Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu !!!
Qui ne connaît pas cette phrase du Petit Gibus ???
Elle est tirée de la Guerre des Boutons, un film d’Yves Robert datant de 1961, d’après le roman éponyme de Louis Pergaud. Un petit bijou de tendresse et de cruauté, qui décrit parfaitement le monde des enfants, leurs univers avec leurs jeux, leurs bagarres, leurs souffrances, leurs espoirs…leur tendresse et leur méchanceté…la bêtise des parents aussi, qui oublient souvent leur propre enfance…
Je ne me lasse pas de revoir ce film, qui est ressorti récemment en DVD.
L’histoire
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Deux villages voisins : Longeverne et Velrans. Dans chaque village, une bande. Dans chaque bande, un chef : l’Azrec et Lebrac.
Pour être les plus forts, ils inventent pas mal de choses… aller dans le village voisin pour écrire sur un mur « tous les Velrans sont des peigne-culs»…se bagarrer dans des terrains vagues…
Mais un jour, une idée lumineuse germe dans l’esprit de Lebrac : faire punir les « ennemis » par leurs propres parents… c’est la campagne dans les années 50-60, et l’éducation est sévère, les coups de trique plus fréquents que les câlins…
L’école, le maître est sévère mais compréhensif… Lebrac est menacé de pension…le maître lui promet de l’aider s’il se met au travail, mais Lebrac a d’autres priorités…
Alors Lebrac imagine de faire des prisonniers et, avant de les libérer, de couper tous les boutons de leurs vêtements, tous les élastiques, tous les lacets… la raclée est assurée quand les enfants, le pantalon sur les chevilles, regagnent le domicile familial…
Mais la bande rivale trouve que c’est une bien bonne idée et rend la monnaie de leurs pièces aux gamins machiavéliques… et tout le monde prend sa raclée…
Alors, il faut s’organiser : les Longeverne (que l’on suit plus particulièrement) vont construire une grande cabane qui va abriter leurs trésors de guerre : les boutons piqués aux autres, mais également des boutons, pressions, élastiques, fil… achetés dans le commerce grâce au pot commun (et c’est démocrate ! les riches donnent plus que les pauvres !), mais aussi des activités telles que la capture de vipères, la chasse au lapin etc…
A un moment, ils se mettent à se battre nus pour ne pas être dépouillés !!! c’est trop drôle de voir le petit Gibus se tortiller avec son épée en bois, tout en se cachant le zizi !
Evidemment, ce sont quand même des enfants…quand un lapinou est blessé, ils font une trêve pour lui poser une attelle…
Dans la bande, une fille est admise : il faut bien quelqu’un pour recoudre les boutons !!! et puis c’est la petite fiancée de Lebrac !
Quel bonheur de posséder sa propre maison, de fêter ça autour d’un bon petit verre de gnôle… mais hélas, un traître, jaloux du chef, va vendre la mèche aux « ennemis » qui détruisent la cabane avec le tracteur du père… Gros chagrin et vengeance… le traître est châtié, un peu trop fort cette fois… et cela va précipiter les corrections, les punitions, la fugue de Lebrac, la pension…et une jolie fin très morale.
Yves Robert
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Perplexes devant un projet où les héros seraient des enfants de 6 à 14 ans et où aucune star n’apparaîtrait (on reconnaît quand même Michel Galabru, Jean Richard, Jean Dufilho, Pierre Tchernia et Christophe Bourseiller dans le rôle d’un enfant), les producteurs ne sont pas emballés… Yves Robert doit donc fonder sa propre maison de production pour tourner ce film qui lui tient à cœur.
Il ne trouve même pas de distributeur français, et c’est la Warner qui va distribuer le film ! qui sera un succès mondial….il a dû le savourer !
Yves Robert est né en 1920 à Saumur. Vite monté à Paris, il est livreur, pâtissier et même modèle au Musée Grévin ! Il débute au théâtre, en tant qu’acteur et metteur en scène de Boris Vian, Queneau, Prévert, Desnos…
Ensuite il se tourne vers le cinéma, acteur dans Les Grandes Manœuvres ou Le Pistonné. Il met en scène beaucoup de succès populaires : pour n’en citer que 2, à part la Guerre des Boutons qui sera récompensé de plusieurs prix, Le grand blond avec une chaussure noire, ou Un éléphant, ça trompe énormément, ou l’adaptation (réussie à mon avis) de la Gloire de mon Père et le Château de ma Mère.
Yves Robert est décédé le 10 mai 2002.
Les enfants
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Ils sont bien sûr les héros du film, et sont merveilleux.
Lebrac ( André Tréton) : le chef des Longevernes… grand, beau gosse, mais qui cache le secret d’être le souffre-douleur de son père…il est la tête pensante de la bande, et ne souffre aucune concurrence…
Michel Izella (Laztec)
Martin Lartigue (P’tit Gibus) : le petit amour du film, on a envie de le croquer tellement il est mignon… c’est lui qui dit tout le temps « Ah ben si j’aurais su j’aurais pas venu »…âgé de 6 ans, il ne crache jamais sur un petit coup de gnôle et, lors d’une expédition dans le village voisin, recueilli par les parents du chef rival qui croient qu’il est perdu, il revient « rond comme une queue de pelle » en chantant « mon pantalon qu’est décousu, si ça continue on verra l’trou… d’mon pantalon… qu’est décousu… » (ad vitam aeternam) 😉
En 1963, il joue dans Bébert et l’omnibus, toujours dirigé par Yves Robert, et où il incarne Bébert Martin, aux côtés de Jacques Higelin.
En 1971, il a donc 19 ans, il joue un petit rôle dans Les mariés de l’an deux de Jean-Paul Rappeneau.
Il jouera également dans César et Rosalie en 1972, film de Claude Sautet avec Yves Montand et Romy Schneider.
Autodidacte grâce à son père Dany, Martin Lartigue travaille et vit maintenant dans les Landes. Il exerce aujourd’hui la céramique!
François Lartigue (Grand Gibus) : je trouve ça trop mignon qu’ils soient frères en vrai dans la vie…oui je sais je suis une grande sentimentale…
Et plein d’autres enfants… !
C’est un film sur l’enfance… un beau film… que je vous suggère de voir ou revoir, à l’heure où un remake, voire même deux, sont en tournage…