Gratifier Obama le tribun, d’un prix Nobel de la paix, non pour la reconnaissance de faits accomplis, mais en guise d‘encouragements, c’est aller bien vite en besogne ! Et c’est si cher payé surtout quand au bout du compte, personne n‘a eu vent de la poule aux œufs d‘or, clamée à coups de beaux discours.
Apparemment, le président n’était pas motivé outre mesure au cours de son premier mandat, pour prendre en charge le conflit israélo-palestinien, sinon pourquoi aurait-il cédé aussi vite face au premier obstacle : le gel de la poursuite des colonisations juives dans les territoires occupés, condition préalable pour une reprise des négociations de paix, n’ayant pas été obtenue, il a illico lâché l’affaire.
Et pourtant que ne nous a-t-il pas bassinés avec son slogan fétiche : ce fameux, yes we can, devenu lettres mortes sur le terrain ! Cette démission hâtive me fait penser à cette drôle d’histoire qui se raconte dans des chaumières libanaises : c’est un gaillard un brin paresseux qui, sous les injonctions de ses parents se rend, contre son gré, à la mosquée pour prier ; il y va traînant les pieds et devant les portes exceptionnellement closes, il exulte de joie : il ne pouvait espérer meilleure aubaine mais feignant quand même la grosse déception, il s‘en retourne bredouille chez les siens.
Le temps passant, la politique américaine se fait plus réservée ; elle perd de plus en plus de cette propension immodérée, qu’elle avait faite sienne, à exporter tous azimuts la démocratie ; surendettée, elle se fait de moins en moins interventionniste comme à l’ancienne mode extrêmement coûteuse de Bush, laisse les autres se mouiller à sa place, use de sanctions, d‘embargo, toujours taillés en fonction de la tête du client ! Et c’est dans ce contexte austère que Barak Obama, décide pour la première fois depuis son élection en 2009 de se rendre en Israël, avant de rencontrer Mahmoud Abbas dans les Territoires occupés. Il arrive pour l’occasion, les mains plutôt vides, sans plan particulier de paix ; il sera reçu aujourd’hui en fin de matinée par Shimon Peres et Benjamin Netanyahu.
Le conflit israélo-palestinien aurait perdu, dit-on, de sa centralité, s‘étant laissé phagocyter par les tensions avoisinantes qui font rage. Il y a aussi et surtout cet Iran, préoccupation majeure d‘Israël, qui focalise l’attention de tous. Toujours est-il que pour l’évènement, Netanyahu s’est au préalable démené afin d’arriver sans trop d’embûches au terme de la formation de son gouvernement de coalition dans lequel les tenants de la droite nationaliste ont malheureusement le vent en poupe. Les ministères clés étant entre les mains des expansionnistes qui n’ont pas très froid aux yeux, les lendemains politiques s’annoncent plutôt difficiles.
L’heure est donc cruciale : après les balivernes du discours du Caire, les fanfaronnades sur la capture de Ben Laden, la résistance à la reconnaissance de la Palestine à l’ONU, c’est le moment où jamais de se rattraper sur ce dossier. En ce second mandat qui met le président à l’abri de toute position inconfortable, avec pieds et poings liés, il lui est bien plus aisé d’œuvrer pour la paix : aider à sortir du statut-quo, à endiguer cette plaie qu’incarne cette colonisation rampante qui d’après le rapport sous la direction de Christine Chanet, commandé par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies est accablant ; l’implantation des colonies a été programmée sciemment par les gouvernements successifs de manière à rendre impossible toute création de deux Etats. Tout le monde le sait, certains dénoncent et en parler finit par agacer !
Malheureusement le président américain aurait confié à un télévision israélienne « que son objectif lors ce déplacement au Moyen-Orient est d’écouter ». On a l’habitude de nous annoncer à cor et à cri le coup d’envoi d’un processus de paix qui à peine lancé, finit systématiquement par échouer. Et si Obama qui a attendu tout ce temps pour se mettre à écouter, nous faisait la surprise, histoire de laisser une trace un peu plus reluisante sur ce conflit, de mettre à exécution le « yes we can« ? Il rendrait à la politique ses lettres de noblesse en ménageant avec dextérité la chèvre et le chou face au deal auquel il est confronté: donner d‘une main ce que l’on reprend de l‘autre…