Or donc, pour tenter de limiter la « casse » au Sénat, Nicolas Sarkozy a débarqué certains ministres et faute de balles, sort une une douille. David Douillet devient ministre des Sports.

Le collecteur de fonds des Pièces Jaunes de Bernadette Chirac (énormément, vraiment, de frais de fonctionnement et de représentation, peu, vraiment, en proportion, pour bénéficier aux causes censément soutenues), devient donc ministre à part entière.
Belle récompense pour celui qui n’est pas parvenu à réaliser le grand chelem des sièges de sénateurs représentant les Françaises et Français de l’étranger, puisque deux d’entre eux bénéficient à l’opposition.

Député des Yvelines, ex-secrétaire d’État chargé des Français de l’étranger, il fait le bonheur du maire de Plaisir, Joël Regnault, son suppléant, qui avait perdu son canton au profit d’un socialiste.
Chantal Jouanno n’est pas non plus mécontente : mieux vaut la soupe sénatoriale durable que celle d’un ministère qui, en cas de mauvais résultats aux législatives, pourrait être dévolu à un communiste, par exemple.

On ne sait comment Gérard Longuet a été convaincu de vivre la fin de règne au ministère de la Défense. Son reclassement ultérieur dans une grande entreprise en sera peut-être facilitée. Comme le disait Douillet au Parisien, « les qualités d’un grand champion sont transposables dans toutes les activités. ».
On préférera qu’il n’opte pas ensuite pour une carrière de cancérologue, mais ce chippendale des sondages a donc été estimé capable de redorer un peu la cote de popularité de Nicolas Sarkozy.

 

Il n’est pas du tout sûr que le maintien de Gérard Larcher au perchoir (en soudoyant peut-être quelques sénateurs aux convictions fluctuantes) serait de nature à faire remonter l’estime que la Nation porte à son actuel président. Au point où en sont les choses, la nomination de Douillet, qui lui assure un beau surcroît de visibilité, ne suffira peut-être pas à lui assurer de retrouver son fauteuil de député.

Enfin, il reste désormais à Nicolas Sarkozy la liberté de tenir ses engagements. N’écrivait-il pas dans Libre : « J’avoue ne pas être outrageusement choqué par la perspective de voir des étrangers, y compris non communautaires, voter pour les scrutins cantonaux et municipaux. À compter du moment où ils paient des impôts, où ils respectent nos lois, où ils vivent sur notre territoire depuis un temps minimum, par exemple de cinq années, je ne vois pas au nom de quelle logique nous pourrions les empêcher de donner une appréciation sur la façon dont est organisé leur cadre de vie quotidien… ». Le Sénat avait bloqué toute tentative.

Cela pourrait offrir l’occasion à Marine Le Pen de donner de la voix. Pourtant, si le Front national progresse – Pas-de-Calais (101 voix et 2,63%, contre 21 voix en 2001), en Moselle (87 voix et 3,13%, contre zéro), en Meurthe-et-Moselle (43 voix et 2,2% contre 15), dans la Marne (53 voix, 3,57% contre 9), dans la Nièvre (29 voix, 3,9% contre 3), ou le Loiret (45 voix, 2,95% contre 5) – il n’y a pas de quoi pavoiser. Mais champagne quand même chez l’ouvrier agricole champenois, peut-être.

Mais tiens, ce serait une occasion pour David Douillet de s’exprimer. L’idéal olympique qu’il est censé incarner devrait le porter à se prononcer pour le vote des étrangers ; peut-être lui en seraient-ils reconnaissants s’il doit un jour se rabattre sur les cantonales ou les régionales. Il devrait déjà y penser…