À en croire notre consoeur  »Jeune Afrique », il y aurait en Tunisie une «légère dégradation» de la censure en Tunisie. C’est, en tout cas, ce qu’écrit le magazine hebdomadaire parisien dans son N° 2460 du 2 au 8 mars 2008. De quoi s’agit-il au juste ?

 «La censure préalable n’a pas été totalement supprimée comme promis par le président Zine el-Abidine Ben Ali dans son discours du 7 novembre 2007», écrit Samir Gharbi. Qui s’empresse cependant d’ajouter: «Elle l’a été pour les journaux locaux qui ne peuvent plus être censurés que par une décision de justice. Cette mesure a renforcé la libéralisation de la presse nationale qui n’était déjà plus soumise à l’autorisation préalable de diffusion délivrée par la Direction générale de l’information au moment du dépôt légal. Mais la presse publiée hors Tunisie n’a pas bénéficié de ce progrès. Elle demeure soumise, une fois arrivée à l’aéroport de Tunis, au dépôt légal et à l’attente de l’autorisation de mise en vente. Cette attente n’est pas réglementée. Elle est soumise au bon vouloir des agents de contrôle».

On notera, au passage, que, dans sa volonté de défendre les intérêts de «la presse publiée hors Tunisie», le confrère parisien ne s’encombre même pas de la moindre satisfaction de la (relative) «libéralisation de la presse nationale». C’est à peine s’il ne s’en offusque pas. Et on le comprend, car plus la presse tunisienne se porte mal, plus le lecteur tunisien va chercher à combler sa soif d’information ailleurs, simple loi du marché en somme. Mais là n’est pas la question…

Qu’est-ce qui fait donc dire à  »Jeune Afrique’‘ que la censure s’est dégradée en Tunisie ? Est-ce que l’un des derniers numéros du magazine a été interdit ? Est-ce que l’un des ses journalistes a été inquiété pour ses écrits ? Non, bien sûr, sinon on l’aurait su.

Ce qui vaut à la Tunisie la colère de notre consoeur, c’est «le délai d’attente» [de l’autorisation de mise en vente sur le marché] qui  «est passé à 2,5 jours en 2006 et à 2,1 jours en 2007. Avant de remonter à 2,2 jours en février 2008».

Cela est très grave en effet. On doit s’en inquiéter. Car passer ainsi d’un délai d’attente de 2,1 jour à 2,2 jour n’augure rien de bon. Cela veut dire que l’autorisation de mise en vente est délivrée à 9 heures au lieu de 8 heures. Mais comme on est au registre des calculs d’épicier, notre confrère aurait pu ajouter, pour être plus complet, que l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) se fait livrer, chaque semaine, plus de 2000 abonnements de  »Jeune Afrique » et que le chiffre d’affaires de publicité des entreprises publiques tunisiennes, réalisé grâce à la générosité de la même agence, dépasse annuellement 1 million de dinars (1). Mieux : ce traitement privilégié dont bénéficie  »Jeune Afrique’‘ dure depuis plus de 45 ans. On laissera aux lecteurs le soin de faire le calcul. Le plus «intéressant» dans cette affaire c’est que cela fait plus de 45 ans aussi que  »Jeune Afrique » se plaint de «la dégradation de la censure en Tunisie».

Cherchez l’erreur ou, plutôt, les dindons de la farce !

Imed Bahri – L’Expression (Hebdomadaire – Tunis), n° 22  le 14 mars 2008

1 – Ce chiffre est facile à calculer. Il suffit de dénombrer les pages de publicité des entreprises publiques tunisiennes publiées par le magazine pendant toute une année, surtout, dans les fameux suppléments consacrés à notre pays, et de les multiplier par 10 000 dinars, le prix de la page hors taxe, pour obtenir ce montant. Cette «aide» (ou plutôt cette manne), beaucoup de journaux locaux souhaiteraient en avoir ne fut-ce qu’une partie.

