Il règne dans notre beau pays depuis quelques mois un étrange culte de l'égalitarisme qui mêle tour à tour liberté, égalité et opportunité. Le "On" est alors brandit fièrement : on doit travailler plus, on doit tous cotiser plus longtemps, on doit pouvoir gagner plus…
Un hymne collectif au libéralisme seul à même de ramener la croissance, la richesse. Sous entendu pour tous. Ce qui est déjà moins évident. Ou alors juste pour moi. Dans un contexte ultra individualiste, cela amène chacun à regarder vers le haut, à espérer sa réussite prochaine, à envier celle des autres servies partout.
Vivre un jour comme les "people" des magazines, voilà notre nouvel opium du peuple, nous, peuple de France, ce pays magique où la lutte des classes a rendu son verdict : le capital l'a emporté.
Alors maintenant que fait-on ?
J'exagère ? peut être mais un éclairage de "L'état des inégalités en France" publié récemment par l'observatoire des Inégalités vaut tous les discours – extraits :
10 % des plus fortunés détiennent 46 % de la richesse du pays.
Cinq millions de personnes continuent à vivre dans des logements dangereux et insalubres.
15 % seulement des résidences construites en 2005 ont des niveaux de loyers accessibles aux ressources des deux tiers des ménages de France.
Inégalités financière, immobilière qui rejaillissent sur la santé, l'éducation…
Dix fois plus d’obésité dans les familles ouvrières (7,4 %) que dans les familles de cadre (0,7 %)
Les fils de cadres ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur Bac.
6 % d'enfants d'ouvriers dans les classes préparatoires des grandes écoles. Les enfants des cadres supérieurs y sont 54 %.
Sans espoir de représentation politique :
La moitié de la population active est composée d’ouvrier ou d’employés ; 5,5% des députés en sont issus.
Loisirs, culture sont également concernées, par exemple, 49,4 % des ouvriers partent en vacances ; 88,2 % des cadres…
et ainsi de suite… sans parler du sexe ou de l'âge qui peuvent être des facteurs aggravants. Ainsi cette donnée originale : en 1975, les salariés de 50 ans gagnaient en moyenne 15 % de plus que les salariés de 30 ans. Aujourd’hui, l’écart est de 40 %.
En France, un individu est officiellement considéré comme "pauvre" quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 681 euros. C'est dire qu'aujourd'hui on peut travailler et être pauvre.
Au sens le plus strict du terme on frôle donc les 4 millions de pauvres dont plus d'un million travaille. Et le chiffre de 7 millions est régulièrement avancé.
Dans une société où le mariage se zappe aussi vite qu'un sitcom, on peut louer certes la réussite des familles recomposées mais considérer aussi que cela génère des familles monoparentales fragiles. 46% de ces familles monoparentales vivraient sous le seuil de pauvreté sans les aides sociales.
Tous les âges sont concernés, les anciens à petites retraites que le poids de l'immobilier affaiblit, les jeunes sans emploi ou qui ne parviennent à intégrer le marché du travail et les enfants, près d'un million dans l'hexagone…
Cela se passe ici et aujourd'hui comme dirait la chanson. La journée du refus de la misère n'a jamais aussi bien porté son nom tant il semble que tous les autres jours de l'année notre société la refuse, fait tout pour l'ignorer, la rejeter comme une menace, un risque dont on ne veut pas entendre parler. Alors c'est la fuite en avant vers l'instantané, le clinquant, l'ostentatoire, car on ne sait pas de quoi demain sera fait, de moins en moins. Le système social à la française est sans cesse montrer du doigt comme la cause de nos maux : c'est à cause de lui que la France végète, que les discours politiques prometteurs n'ont pas de résultats et que moi-même ne réussis pas.
Sur ce sujet comme sur d'autres notre vieille morale chrétienne est bien discrète voire absente. Il faut dire qu'à l'instar de ceux qui gouvernent la France, elle aussi se décomplexe de l'argent. Benoit XVI ne vient-il pas de passer ses vacances d'été dans la belle province de Vénitie pour la coquette somme d'un million d'euros payé par le contribuable régional ?
Un vieux prètre italien s'est permis d'écrire à sa Sainteté « Cher pape, ça ne va pas. » « Quand tu te regardes dans la glace, ton visage doit être celui du Christ sur terre […] mais comment durant de telles vacances peux-tu ressembler à Jésus, mon maître comme le tien, qui n’avait même pas une pierre pour poser sa tête ? » « Trop de tes fils ne vont pas en vacances pour que tu puisses te permettre des vacances de 2 milliards ».
