent improbables, qui ne sont jamais parvenues à donner une représentation anticipée efficace et fiable de la réalité de l’opinion populaire, comme en avril 2002 où aucun institut n’avait réussi à déceler le passage au second tour de Jean-Marie Le Pen, ou encore en 1995 lorsque Edouard Balladur, selon les mêmes instituts, avait été donné largement gagnant devant Chirac.
Jean-Luc Mélenchon est aujourd’hui "côté en bourse" électorale en troisième position avec 14% des voix, alors que deux mois plus tôt, il plafonnait laborieusement à 8% dans le sondage d’OpinionWay réalisé les 10 et 11 janvier pour La Croix. Il devancerait maintenant Marine Le Pen qui, elle, serait tombée à 13%, alors que pour elle, en revanche, toujours à peine deux mois plus tôt, selon le sondage Vivavoice publié par Libération du 09 janvier 2012 "un tiers des personnes interrogées pourrait voter pour la candidate FN en avril prochain". Selon la même étude, "30% des personnes interrogées n’excluaient pas de voter Marine Le Pen en avril prochain"! Benoît Hamon, porte-parole du P.S., avait affirmé juste après cette publication qui projetait Marine Le Pen au second tour, que l’hypothèse de voir Marine Le Pen accéder au second tour de la présidentielle n’était "pas du tout farfelue". Invité du "Grand jury" RTL/LCI/Le Figaro, il s’était dit assuré que le Front national était"beaucoup plus haut" que ce que les sondages relèvent. Marine Le Pen, a-dit-il, "peut monter jusqu’à 20 points aujourd’hui" et l’hypothèse de sa présence au deuxième tour "n’est pas du tout farfelue".
Du FRONT National au FRONT de gauche, la ruse du terme d’un parti nouveau-né n’échappera à personne, manoeuvre maladroite (c’est le cas de le dire) du 100% socialiste Mélenchon pour siphonner lui aussi, mais cette fois au seul profit du PS, les votes ouvriers du FN. Candidat factice qui appelle déjà à voter François Hollande au second tour, la ruse est trop énorme et ne dupera pas les français, trop souvent jugés naïfs. Si le miroir aux alouettes proposé par le hollandiste invétéré Mélenchon à ses militants est la perspective d’une future présidence socialiste représentée en la personne de François Hollande, mondialiste, européiste convaincu et ultra-libéral, alors le rêve du Front de Gauche prendra l’allure d’un cauchemar à répétition d’une nouvelle France UMP-S, où J.L. Mélenchon n’en aura été, dans le plus grand cynisme et le plus grand mépris pour tous ses partisans, que la voiture-balai.
Trucage des sondages comme manoeuvre pour faire barrage à une Marine Le Pen bien plus haute dans l’opinion que ce que l’on ne veut bien le dire? Ce cas de figure est très singulier et la perspective de Marine Le Pen au second tour dans un vote démocratique, c’est-à-dire dans un choix libre et éclairé de citoyens populaires, fait manifestement trembler les élites bien-pensantes. Les instituts de sondage ont toutefois une responsabilité totale dans la véracité des chiffres qu’ils annoncent. La méfiance est plus que jamais de mise dans un contexte tronqué qui ne permet pas aujourd’hui de lire ces résultats de façon impartiale ni objective.
C’est sûr, la boulangère, elle sait mieux que tous les instituts de sondage !
Des bonnes causes aux mauvaises conséquences… « L’opinion publique n’existe pas » cet article de Bourdieu suffit largement à renvoyer les sondages dans les cordes. Mais de là vous vous fourvoyez dans un argumentaire pro Le Pen qui déjà m’insupporte mais qui deuxièmement n’a aucune place dans votre article.
Pour ce qui est du Front de gauche; le terme front fait bien sûr référence au front populaire et un front c’est d’abord une coalition de partis. Juger que Mélenchon l’aurait appelé ainsi pour faire comme le FN est alors complétement ridicule. Quant à parler de candidature factice arrêtez! Parce qu’il a peu de chance d’être au deuxième tour? Mais Le Pen non plus n’en a presque aucune et ses chances d’être présidente sont même de 0% !Enfin sur 1789, relisez votre histoire si vous osez rapproché ce grand événement à Marine Le Pen! Quand même, un peu de tenue !
Histoire de France selon les sondages : Balladur président en 1995, Jospin président en 2002, et DSK président en 2012.
Bref, incompétence gravissime ou trucages éhontés ?
[quote][i][b]Histoire de France selon les sondages : Balladur président en 1995, Jospin président en 2002, et DSK président en 2012. Bref, incompétence gravissime ou trucages éhontés ?[/b][/i][/quote]
– [u]Au soir du 21 avril 2002, il aurait dû, selon nos « estimés » instituts de sondage, y avoir un « traditionnel » [b]duel Chirac/Jospin[/b][/u] : [i]on sait ce qui s’est passé, puisque ce fut, contre toute attente, un [b]duel Chirac/Le Pen[/b] ![/i]
– Les instituts de sondages avaient prévu, pour les Régionales 2004, des régions à Gauche, des régions à Droite ! Or, ils se sont trompés sur un point, puisqu’ils n’avaient pas prévu, les pôvres, que le Parti Socialiste raflerait la présidence de 21 régions françaises sur 22 !
– [u]Les Instituts de sondages avaient prévu, au soir du 29 mai 2005, que les Français auraient répondu [b] »Oui »[/b] en acceptant la proposition de loi constitutionnelle référendaire autorisant la création d’une Constitution pour l’Europe[/u] : [i]or, c’est le contraire qui s’est produit, puisqu’ils ont voté [b] »Non »[/b] ![/i]
– [u]Pour terminer, les Instituts de sondages sont les fervents adeptes de cette addition mathématique : Vote Blanc/Vote Nul + Abstention = Abstention[/u] : [i]de ce fait, ils faussent totalement l’analyse politique, trompant les journalistes, les candidats, mais également les électeurs ![/i]
Et, bien sur, je parle de tout ceci dans mon
[img]http://www.edilivre.com/media/catalog/product/cache/1/image/200×320/040ec09b1e35df139433887a97daa66f/i/m/image_17960.jpg[/img]
[b]ISBN : 9782812140891
[url]http://www.edilivre.com/divorce-sans-consentement-mutuel.html[/url] [/b], qui est toujours d’actualité !
Bref, j’ai une très grande méfiance à un point tel que je pense que les sondages politiques devraient être formellement interdits pendant toute la durée de toute campagne électorale !