À en croire notre consoeur  »Jeune Afrique », il y aurait en Tunisie une «légère dégradation» de la censure en Tunisie. C’est, en tout cas, ce qu’écrit le magazine hebdomadaire parisien dans son N° 2460 du 2 au 8 mars 2008. De quoi s’agit-il au juste ?

 «La censure préalable n’a pas été totalement supprimée comme promis par le président Zine el-Abidine Ben Ali dans son discours du 7 novembre 2007», écrit Samir Gharbi. Qui s’empresse cependant d’ajouter: «Elle l’a été pour les journaux locaux qui ne peuvent plus être censurés que par une décision de justice. Cette mesure a renforcé la libéralisation de la presse nationale qui n’était déjà plus soumise à l’autorisation préalable de diffusion délivrée par la Direction générale de l’information au moment du dépôt légal. Mais la presse publiée hors Tunisie n’a pas bénéficié de ce progrès. Elle demeure soumise, une fois arrivée à l’aéroport de Tunis, au dépôt légal et à l’attente de l’autorisation de mise en vente. Cette attente n’est pas réglementée. Elle est soumise au bon vouloir des agents de contrôle».

On notera, au passage, que, dans sa volonté de défendre les intérêts de «la presse publiée hors Tunisie», le confrère parisien ne s’encombre même pas de la moindre satisfaction de la (relative) «libéralisation de la presse nationale». C’est à peine s’il ne s’en offusque pas. Et on le comprend, car plus la presse tunisienne se porte mal, plus le lecteur tunisien va chercher à combler sa soif d’information ailleurs, simple loi du marché en somme. Mais là n’est pas la question…

Qu’est-ce qui fait donc dire à  »Jeune Afrique’‘ que la censure s’est dégradée en Tunisie ? Est-ce que l’un des derniers numéros du magazine a été interdit ? Est-ce que l’un des ses journalistes a été inquiété pour ses écrits ? Non, bien sûr, sinon on l’aurait su.

Ce qui vaut à la Tunisie la colère de notre consoeur, c’est «le délai d’attente» [de l’autorisation de mise en vente sur le marché] qui  «est passé à 2,5 jours en 2006 et à 2,1 jours en 2007. Avant de remonter à 2,2 jours en février 2008».

Cela est très grave en effet. On doit s’en inquiéter. Car passer ainsi d’un délai d’attente de 2,1 jour à 2,2 jour n’augure rien de bon. Cela veut dire que l’autorisation de mise en vente est délivrée à 9 heures au lieu de 8 heures. Mais comme on est au registre des calculs d’épicier, notre confrère aurait pu ajouter, pour être plus complet, que l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) se fait livrer, chaque semaine, plus de 2000 abonnements de  »Jeune Afrique » et que le chiffre d’affaires de publicité des entreprises publiques tunisiennes, réalisé grâce à la générosité de la même agence, dépasse annuellement 1 million de dinars (1). Mieux : ce traitement privilégié dont bénéficie  »Jeune Afrique’‘ dure depuis plus de 45 ans. On laissera aux lecteurs le soin de faire le calcul. Le plus «intéressant» dans cette affaire c’est que cela fait plus de 45 ans aussi que  »Jeune Afrique » se plaint de «la dégradation de la censure en Tunisie».

Cherchez l’erreur ou, plutôt, les dindons de la farce !

Imed Bahri – L’Expression (Hebdomadaire – Tunis), n° 22  le 14 mars 2008

1 – Ce chiffre est facile à calculer. Il suffit de dénombrer les pages de publicité des entreprises publiques tunisiennes publiées par le magazine pendant toute une année, surtout, dans les fameux suppléments consacrés à notre pays, et de les multiplier par 10 000 dinars, le prix de la page hors taxe, pour obtenir ce montant. Cette «aide» (ou plutôt cette manne), beaucoup de journaux locaux souhaiteraient en avoir ne fut-ce qu’une partie.

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