Après 2007 et la lettre de Guy Mocquet, en 2008, place à la lettre ouverte du prêtre italien Armando Trevisiol ?
nothing else…
T’as tout dit, bravo.
So much trouble in the french!!!
Bien écrit,bien étayé.Cela dit,je crains que l’égalité nous ouvre la voie qu’une fois aux portes de l’abime,salué par le goupillon.Bonne soirée.
« Sainteté « Cher pape, ça ne va pas. » « Quand tu te regardes dans la glace, ton visage doit être celui du Christ sur terre […] mais comment durant de telles vacances peux-tu ressembler à Jésus, mon maître comme le tien, qui n’avait même pas une pierre pour poser sa tête ? » « Trop de tes fils ne vont pas en vacances pour que tu puisses te permettre des vacances de 2 milliards ». »
Toute l’Europe est menacé, pas seulement le royaume du Pape !
Par exemple, le modèle suédois de négociations collectives a été mis en cause mardi 18 décembre par la Cour de justice des Communautés européennes en raison de sa trop grande rigidité, accusée d’être un frein aux activités de sociétés d’autres pays membres de l’UE. C’est la deuxième fois en une semaine que les juges de Luxembourg donnent tort aux puissants syndicats scandinaves. Au titre de la liberté d’établissement, les « juges » avaient donné raison le 11 décembre à la société finlandaise de ferries Viking, en conflit à propos de la délocalisation d’un navire en Estonie.
On l’aura compris, tant que le modèle social européen n’aura pas été détruit de fond en comble, il constituera une entrave à la libre entreprise pour Bruxelles. Comme l’on comprend l’amour du modèle chinois qu’entretiennent nos hommes politiques et hauts fonctionnaires : des élites imdéboulonnables et héréditaires contre une plèbe docile et corvéable à merci. Y’a pas à dire, ce « progrès » a tout de même des relents de XIXème siècle…
Hein ?
Hein????????? Tu dis n’importe quoi vautier !
Je ne dis pas n’importe quoi, tant que j’aurais la liberté de le dire !!! : j’en viens au fait :
Carpenedo est un hameau de Vénétie qui serait resté inconnu de la majeure partie de la population du globe si le brave curé qui y officie n’avait eu récemment un coup de sang à propos du coût des vacances papales dans une petite (576 habitants) commune de la région, Lorenzago di Cadore pour être précis, et s’il n’avait fait connaître son mécontentement en prenant sa plus belle plume pour une lettre ouverte à Benoît, représentant de dieu sur terre et, accessoirement, chargé de défendre les pauvres et les opprimés face aux pouvoirs maléfiques de l’argent.
Ainsi donc, le père Armando Trevisiol s’est fâché tout rouge. il s’avèrerait que le coût des vacances d’été du pape Benoît XVI à Lorenzago di Cadore, du 9 au 27 juillet 2007, serait estimé à un million d’euros (coût incluant l’aménagement et la sécurisation des lieux), ce qui n’a pas manqué de choquer notre vieux curé dénonçant dans sa lettre ouverte un « privilège de caste » bien loin de la pauvreté évangélique de Jésus.
Cette lettre serait sans doute passée inaperçue si elle n’avait été relayée par L’Unita, horrible journal de gauche, et n’avait ensuite fait le bonheur des médias italiens.
Et que dit-il ce cher padre dans sa lettre ?
Eh bien, avec ses mots, il relève qu’il y a comme une contradiction entre le statut de sa sainteté et l’argent dépensé pour sa villégiature :
« Cher pape, ça ne va pas. Quand tu te regardes dans la glace, ton visage doit être celui du Christ sur terre (…) mais comment durant de telles vacances peux-tu ressembler à Jésus, mon maître comme le tien, qui n’avait même pas une pierre pour poser sa tête ? »
« Trop de tes fils ne vont pas en vacances pour que tu puisses te permettre des vacances de deux milliards » (de lires).
Le pape n’ayant pas pourtant, officiellement, d’amis milliardaires, il avait été très simplement logé dans une propriété mise à sa disposition par le diocèse de Trévise.
Comme il se doit en pareil cas, le Vatican n’a fait aucun commentaire.