Titre trompeur. Mais comment titrer sur un sondage interne aux contributeurs réguliers de Marianne2 qui seraient de sensibilité affirmée de gauche ? Astrid Gouzik, de Marianne, l’hebdo, a titré : « Les blogueurs votent Hollande sans enthousiasme ». Eh, il faut faire court…

Cela ne vaut que ce que cela vaut. Marianne2 ne compterait-il qu’une quinzaine de blogue-noteurs de sensibilité de gauche ? Sans doute pas. Mais sur la « quinzaine » (quel panel imprécis, en fait, ils ou elles sont 14), cela donnerait quatre pro-Hollande plutôt « mous », deux pro-Aubry, comme deux pro-Royal, suivis d’un pro-Montebourg et un pro-Valls.

Ce « sondage », plutôt non-directif, vaut cependant d’être consulté. Car même avec un échantillon plus que réduit, il fait part des impressions de « leaders d’opinion », et quatre d’entre-eux restent totalement indécis ou ne veulent pas se prononcer à ce stade.

Et puis, ce ne sont pas des anonymes complets (enfin, certains pseudonymes sont explicites, et parmi les indécis, deux le sont vraiment). D’autres annoncent clairement la couleur : c’est Hollande, et Alain Renaldini signale qu’il fait partie du comité local de soutien à ce candidat (à l’île de Ré). Sur x signant pratiquement de leur nom, un tiers pour Hollande, deux-tiers d’indécis ? C’est évidemment plus complexe.

Slovar, l’un des plus prolixes et donc des plus connus des Internautes, se porte plutôt sur Aubry, mais il soutiendra Hollande s’il emporte la primaire socialiste. Encore qu’il songe très fort à Mélenchon pour le premier tour du scrutin. Comme quoi, on peut voter aux primaires d’une manière, et devant l’urne d’une autre.

La conclusion est plus hasardeuse : « En tout cas, si la gauchosphère est l’expression sur la toile d’une réalité citoyenne, alors on devrait être bien loin du million de votants espéré pour la primaire. ». Eh, rien n’empêchera vraiment des UMP de s’infiltrer dans ces primaires, et des gens avant tout anti-Sarko peuvent de même tenter de faire désigner la ou le meilleur à leurs yeux pour sortir le locataire de l’Élysée. Charles Duchêne, auteur de Qui ? (BTF Concept éditions), aimerait bien voter Mélenchon, mais non seulement il préconise de voter Hollande lors de la primaire, mais il votera pour le même peut-être au premier tour, selon le principe que choisir, c’est renoncer.

J’avoue que titrer : « Consultation interne partielle » n’est pas très adroit. Ce serait plus juste, et cela n’enlèverait guère d’intérêt à l’article par lui-même. Mais, bon, un titre, c’est un titre. Amusant aussi, sur le même support : « Élisabeth Badinter, une féministe à contre-courant ». Pas faux, à cela près que Badinter représente aussi un courant féministe (à la Valls ? allons, restons indulgents).
L’écriture journalistique n’est pas facile à manier. Car classer un partisan de Valls dans la « gauchosphère », cela va faire jaser dans la gauchosphère. En tout cas celle du courant (des courants) traditionnel(s), pas trop proches du PS (plutôt de Mélenchon ou du NPA et autres). Comme le dit une autre blogueuse, Aliocha, de La Plume d’Aliocha, il ne faut pas confondre le journaliste avec ce qu’il décrit. Encore faut-il qu’il n’y ait pas de confusion dans les termes de la description. Parfois, c’est limite, surtout si on rédige trop vite. Ou trop fort, comme dans certains titres.