Suite de : Si un « Big One » se produisait, sur l’Île de Honshu, avant 2016 ? Deuxième partie
Sur ce modèle, quel type de tremblement de terre peut-il se produire ?
La plupart des tremblements de terre de magnitude égale ou supérieure à 7.0 qui ont eu lieu entre 1885 et 2004 ont été de type intraplaque. C’est le genre le plus susceptible de se produire. Cependant, le risque de survenue concomitante de deux types de séisme, interplaque et failles actives, est également possible en raison des effets catalytiques du séisme du 11 Mars 2011. 300 points, dans la grande région de Tokyo, sont susceptibles d’être le foyer d’un tel aléa sismique d’autant que des tremblements de terre sont localisés, aux frontières des plaques dans la partie orientale de la préfecture de Chiba, au Sud de la préfecture d’Ibaraki et au Nord de la baie de Tokyo, enregistrés et répertoriés.
Les failles actives, intra-îlienne Honshu, sont également devenues plus sensibles aux mouvements qui se produisent, en raison de la force appliquée par le grand tremblement de terre du Japon oriental, aux limites des plaques, dans le Sud de la région de Kanto. Nombreuses sont les failles actives dont les failles Miura et Tachikawa pour la région de Tokyo, qui sont susceptibles de provoquer un tremblement de terre. Dans la généralité, les failles actives se déplacent, générant épisodiquement des événements sismiques de magnitude maximum égale à 6.9/7.1, sur de longs cycles temps compris entre des milliers et des dizaines de milliers d’années, mais, après l’accident de mégacolossale magnitude 9.0 ayant rompu et déformé la croûte terrestre, celle-ci, devenue instable, se rééquilibre et, afin de se régler, se déplace par saccades déclenchant un chapelet de séismes de magnitude inférieure à 5.6/5.7, exceptionnellement pouvant être au plus égale à 6.0.
Abordant le type de séismes interplaques, – ou de subduction, ou de megathrust -, tous des séismes majeurs, catastrophiques et meurtriers, ayant affecté la grande région de Tokyo, le grand tremblement de terre de Kanto, le « Kantō daishinsai » du 01 Septembre 1923, magnitude estimée 8.3 sur l’échelle de Richter, et recalculée Mw 7.9 en 1977, vient à l’esprit. Son épicentre a été localisé dans la fosse de Sagami, – Sagami Torafu en japonais -, qui sous-conduit, sous la plaque Okhotsk, la plaque Philippine supportant la ride d’Izu, la dite plaque Philippine en outre, subductée, sous les plaques Kanto en formation, Amour et Okinawa, dans la fosse de Suruga, d’une part, et, d’autre part, subductant, dans la fosse d’Izu-Ogasawara, la plaque Pacifique. Deux cent vingt ans avant, le 30 Décembre 1703, à 17 h 00 Temps Universel, 31 Décembre à 02 h 00 heure locale, le tremblement de terre de Kanto Genroku, – Genroku Daijishin -, d’une magnitude estimée ~ 8,2, en absence d’observations instrumentales, est supposé être un aléa sismique à focale interplaque dont l’épicentre se localiserait dans la région s’étendant de la baie de Sagami à la pointe de la péninsule de Boso jusqu’à la zone le long de la fosse de Sagami et dans le même périmètre que celui du séisme du Kantō daishinsai » du 01 Septembre 1923.
Le séisme « 1703 Genroku Daijishin » a généré un important mouvement du sol sur une large zone au centre de la région Sud du Kanto. Les rapports existants, faisant état des victimes, des dommages et des dégâts, préconisent que le mouvement du sol qui s’est produit, a pu correspondre à une intensité sismique 6, sur l‘échelle de Shindo, – échelle d’intensité sismique, aussi dénommée échelle JMA, utilisée par l’Agence météorologique japonaise pour mesurer la force des tremblements de terre -, dans la zone Sud de Kanto, et à une intensité sismique 7, sur l’échelle JMA, dans la zone côtière de la baie de Sagami et la pointe Sud de la péninsule de Boso.
Les dégâts ont été particulièrement importants sur le territoire de l’actuelle préfecture de Kanagawa, tout particulièrement à Odawara, à Shukuba et a Kawasaki, des agglomérations quasi détruites à 100%. Le bilan des victimes y est estimé à environ 2.300. Un tsunami a frappé les zones côtières de la péninsule de Boso et de la baie de Sagami, causant plus de 6.500 morts, en particulier dans la péninsule de Boso. Sur l’île d’Izu Oshima Island, un effondrement colossal a précipité l’étang Habu dans la mer. En raison des mouvements du terrain, du tsunami, des incendies et autres facteurs aggravants, plus de 10.000 décès sont survenus.
Le tremblement de terre de « 1703Genroku Daijishin » a commis un bouleversement du sol allant de la péninsule de Boso à la côte de la baie de Sagami. Un soulèvement s’est produit et a atteint environ 5 mètres à son point le plus élevé. Une terrasse côtière, au large de la péninsule de Boso, est supposé avoir été créé par ce bouleversement. En outre, les études géomorphologiques signalent que quatre niveaux de terrasses côtières ont été générés, consécutivement à des séismes interplaques de magnitude égale ou supérieur à 8.0, avec des épicentres localisés le long de le long de la fosse de Sagami, depuis ~ 4.000 Before Christ, sur une période de 6.000 ans environ.
Il ne fait aucun doute que tous les tremblements de terre, de type megathrust, qui se sont produits dans cette zone, tous de magnitude estimée égale ou supérieure à 8.0 et tous d’épicentre le long de la fosse de Sagami, couvrant la Baie de Sagami, les Péninsules de Boso et d’Izu, et la plaine et la région de Kanto, se ressemblent dans la mesure où les dégâts causés et les déformations de la croûte, exceptés la formation de terrasses marines pour certains préconisant, par l’importance de ces formations, des magnitudes qui pourraient être estimées à au moins 9.0 voire au-delà pour deux d’entre eux, sont similaires. En outre, il est admis que les aléas sismiques de subduction qui ont frappé la région de Tokyo- Yokohama avec une population de plus de 35 millions d’habitants, se cycliquement, tous les 200 à 400 ans. Si ce cycle est maintenu, la possibilité d’un Big One ne peut être envisageable qu’à partir de 2120. Cependant, il est constaté, avant l’apparition d’un tremblement de terre interplaque, qu’une phase sismique, générant des événements sismiques de magnitude égale ou supérieure à 7.4/7.5, est active au cours d’une période de 80 à 90 ans, comme s’il était signe précurseur, avant que n’ait lieu le choc destructeur et meurtrier. Et tel en a été ainsi avec les tremblements de terre de 1703, de « Genroku Daijishin » précédé par celui de 1673, et de 1923, dit de « Kantō daishinsai », devancé par ceux de 1855 et de 1894.